Maîtrise (psychologie)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La maîtrise (souvent désignée par l’anglicisme contrôle) est une notion centrale en psychologie. Elle englobe la capacité d’un individu à être maître de lui-même et à exercer une influence sur les autres, sur son environnement ou sur des circonstances spécifiques. Cette capacité de maîtrise revêt une importance cruciale dans de nombreux aspects de la vie quotidienne. Elle influence notre bien-être, nos relations, notre motivation et notre adaptation aux défis de la vie. Cette notion est étudiée sous divers aspects.

Le besoin de maîtrise[modifier | modifier le code]

Le besoin de maîtrise est profondément ancré dans la nature humaine. En tant qu’êtres autonomes, nous ressentons le besoin intrinsèque d’avoir la main sur notre vie et sur notre environnement. Ce besoin se manifeste dans notre quête de maîtrise de nos pensées, de nos émotions, de nos actions et de nos expériences. La maîtrise nous donne un sentiment d’efficacité et de compétence, ce qui contribue à notre bien-être psychologique et à notre satisfaction globale. Le besoin de maîtrise varie d'une personne à l'autre en fonction de son histoire, de ses expériences et de ses problématiques individuelles. Dans le contexte de la séduction, où les enjeux liés à l'image de soi, à la satisfaction des désirs et à la construction de sa vie sont importants, il est courant de constater un niveau élevé de maîtrise recherché par les individus. D’une manière générale, la quête de maîtrise peut devenir excessive et obsessionnelle. Un équilibre entre l’assouvissement du besoin de maîtrise et l’acceptation de l’incertitude permet de cultiver des relations saines et épanouissantes.

La maîtrise réelle et perçue[modifier | modifier le code]

La maîtrise peut être envisagée sous deux formes distinctes : la maîtrise réelle et la maîtrise perçue. La maîtrise réelle se réfère à la mesure réelle dans laquelle une personne est maître des événements de sa vie. Cela implique la possession de compétences, de ressources et d’occasions concrètes pour influencer son environnement. En revanche, la maîtrise perçue se réfère à la perception qu’une personne a de son propre pouvoir sur les événements. Il est possible que cette perception diffère de la réalité objective, car elle est influencée par des facteurs tels que les croyances, les attentes et les expériences antérieures[1].

L’illusion de maîtrise[modifier | modifier le code]

Parfois, nous pouvons être victimes d’une surévaluation de notre capacité à maîtriser les événements ou une situation donnée. Cette illusion peut être motivante, car elle nous donne un sentiment de confiance et de motivation. Cependant, elle peut également nous conduire à prendre des décisions irrationnelles ou à sous-estimer les facteurs externes qui influencent les résultats. Reconnaître et évaluer de manière réaliste notre niveau de maîtrise est essentiel pour prendre des décisions éclairées et éviter les pièges de l’illusion de maîtrise[2].

Le lieu de maîtrise[modifier | modifier le code]

Le lieu de maîtrise fait référence au degré auquel on accepte la responsabilité de ce qui nous arrive et auquel on se sent capable d’être le maître de notre vie. Plus ce lieu est interne, plus on se sent responsable de nos actions et de leurs conséquences, tandis que plus il est externe, plus on a l’impression de subir notre vie. Le lieu de maîtrise peut influencer notre motivation, notre persévérance et notre façon de faire face aux défis. Il existe un continuum entre ces deux orientations, et prendre conscience de notre degré d’internalité peut nous aider à adopter une approche proactive dans la vie[3].

La maîtrise de soi et l’inhibition[modifier | modifier le code]

La maîtrise de soi implique la capacité à gouverner ses propres pensées, émotions, impulsions et comportements, à se dominer[4]. Cela comprend des compétences telles que la résistance aux tentations, la gestion du stress, la poursuite d’objectifs à long terme et la prise de décisions réfléchies. Une composante clé de la maîtrise de soi est l’inhibition, c’est-à-dire la capacité d’inhiber des réponses automatiques au profit de comportements plus appropriés ou souhaités. Cette faculté, mise en évidence par Olivier Houdé, professeur de psychologie à l’université Paris-Descartes et directeur du laboratoire LaPsyDÉ, au CNRS, nous permet de gérer nos impulsions, de dépasser les situations conflictuelles et de maintenir notre concentration sur les objectifs à long terme[5].

