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Mit brennender Sorge

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Mit brennender Sorge
Blason du pape Pie XI
Encyclique du pape Pie XI
Date 10 mars 1937
Sujet Le national-socialisme
Chronologie
Texte de l'encyclique Mit brennender Sorge, publié le par Ludwig Sebastian, évêque de Spire.

Mit brennender Sorge (traduit en français : Avec une brûlante inquiétude) est une encyclique du pape Pie XI, publiée le (mais portant la date du ). Frappé d'illégalité sous le régime nazi, son texte est distribué secrètement dans toutes les paroisses d'Allemagne et y est lu publiquement, le , dimanche des Rameaux[1],[2]. En raison de son caractère politique décisif, l'encyclique a été écrite exceptionnellement en allemand plutôt qu'en latin[1].

Dénonçant le non-respect du concordat du , elle contient également des critiques de l'idéologie nationale-socialiste, condamnant le racisme, le naturalisme, le non-primat des principes de grâce et de dignité humaine, la remise en question de la valeur de la vie humaine, le culte de l'État et du chef et le paganisme[1],[2]. Certains historiens lisent également dans quelques passages une critique d'Adolf Hitler lui-même[2].

Cette encyclique fait pendant à Divini Redemptoris, datée du , condamnant le communisme athée comme « intrinsèquement pervers »[1]. L'encyclique de Pie XI, Non abbiamo bisogno (1931), dénonçait déjà le fascisme[3],[4].

Le , après plusieurs années de négociations avec la république de Weimar, Pie XI signe avec le chancelier Hitler un concordat garantissant certains droits à l'Église catholique, en particulier en matière d'enseignement confessionnel[1]. Très vite cependant, les nazis ne respectent pas leurs engagements[1]. Lors de la nuit des Longs Couteaux, des dirigeants d'organisations catholiques sont tués[5]. Les persécutions démarrent ensuite. Le cardinal Pacelli, cardinal secrétaire d'État (futur pape Pie XII), adresse en vain, de 1933 à 1939, 45 notes de protestations au gouvernement allemand.

Cette persécution de l'Église allemande amène le cardinal Pacelli[6] à réunir Adolf Bertram, cardinal-archevêque de Breslau, président de la conférence épiscopale allemande, Karl Joseph Schulte, cardinal-archevêque de Cologne, et trois autres prélats (et futurs cardinaux) — Michael von Faulhaber[1], archevêque de Munich ; Clemens August von Galen, évêque de Münster ; ainsi que Konrad von Preysing, évêque de Berlin —, afin de préparer un texte dénonçant la pratique du nazisme. De cette réunion sort l'encyclique Mit brennender Sorge. Faulhaber est le rédacteur de la partie dogmatique présentant l'incompatibilité du nazisme et du catholicisme, le cardinal Pacelli de la partie diplomatique développant l'attitude à adopter en face du péril nazi. Celui-ci, futur pape Pie XII, devant le peu de soutien qu'il recevra des deux grands pays catholiques d'Europe, l'Italie mussolinienne et la France républicaine, rentrera à Rome découragé. Le pape Pie XI minute, contrôle et valide chaque terme de l'encyclique.

Hitler est déjà depuis 1933 sous le coup d'une excommunication latae sententiae pour son programme eugéniste négatif. Cela lui interdit de se présenter comme catholique (enfant, il avait été baptisé), mais non de traiter de questions administratives avec le clergé en tant que chef d'Etat.

L'encyclique

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Adressée aux évêques allemands, et exceptionnellement rédigée en allemand pour faciliter sa diffusion et être lue dans les églises de ce pays (les encycliques sont presque toujours rédigées en latin), l'encyclique traite de la « situation religieuse dans le Reich allemand »[1]. Elle déplore les violations du concordat du et condamne la divinisation de la race[1].

