Musée social

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Musée Social)
Musée social
Localisation
Pays
Commune
Adresse
Coordonnées
Localisation sur la carte du 7e arrondissement de Paris
voir sur la carte du 7e arrondissement de Paris
Localisation sur la carte de Paris
voir sur la carte de Paris

Le Musée social a été fondé en 1894, à Paris, no 5 rue Las-Cases, 7e arrondissement, sous la forme d'une fondation privée reconnue d'utilité publique. Le but était de conserver et exposer de façon permanente les documents du pavillon d’Économie sociale de l’exposition universelle de 1889[1] mise en place et animée par Frédéric Le Play avec comme secrétaire Émile Cheysson.

Création[modifier | modifier le code]

La création de cette fondation a été rendue possible par la rencontre notamment de Jules Siegfried, Léon Say et Émile Cheysson avec le Comte Aldebert de Chambrun, qui y consacra sa fortune.

Le Musée social fut dès le départ, malgré son appellation trompeuse, un véritable institut de recherche. Il s'organisait autour de services (industriel, agricole, mutualité…), d'une bibliothèque spécialisée ouverte à tous, de sections d'études et d'enquêtes (hygiène urbaine et rurale, assurances sociales, institutions patronales, institutions coopératives et ouvrières, agricole, etc.), et organisait des conférences publiques gratuites ainsi qu'un service de renseignement. Avant 1914, le Musée social fut surnommé « l'antichambre de la Chambre » en raison de son rôle dans la préparation de certaines lois sociales et aussi d'urbanisme. Un grand nombre d'associations ou de coopératives y eurent leur siège social ou y tinrent de nombreux congrès.

Le Musée social eut une influence majeure à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle dans l'évolution des idées et aussi dans la diffusion des expériences en matière sociale avec pour objectif la « Paix sociale » prônée par Frédéric Le Play comme alternative aux propositions révolutionnaires de l'époque.

Naissance de l'urbanisme[modifier | modifier le code]

Le Musée social joua aussi un rôle prépondérant dans la naissance de l'urbanisme et l'élaboration des premières lois d'urbanisme après la première guerre mondiale, les lois Cornudet de 1919[note 1] et 1924[2]. C'est aussi à partir du Musée social que fut introduit en France le modèle des Cités-jardins inventé et réalisé par Ebenezer Howard. Les membres du Musée social furent aussi à l'initiative de la création de la S.F.U. (société française des urbanistes) en 1911 et dont le premier siège social fut rue Las-Cases.

Habitat social[modifier | modifier le code]

Nous retrouvons au sein du Musée social dès son origine les acteurs majeurs du développement de l'habitat social et notamment du mouvement des HBM : Emile Cheysson, Jules Siegfried, Henri Sellier

Coopération[modifier | modifier le code]

Le Musée social a activement soutenu, dès sa fondation, le mouvement coopératif. Le comte de Chambrun finança plusieurs almanachs de la coopération, édités par Charles Gide et les coopératives de consommation françaises. En 1896, le Musée social finança et accueillit dans sa grande salle de réunion le 2e congrès de l'Alliance coopérative internationale. Plusieurs figures de la coopération française étaient membres du Musée social : Charles Gide, Achille Daudé-Bancel (secrétaire de la Fédération nationale des coopératives de consommation), Edmond Briat (secrétaire général de la Chambre consultative des associations ouvrières de production), Charles Robert, etc.

En 1964, les dirigeants des SCOP et de la FNCC participaient toujours au Conseil du Musée social, devenu CEDIAS-Musée social.

Mutualisme[modifier | modifier le code]

Le Musée social fut à l'origine de la création de la Fédération nationale de la mutualité française en 1902. Léopold Mabilleau, alors directeur du Musée social, fut ainsi le premier président de la Mutualité française, dont le siège social resta rue Las-Cases jusqu'au début des années 1920. La Caisse régionale du Crédit agricole d'Île-de-France y eut également son premier siège social. Dès 1896, se tint le deuxième congrès de l'Association coopérative internationale, financée par le Comte de Chambrun.

