Manfred von Killinger

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Manfred von Killinger
Manfred Freiherr von Killinger en juillet 1940.
Fonctions
Ambassadeur du Reich allemand (d)
-
Député du Reichstag
Député au Reichstag sous la république de Weimar
Titre de noblesse
Baron
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
BucarestVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Manfred Freiherr von KillingerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Parti politique
Membre de
Conflit

Le baron Manfred von Killinger, né le au manoir de Lindigt et mort le à Săftica près de Bucarest, est un militaire, un diplomate et un homme politique allemand.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille aristocratique originaire du Bade-Wurtemberg, il fait des études secondaires à Meissen et Freiberg. Il entre comme cadet à l'académie militaire de Dresde puis dans les forces navales de l'Empire allemand. Pendant la Première Guerre mondiale il commande une unité navale de torpilleurs « Torpedo V3 » puis prend part à la bataille du Jutland. Après guerre, il intègre les Freikorps et rejoint la brigade Ehrhardt à la tête d'une unité commando d'infiltration. En 1920, il soutient le putsch de Kapp et milite dans divers mouvements nationalistes radicaux comme le Germanenorden, le Wikingbund et l'organisation Consul. Accusé d'être impliqué dans l'assassinat en de Matthias Erzberger (signataire de l'armistice de 1918), il est en 1925 acquitté par la cour d'Offenbourg[1]. En 1927, il adhère au parti nazi. Il est élu en 1928 au parlement de Saxe (de) et en 1932 au Reichstag. Il devient un des chefs de la SA en Saxe, Thuringe et Saxe-Anhalt.

En , il est nommé Reichskommissar de Saxe par le ministre de l'intérieur Wilhelm Frick et le il en devient le Ministerpräsident et ministre de l'intérieur. Il interdit dans le Land tous les groupes paramilitaires non affiliés au parti nazi. Sous son autorité, une violente répression est menée contre les communistes et les Juifs. Après la Nuit des Longs Couteaux, il est démis de plusieurs de ses fonctions territoriales et en il est remplacé par Martin Mutschmann à la tête du Land de Saxe. Il devient membre pendant un temps du Volksgerichtshof (tribunal du Peuple) .

En 1936, il commence une carrière diplomatique et est nommé premier consul général d'Allemagne à San Francisco jusqu'en 1939. En , il est nommé ambassadeur en République slovaque à Bratislava avec la mission d'installer un réseau de « conseillers allemands » dont le Judenberater (« conseiller-expert pour les affaires juives ») Dieter Wisliceny[2]. Il est nommé en décembre 1940 ambassadeur à Bucarest où il succède à Wilhelm Fabricius (de), et devient le véritable maître de la Roumanie, alors devenue un État satellite du Troisième Reich. Avec son adjoint le Judenberater Gustav Richter, il presse les autorités roumaines d'accélérer l'anéantissement des Juifs. Les Roumains, surtout après Stalingrad, rechignent, et laissent même l'écrivain et poète Tudor Arghezi publier des pamphlets contre lui en 1943.

La situation se dégrade encore plus pour lui à partir de , alors que l'Armée rouge est aux portes du pays, dont les autorités chancellent. En , il est remplacé par Carl-August Clodius dont il devient un conseiller. Le , les Roumains rejoignent les Alliés et déclarent la guerre au Reich : Von Killinger fait irruption au palais royal pour tenter d'enrayer le processus. Le roi Michel Ier et son nouveau Premier ministre Constantin Sănătescu ne cèdent pas aux menaces et lui « conseillent vivement »[3] de « retirer les troupes allemandes du pays pour leur éviter d'être attaquées par l'armée roumaine »[4]. Von Killinger se dirige alors en compagnie de sa secrétaire vers une villa discrète et isolée à Săftica près de Bucarest. Il y est rejoint par le colonel Eugen Cristescu et le général Constantin Tobescu qui réitèrent la proposition du gouvernement roumain d'un départ sans combat de l'armée allemande avant que l'Armée rouge n'arrive. Von Killinger refuse, d'autant qu'il n'avait pas autorité sur le commandant allemand, Johannes Frießner. Cristescu et Tobescu signifient à Von Killinger qu'il est prisonnier assigné à résidence et y laissent des gardes. Apprenant que l'URSS, nouvelle puissance tutélaire de la Roumanie, exigeait de Bucarest que lui soient livrés tous les prisonniers allemands faits par les Roumains, Von Killinger se suicide le [5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon Gilles Ferragu dans Histoire du terrorisme éd. Perrin 2014, Manfred von Killinger aurait donné l'ordre à Heinrich Tillesen et Heinrich Schulz d'assassiner Matthias Erzberger le 26 août 1921 en Forêt-Noire
  2. Christopher Browning et Jürgen Matthäus (trad. Jacqueline Carnaud et Bernard Frumer), Les origines de la Solution finale : l'évolution de la politique antijuive des nazis, septembre 1939-mars 1942 [« The origins of the Final Solution : the evolution of Nazi Jewish policy »], Paris, Les Belles Lettres, coll. « Points / Histoire » (no 416), , 1023 p. (ISBN 978-2-251-38086-5 et 978-2-757-80970-9, OCLC 437049787), p. 430.
  3. L'expression « conseiller vivement » (mit Nachdruck beraten) avait été employée en 1940 par l'ambassadeur allemand Wilhelm Fabricius (prédécesseur de von Killinger) pour décider le roi Carol II à se soumettre à l'ultimatum soviétique en cédant la Bessarabie et la Bucovine du Nord à l'URSS, alors liée au Reich par le pacte Hitler-Staline.
  4. Mark Axworthy, Third Axis Fourth Ally : Romanian Armed Forces in the European War, 1941-1945, Arms & Armour 1995, (ISBN 9781854092670), p. 179
  5. Johannes Frießner : Verratene Schlachten, die Tragödie der deutschen Wehrmacht in Rumänien (« Batailles trahies, la tragédie de la Wehrmacht en Roumanie »), éd. Holsten-Verlag, Leinen 1956.

Liens externes[modifier | modifier le code]