Selon l'historien Owen Chadwick[7], l'encyclique fut imprimée en Italie le , distribuée par courriers spéciaux aux évêques puis aux prêtres des paroisses qui la reçurent souvent le matin même du jour prévu pour sa lecture, le dimanche des Rameaux, le . Les choses furent organisées avec assez de secret et d'efficacité pour que la Gestapo n'ait pas connaissance de la diffusion de l'encyclique. Elle ne réussit à intercepter que quelques plis.

L’encyclique constate le non-respect par la partie allemande du concordat de 1933[Note 1] et les persécutions dont souffrent les catholiques allemands[Note 2], [Note 3].

Elle souligne :

  • le néo-paganisme imposé à l’Allemagne[Note 4],[Note 5] ;
  • le rejet imposé de l’Ancien Testament[Note 6] ;
  • le mythe du « Sang et de la Race » et le culte du chef[Note 7] ;
  • le primat du naturalisme et des caractéristiques génétiques sur le principe de grâce et de dignité humaine opéré par le régime nazi ;
  • le danger d’une Église nationale[Note 8] ;
  • le non-respect des droits[Note 9] ;
  • la propagande anti-chrétienne[Note 10].

L’encyclique enfin invite à la résistance[Note 11],[Note 12].

Dénonciation des vicissitudes subies par l'Église catholique allemande, l'encyclique est aussi perçue par la presse française de l'époque comme une critique du régime nazi. Le , Le Figaro titre « Le pape contre l'hitlérisme ». Le même jour, l'article de L'Humanité consacré à l'encyclique a un titre semblable : « Le pape s'élève contre l'hitlérisme »[8]. L'Écho de Paris du va dans le même sens. Pour Le Matin du , c'est une « sévère condamnation du racisme »[9]. Pour La Croix[10] et Le Populaire du , c'est « la doctrine nationale-socialiste qui est mise en cause »[2]. L'Humanité du titre : « Hitler déclare la guerre aux catholiques. La Gestapo a perquisitionné chez Mgr von Preysing, évêque de Berlin. Le Führer interdit aux SS de baptiser leurs enfants. »

En Allemagne, l'encyclique suscite une vive réaction du gouvernement nazi, qui s'estime attaqué[2]. Les exemplaires de l'encyclique sont saisis, les entreprises qui ont (secrètement) participé à son impression sont fermées et une partie de leur personnel est arrêté[2]. Le , Hanns Kerrl, ministre des Affaires religieuses, écrit aux évêques allemands que « l'encyclique contient de sérieuses attaques contre les intérêts de la nation allemande. Elle essaie de diminuer l'autorité du Reich, de nuire aux intérêts de l'Allemagne à l'étranger et avant tout met en danger la paix de la communauté par un appel direct aux catholiques »[2], [11]. L'Humanité évoque pour sa part « une encyclique dirigée contre l'hitlérisme et ses méthodes de coercition envers les catholiques allemands », relève la rédaction du journal Der Stürmer. ... Cet organe de la propagande nazie publie dès le un numéro spécial sur la menace que le judaïsme fait peser sur le christianisme, soutenant notamment que le Christ n'était pas juif, mais un des plus grands antisémites. L'Humanité voit dans cette parution une manœuvre grossière visant à détourner du régime les réactions catholiques à l'encyclique et de l'orienter vers les Juifs[8].

Conséquences

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À la suite de cette encyclique, les persécutions anti-catholiques se poursuivent en Allemagne. En , Hitler ordonne que les procès contre les congrégations religieuses reprennent[2]. L'activité de l'Église est soumise à des vexations et interdictions de plus en plus fortes. Des fidèles en subissent, personnellement, les conséquences. Des perquisitions sont opérées dans plusieurs évêchés et des documents comportant des informations confidentielles sur des fidèles sont saisis[12]. En , 82 établissements catholiques d'enseignements sont interdits d'activité[12].

