Moly-Sabata

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Moly-Sabata est une résidence d'artistes créée en 1927 par les époux Albert Gleizes et Juliette Roche. Située à Sablons (Isère), elle est aujourd'hui propriété de la fondation Albert Gleizes. Il s'agit de la plus ancienne résidence d'artistes de France en activité.

Historique[modifier | modifier le code]

La résidence Moly-Sabata à Sablons, au bord du Rhône.

D'abord relais de batelier, l'édifice fut ensuite un couvent. Puis il abrita en 1890 l'école Paul Bertois et Bertrand Charmes. Cette école catholique libre ferma en 1906, après la rupture entre l'Église et l'État en 1904.

En 1923, Albert Gleizes et Juliette Roche qui cherchent un atelier près de Serrières où ils résident sont attirés par Moly-Sabata, cette grande bâtisse au bord du Rhône qui se trouve dans la commune de Sablons juste en face sur l'autre rive du fleuve. Ce lieu leur rappelle curieusement leur engagement avec le mouvement d'artistes et d'écrivains dit de l'abbaye de Créteil, né en 1906. Au tout début du XXe siècle, avec ce mouvement initié principalement par le poète Charles Vildrac émerge l'idée de créer un phalanstère, sorte de compagnonnage fraternel qui aurait fait s'unir des artistes motivés par le même idéal : échapper à la « commercialisation de l'esprit et de la création artistique » en fondant un lieu de liberté et d’amitié, propice à la création, loin des modes et des conventions de leur époque.

Moly-Sabata a donc acquis sa notoriété à la suite de l'initiative des Gleizes qui, en le louant à partir d'octobre 1927 puis en l'achetant en 1938, décidèrent d'en faire un centre artistique[1]. Ils y accueillirent les artistes les plus divers, dans une sorte d'utopie communautaire, pour leur permettre d'exprimer leur art, mais aussi de partager leur vision.

De 1927 à 1951[modifier | modifier le code]

La vie à Moly-Sabata de 1927 à 1951 fut souvent comparée à une vie monastique, de renoncement au confort élémentaire. De 1927 à 1930, le lieu fut géré part le peintre sculpteur Robert Pouyaud, puis de 1930 à 1951 par la peintre australienne Anne Dangar qui y devient céramiste[2].

La résidence était alors représentative de la démarche même du couple Gleizes qui était de confondre progressivement l'art, la vie, et la foi en Dieu.

Les artistes de Moly partagent les convictions fortes de Gleizes exprimées dans ses ouvrages sur le cubisme et notamment la conviction d'une vérité absolue dans l'art, l'attrait de l'absolu dans sa simplicité dépouillée, qui explique notamment le retour aux techniques premières, et les fortes influences « primitives », la recherche de la perfection dans la technique, l'importance de l'« œuvre des mains » — savoir-faire intelligent des artisans et paysans — l'attrait de l'art populaire, à opposer à l'art de Salon, sophistiqué, raffiné (qui conduisait notamment ces artistes à refuser les expositions « mondaines »). la nécessité de transmettre les acquis, par l'enseignement oral ou l'écrit.

De 1951 à 1993[modifier | modifier le code]

Moly-Sabata fut endommagé par un incendie en . Cette communauté a retrouvé vie grâce à l'arrivée de Gilka Beclu-Geoffray au printemps 1990.

Elle reste active sous le patronage du ministère de la Culture et de la fondation Albert Gleizes[3].

De 1993 à aujourd'hui[modifier | modifier le code]

De 1993 à 2007, une convention tripartite unit la fondation Albert Gleizes à la région Rhône-Alpes et à la DRAC Rhône-Alpes pour l’organisation des séjours collectifs d’été. Un directeur artistique est alors invité à concevoir un programme de création et de recherche faisant appel à la participation d’artistes durant deux mois. Un mode de restitution vient clore le séjour par un catalogue et/ou une exposition.

En 2010, la fondation Albert Gleizes inaugure un programme permanent de résidences sous la direction de Pierre David, accueillant des artistes tout au long de l’année. Moly-Sabata est conçu comme un lieu de production inscrit au cœur d'un réseau régional de partenaires, bénéficiant du rayonnement national voire international de ses initiatives. Une exposition annuelle vient couronner la mission d'hospitalité de l'endroit. En 2016, 33 artistes sont passés par la résidence.

En 2017, Moly-Sabata fête ses 90 ans. Elle est la plus ancienne résidence d'artistes de France en activité.

Artistes ayant séjourné à Moly-Sabata[modifier | modifier le code]

Nom Période Activité
Robert Pouyaud 1927-1930 Peinture, sculpture
Mainie Jellett 1927-1932 Peinture
Georges Devereux 1928 Poésie
Georges Manevy 1929-1930 Écriture
Anne Dangar 1930-1951 Poterie
Estelle Creed 1930 Peinture
Serge Charchoune 1930 Peinture
Walter Firpo 1931 Peinture
César Geoffray 1931-1942 Composition musicale Créateur des chorales À Cœur Joie
Bilou le Caisne et Jacques Plasse 1931-1934 Tissage
Lucie Deveyle 1931-1956 Tissage
Michel Seuphor 1933
Jean-Claude et Yvette Libert 1952-1956 Peinture, poterie
Geneviève de Cissey 1956-1958 Poterie
Francine Bensa Gravure
Claude Famechon et Michel Carlin 1968-1980 Poterie
Aguilberte Dalban 1986-1987 Poterie
Gilka Beclu-Geoffray Danse
Jean-Bernard Chappe 1991-1992 Poterie
Daniel Firman 1998 Sculpture
Thomas Bayrle 1999 sur une invitation de Yannick Miloux
Stéphane Calais 1999 sur une invitation de Yannick Miloux
Pierre David 1999-
Andrea Blum 2000
Aurélien Froment 2002 sur une invitation de Régis Durand
Delphine Reist 2003 sur une invitation de Christian Bernard
Aurélie Pétrel 2011

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. moly-sabata.com.
  2. « Albert Gleizes / », sur www.fondationgleizes.fr (consulté le )
  3. Fondation créée à la suite des dispositions testamentaires de Juliette Roche-Gleizes le 23 mars 1984.

Annexes[modifier | modifier le code]

  • Vivre le cubisme à Moly-Sabata, Libel, , 160 p.

Liens[modifier | modifier le code]