Le Studio franco-russe (1929-1931)[modifier | modifier le code]

« Le Studio franco-russe » est la dénomination sous laquelle sont organisés, durant deux saisons, de novembre 1929 à mai 1930, et de novembre 1930 à avril 1931, dans la grande salle du Musée social (300 places), des conférences et des séances de débats publics destinées à favoriser les contacts entre l'émigration russe et la communauté intellectuelle française. Parmi les orateurs et oratrices russes sont cités Nicolas Berdiaev, Gueorgui Adamovitch, Vladimir Weidlé, Nina Berberova, Georgij Fedotov, Boris Vycheslavtsev, parmi les conférenciers français René Lalou, Stanislas Fumet, Louis Martin-Chauffier, Benjamin Crémieux, Jacques Maritain. Les écrivains russes chassés de leur pays par la révolution ont ainsi pu se faire entendre par leur collègues français et établir des relations avec eux[3]. Les textes des conférences étaient publiés dans les Cahiers de la Quinzaine[4].

Ateneo ibéro-americano de Paris[modifier | modifier le code]

Fondé en 1957 et installé au siège du Musée social, l'Ateneo ibéro-americano de Paris est un cercle culturel lié à la diaspora espagnole en France. Il a aussi accueilli des exilés portugais et latino-américains[5].

Évolution[modifier | modifier le code]

En 1963, le Musée social a fusionné avec l'Office central des œuvres de bienfaisance (OCOB) pour donner naissance au CEDIAS-Musée social (Centre d'études, de documentation, d'information et d'action sociales), qui existe toujours. À côté de l'histoire sociale, l'activité actuelle de la fondation concerne l'action sociale contemporaine. Sa mission est la réflexion sur les actions sociales et les grands problèmes sociaux en favorisant les études, les échanges, l'information et la documentation. Sa bibliothèque conserve environ 100 000 volumes (monographies et périodiques) et constitue le lieu de mémoire de l'action sociale, de l'économie sociale et de l'histoire sociale. Le fonds ancien (de 1894 à 1964) de la bibliothèque est classé « Archives historiques » depuis 2008.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La loi Cornudet du 14 mars 1919 ordonnait aux villes de plus de 10 000 habitants d'établir dans les trois ans un projet d'aménagement, d'embellissement et d'extension. Ce plan, une fois déclaré d'utilité publique par le Conseil d'État, deviendrait la référence obligée pour tous les travaux publics et privés. La loi visait avant tout la reconstruction des villes détruites du Nord et de l'Est de la France.

Références[modifier | modifier le code]

  1. P. M. B. Group, « 120 ans au service de l'économie sociale », sur . (consulté le )
  2. La reconstruction de Reims après 1918, illustration de La naissance d'un urbanisme d'État, François-Xavier Tassel, thèse de doctorat, Université de Paris VIII, 1987.
  3. Leonid Livak, Gervaise Tassis, éds., Le Studio franco-russe, textes réunis et présentés par Leonid Livak. Sous la rédaction de Gervaise Tassis, Toronto, Toronto Slavic Library, 2005.
  4. Ralph Schor, Ecrire en exil : Les écrivains étrangers en France 1919-1939, CNRS éditions, Paris, 2013 (en ligne).
  5. Andrée Bachoud et Genevieve Dreyfus-Armand, « Des Espagnols aussi divers que nombreux, Paris 1945-1975 », in Antoine Marès et Pierre Milza : Le Paris des étrangers depuis 1945, Paris, éditions de la Sorbonne, 1995, p. 55-76.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Chambelland Colette (dir.), Le Musée social en son temps, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1998, 402 p.
  • Horne Janet, Le Musée social. Aux origines de l'État providence, préf. de P. Rosanvallon, Paris, Belin, 2004, 383 p.
  • Horne Janet R., A Social Laboratory for Modern France. The Musée social and the Rise of the Welfare State, Durham & London, Duke University Press, 2002, XIII-353p.
  • Magri Susanna, Les Laboratoires de la réforme de l’habitation populaire en France : de la Société française des habitations à bon marché à la Section d’hygiène urbaine et rurale du Musée social, 1889-1909, Paris, Ministère de l’équipement, du logement, des transports et du tourisme, 1995, 104 p.
  • Vacher Hélène, Projection coloniale et ville rationalisée : le rôle de l’espace colonial dans la constitution de l’urbanisme en France, Aalborg, Aalborg University Press, 1997, 422 p. (rééd. 2001).
  • Tassel François-Xavier, La reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, thèse de doctorat, Université de Paris VIII, 1987
  • Savoye Antoine, Cardoni Fabien, Frédéric Le Play, parcours, audience, héritage, École Des Mines De Paris, Paris,
  • Janet Horne, « Le Musée social à l'origine : les métamorphoses d'une idée », Le Mouvement social, Association Le Mouvement Social, no 171,‎ , p. 47-69 (JSTOR 3779538)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]