En 1937, 1 100 prêtres et religieux sont jetés en prison. 304 prêtres sont ensuite déportés à Dachau en 1938. Enfin, les organisations catholiques sont dissoutes et l'école confessionnelle, interdite. Les évêchés de Munich, Fribourg et Rottenburg sont saccagés par la Gestapo[réf. nécessaire].

Plusieurs historiens relèvent la force du langage employé. Ainsi, pour Anthony Rhodes, l'encyclique contient l'une des dénonciations les plus virulentes contre un régime national jamais prononcée par le Vatican. Son langage vigoureux contre le nazisme contraste avec le ton habituellement employé dans la rédaction de ce type de documents.

Avec d'autres auteurs comme Thomas Bokenkotter ou John Vidmar, Rhodes souligne également des formules qui sont des critiques directes du Führer, « aspirant à la divinité », « se plaçant au même niveau que le Christ » ; « un prophète de néant »[13],[14],[15].

Les juifs sont évoqués dans l'encyclique à travers l'expression de « peuple choisi », mais sans allusion explicite à l'antisémitisme[Note 13]. Ainsi le Père Georges Passelecq[Note 14] et Bernard Suchecky[Note 15] estiment, dans leur livre L'encyclique cachée de Pie XI que l'encyclique fut finalement une « occasion manquée face à l'antisémitisme »[Note 16]. Jean-Marie Mayeur critique[16] cependant ce point de vue, rappelant que, si de fait l'antisémitisme n'est pas le sujet d'une réflexion spécifique au sein du racisme, il n'est pas ignoré pour autant : le « refus de l'antisémitisme est incontestable ». Il cite notamment le cardinal Schüster :

« Au nom de ce mythe du XXe siècle — l'allusion à Rosenberg est nette — on met au ban du territoire du Reich le descendant d'Abraham, mais en même temps, on combat l'unique religion révélée. »

— Dôme de Milan, .

Comme l'explique Jean-Marie Mayeur, dans l'encyclique, l'antisémitisme est bel et bien visé, à travers la condamnation du racisme (de même que la lettre de la Sacrée Congrégation des séminaires et des universités du )[16].

Notes et références

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  1. « Les expériences des dernières années mettent les responsabilités en pleine lumière : elles révèlent des intrigues qui dès le début ne visaient qu'à une guerre d'extermination. Dans les sillons où Nous Nous étions efforcé de semer le germe d'une paix sincère, d'autres répandirent — tel « l’inimicus homo » de la Sainte Écriture (Matth., XIII, 25) — l'ivraie de la méfiance, du mécontentement, de la haine, de la diffamation, d'une hostilité de principe, soit voilée soit ouverte, alimentée à mille sources et agissant par tous les moyens, contre le Christ et son Église. Eux, et eux seuls, avec leurs silencieux ou leurs bruyants complices, sont aujourd'hui responsables si, au lieu de l'arc-en-ciel de la paix, c'est l'orage des funestes luttes religieuses qui se montre à l'horizon de l'Allemagne. » (MBS 4).
  2. « En cette heure où votre foi est éprouvée, comme l'or, au feu de la tribulation et de la persécution, tant ouverte que cachée, à l'heure où votre liberté religieuse est victime d'un investissement organisé sous mille formes, à l'heure ou pèse lourdement sur vous le manque d'un enseignement fidèle à la vérité et de normales possibilités de défense, vous avez doublement droit à une parole de vérité et de spirituel réconfort de la part de celui dont le premier prédécesseur s'entendit adresser par le Sauveur cette parole si pleine : « J'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point, et toi, à ton tour, confirme tes frères. » (Luc, XXII, 32) » (MBS 6).
  3. « Dans vos contrées retentissent des voix, dont le chœur va sans cesse se renforçant, qui invitent à sortir de l'Église. Parmi les meneurs, il en est plus d'un qui, par leur position officielle, cherchent à faire naître l'impression que cette sortie de l'Église et l'infidélité qu'elle comporte envers le Christ-Roi constituent une preuve particulièrement convaincante et méritoire de la fidélité envers l'État d'aujourd'hui. Par des mesures de contrainte cachées ou apparentes, par l'intimidation, par la perspective de désavantages économiques, professionnels, civiques et autres, l'attachement des catholiques à leur foi, et en particulier la fidélité de certaines classes de fonctionnaires catholiques, est soumise à une pression aussi contraire au droit qu'à la dignité humaine. » (MBS,21).
  4. « Quiconque identifie, dans une confusion panthéiste, Dieu et l'univers, abaissant Dieu aux dimensions du monde ou élevant le monde à celles de Dieu, n'est pas de ceux qui croient en Dieu. Quiconque, suivant une prétendue conception des anciens Germains d'avant le Christ, met le sombre et impersonnel Destin à la place du Dieu personnel, nie par le fait la Sagesse et la Providence de Dieu, qui « fortement et suavement agit d'une extrémité du monde à l'autre » (Sagesse, VIII, 1) et conduit toutes choses à une bonne fin : celui-là ne peut pas prétendre à être mis au nombre de ceux qui croient en Dieu. Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l'État, ou la forme de l'État, ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la communauté humaine — toutes choses qui tiennent dans l'ordre terrestre une place nécessaire et honorable —, quiconque prend ces notions pour les retirer de cette échelle de valeurs, même religieuses, et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l'ordre des choses créé et ordonné par Dieu : celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d'une conception de la vie répondant à cette foi. » (MBS 7-8).
  5. « Seuls des esprits superficiels peuvent tomber dans l'erreur qui consiste à parler d'un Dieu national, d'une religion nationale ; seuls ils peuvent entreprendre la vaine tentative d'emprisonner Dieu, le Créateur de l'univers, le Roi et le Législateur de tous les peuples, devant la grandeur duquel les Nations sont « comme une goutte d'eau suspendue à un seau » (Is., XL, 15) dans les frontières d'un seul peuple, dans l'étroitesse de la communauté de sang d'une seule race. » (MBS,11).
  6. « Qui veut voir bannies de l'Église et de l'école l'histoire biblique et la sagesse des doctrines de l'Ancien Testament blasphème le Nom de Dieu, blasphème le plan de salut du Tout-Puissant, érige une pensée humaine étroite et limitée en juge des desseins divins sur l'histoire du monde. » (MBS,16).
  7. « Cette Révélation ne connaît pas de complément apporté de main d'homme, elle n'admet pas davantage d'être évincée et remplacée par d'arbitraires « révélations » que certains porte-parole du temps présent prétendent faire dériver de ce qu'ils appellent le Mythe du Sang et de la Race… Celui qui, dans une sacrilège méconnaissance des différences essentielles entre Dieu et la créature, entre l'Homme-Dieu et les enfants des hommes, ose dresser un mortel, fût-il le plus grand de tous les temps, aux côtés du Christ, bien plus, au-dessus de Lui ou contre Lui, celui-là mérite de s'entendre dire qu'il est un prophète de néant, auquel s'applique le mot effrayant de l'Écriture : « Celui qui habite dans les cieux se moque d'eux » (Ps. II, 4). » (MBS,17).
  8. « Si des hommes qui ne sont pas même unis dans la foi au Christ viennent vous présenter la séduisante image d'une Église nationale allemande, sachez que ce n'est autre chose qu'un reniement de l'unique Église du Christ, l'évidente trahison de cette mission d'évangélisation universelle à laquelle, seule, une Église mondiale peut suffire et s'adapter. L'histoire vécue par d'autres Églises nationales, leur engourdissement, la façon dont elles ont été enchaînées ou domestiquées par les pouvoirs terrestres prouvent la stérilité sans espoir à laquelle est voué avec une immanquable certitude tout sarment qui se sépare du cep vivant de l'Église. » (MBS,22).
  9. « Dans la vie nationale, il méconnaît, par l'amalgame qu'il fait des considérations de droit et d'utilité, le fait fondamental, que l'homme, en tant que personne, possède des droits qu'il tient de Dieu et qui doivent demeurer vis-à-vis de la collectivité hors de toute atteinte qui tendrait à les nier, à les abolir ou à les négliger. » (MBS,30).
  10. « Des milliers de voix font retentir aujourd'hui à vos oreilles un Évangile qui n'a pas été révélé par le Père des cieux. Des milliers de plumes écrivent au service d'un prétendu christianisme qui n'est pas le christianisme du Christ. La presse et la radio vous envahissent quotidiennement de productions hostiles à la foi et à l'Église, impudemment agressives envers tout ce qui doit vous être le plus vénérable et le plus sacré… Si l'État fonde une Jeunesse nationale, cette organisation obligatoire doit être ouverte à tous, et c'est alors — sans préjudice des droits des associations religieuses — pour les jeunes gens eux-mêmes et pour les parents qui en répondent devant Dieu, un droit incontestable et inaliénable d'exiger que cette organisation d'État soit purgée de toutes les manifestations d'un esprit ennemi du christianisme et de l'Église, manifestations qui, tout récemment encore et aujourd'hui même, mettent la conscience des parents chrétiens dans une insoluble alternative, puisqu'ils ne peuvent donner à l'État ce qu'il exige qu'en dérobant à Dieu ce qui est à Dieu. » (MBS 33).
  11. « Pour que les droits de la Majesté divine, le Nom et la parole de Dieu ne soient pas profanés (Tite, II, 5) ; pour mettre fin aux blasphèmes qui par la parole, la plume et l'image sont multipliés aujourd'hui comme le sable de la mer ; pour que, à côté de l'obstination et des provocations de ceux qui nient Dieu, qui méprisent Dieu, qui haïssent Dieu, ne se relâche jamais la prière réparatrice des fidèles, qui tel un encens, d'heure en heure, monte vers le Très-Haut et arrête sa main vengeresse. » (MBS,12).
  12. « C'est pour quiconque confesse le Christ un devoir de dégager nettement sa responsabilité, de libérer sa conscience de toute coopération à une telle machination et à une telle corruption. » (MBS,39).
  13. « En Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, est apparue la plénitude de la Révélation divine. « En beaucoup de manières et à diverses reprises Dieu a parlé à nos pères par les prophètes. Quand les temps furent accomplis, Il nous a parlé par son Fils » (Hebr., I, 1 sq.). Les livres sacrés de l'Ancien Testament sont entièrement Parole de Dieu et forment une partie substantielle de Sa Révélation. En harmonie avec le développement graduel de la Révélation plane sur eux une lumière encore voilée, celle des temps qui ont préparé le plein jour de la Rédemption. Comme il ne saurait en être autrement dans des livres historiques et didactiques, ils reflètent, dans plus d'un détail, l'humaine imperfection, la faiblesse et le péché. À côté d'innombrables traits de grandeur et de noblesse, ils nous décrivent aussi le peuple choisi, porteur de la Révélation et de la Promesse, s'égarant sans cesse loin de son Dieu pour se tourner vers le monde. Pour les yeux qui ne sont pas aveuglés par le préjugé ou par la passion resplendit cependant d'autant plus lumineusement, dans cette humaine prévarication, telle que l'histoire biblique nous la rapporte, la lumière divine du plan sauveur qui triomphe finalement de toutes les fautes et de tous les péchés. C'est précisément sur ce fond souvent obscur que ressort dans de plus frappantes perspectives la pédagogie de salut de l'Éternel, tour à tour avertissant, admonestant, frappant, relevant et béatifiant ses élus. Seuls l'aveuglement et l'orgueil peuvent fermer les yeux devant les trésors d'enseignement sauveur que recèle l'Ancien Testament. »

    — Mit Brennender Sorge, « La vraie foi au Christ »

    .
  14. Le Père Georges Passelecq est un bénédictin, ancien déporté, et vice-président de la commission nationale catholique belge pour les relations avec le monde juif.
  15. Bernard Suchecky est spécialiste du judaïsme.
  16. « Loin de condamner explicitement l'antisémitisme, ou même d'avoir une parole de compassion envers les juifs persécutés en Allemagne, près de deux ans après l'adoption des lois racistes de Nuremberg, ce passage rappelle au contraire l'infidélité du peuple choisi […] « s'égarant sans cesse loin de son Dieu », et « qui devait crucifier » le Christ. De ce point de vue, force est de constater que Mit brennender Sorge est en retrait par rapport au décret du Saint-Office [prononçant la dissolution de Amici Israel]. Et ce dans un contexte qui rendait une telle condamnation plus urgente qu'en 1928. » »

    — G. Passelecq et B. Suchecky, L'encyclique cachée de Pie XI, p. 153, cités par Menahem Macina, Les frères retrouvés, pp. 55-56

    .

Références

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  1. a b c d e f g h et i Théo, l'Encyclopédie catholique pour tous, éd. Mame, , p. 536.
  2. a b c d e f g et h Marc-André Charguéraud, Les papes, Hitler et la Shoah : 1932-1945, Genève, Labor et Fides, , 167 p. (ISBN 978-2-8309-1033-9, OCLC 237560335, lire en ligne), p. 53-58.
  3. (it) Pie XI, « Encyclique Non Abbiamo Bisogno », sur Vatican, .
  4. Jean-Vincent Bacquart et Bruno Lagrange, Histoire des Papes de Saint Pierre à Jean-Paul II, Éd. Tallandier.
  5. Erich Klausener, chef de l'Action catholique de Berlin, Adalbert Probst, chef de l'organisation sportive catholique, E. J. Jung, avocat, Fritz Gerlich, journaliste.
  6. Marc-André Charguéraud, Les Papes, Hitler et la Shoah, 1932-1945, éd. Labor et Fides, , p. 83-84.
  7. (en) Owen Chadwick, Britain and the Vatican during the Second World War, Cambridge Cambridgeshire New York, Cambridge University Press, coll. « The Ford lectures », , 332 p. (ISBN 978-0-521-32242-3 et 978-0-521-36825-4, OCLC 728456777), p. 20.
  8. a et b « Le pape s'élève contre l'hitlérisme », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  9. « Une encyclique du pape contre la violation du concordat dans le IIIe Reich », Le Matin,‎ (lire en ligne).
  10. « Après la publication de l'Encyclique contre le nazisme », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Ernst Christian Helmreich, The German churches under Hitler : background, struggle, and epilogue, Détroit, Wayne State University Press, , 616 p. (ISBN 978-0-8143-1603-0, OCLC 776128663), p. 280.
  12. a et b Pierre Blet, Pie XII et la seconde guerre mondiale, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 336 p. (ISBN 978-2-262-02362-1), « Le pape et l'Église d'Allemagne ».
  13. (en) Anthony Rhodes, The Vatican in the Age of the Dictators (1922-1945), Holt, Rinehart and Winston, , p. 205.
  14. (en) Thomas Bokenkotter, A Concise History of the Catholic Church, Doubleday, , p. 392.
  15. (en) John Vidmar, The Catholic Church Through the Ages, Paulist Press, , p. 327.
  16. a et b Jean-Marie Mayeur, Georges Passelecq et Bernard Suchecky, « L'Encyclique cachée de Pie XI : une occasion manquée de l'Église face à l'antisémitisme », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 52, no 1,‎ , p. 148-150 (lire en ligne). Les références des deux auteurs Georges Passelecq et Bernard Suchecky proviennent de l'article.

Articles connexes

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Liens externes

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