La maîtrise de l’environnement[modifier | modifier le code]

La maîtrise de l’environnement se réfère à notre capacité à influencer notre environnement physique et social pour répondre à nos besoins et atteindre nos objectifs. Cela peut inclure des actions telles que la recherche d’informations, l’établissement de relations positives, la sélection d’environnements favorables et la prise de décisions qui favorisent notre bien-être et notre satisfaction. La maîtrise de l’environnement est essentielle pour créer des conditions propices à notre épanouissement personnel et à notre réussite.

L’approche triptyque d’Averill et l’attribution causale[modifier | modifier le code]

Dans l’approche triptyque du professeur américain de psychologie James Averill, la maîtrise est considérée comme l’une des trois dimensions fondamentales de l’émotion, aux côtés de l’autonomie et de l’affiliation. Selon cette perspective, la maîtrise fait référence à la perception de maîtrise sur les événements et les circonstances de la vie. De plus, dans le cadre de l’attribution causale, la maîtrise est liée à la façon dont nous expliquons les résultats et les événements qui se produisent. Les attributions de maîtrise peuvent influencer notre motivation, notre estime de soi et notre bien-être émotionnel[6].

La maîtrise cognitive[modifier | modifier le code]

La maîtrise cognitive (la régulation cognitive ou les fonctions exécutives) concerne notre capacité à dominer nos pensées, nos processus cognitifs et notre comportement. Elle implique la sélection active des pensées et des actions qui sont alignées sur nos objectifs et nos valeurs. La maîtrise cognitive nous permet d’orienter notre attention, de gérer les distractions, de résoudre les problèmes et de prendre des décisions éclairées. Elle joue un rôle central dans notre capacité à gouverner nos émotions, à maintenir notre concentration et à naviguer efficacement dans notre environnement[7].

La maîtrise sociale[modifier | modifier le code]

La maîtrise sociale se réfère à notre capacité à interagir avec notre environnement social de manière efficace et adaptative. Cela comprend la gestion des relations interpersonnelles, la communication efficace, la capacité à influencer les autres et à négocier des situations sociales. La maîtrise sociale nous permet d’établir des liens solides, de gérer les conflits, de développer des compétences sociales et d’obtenir des résultats positifs dans nos interactions avec autrui[8].

La maîtrise de l’ego[modifier | modifier le code]

La maîtrise de l’ego concerne nos efforts pour être maîtres de nos pensées, de nos émotions, de nos impulsions et de nos performances cognitives. Elle implique la maîtrise de soi, la gestion de nos désirs et la suppression de comportements indésirables. La maîtrise de l’ego est essentielle pour maintenir un équilibre entre nos besoins personnels et les attentes sociales, ainsi que pour éviter les comportements impulsifs ou destructeurs.

La maîtrise volontaire[modifier | modifier le code]

La maîtrise volontaire fait référence à notre capacité à réguler la quantité d’effort que nous investissons dans la réalisation d’un objectif. Elle implique la persévérance, la détermination et la discipline pour poursuivre nos objectifs malgré les obstacles ou les difficultés rencontrées. La maîtrise volontaire nous permet de maintenir notre motivation, de surmonter la procrastination et de prendre des mesures actives pour atteindre nos aspirations[9].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Kenneth A. Wallston, Barbara Strudler Wallston, Shelton Smith et Carolyn J. Dobbins, « Perceived control and health », Current Psychology, vol. 6, no 1,‎ , p. 5–25 (ISSN 1936-4733, DOI 10.1007/BF02686633, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Suzanne C. Thompson, « Illusions of Control: How We Overestimate Our Personal Influence », Current Directions in Psychological Science, vol. 8, no 6,‎ , p. 187–190 (ISSN 0963-7214 et 1467-8721, DOI 10.1111/1467-8721.00044, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Julian B. Rotter, « Generalized expectancies for internal versus external control of reinforcement. », Psychological Monographs: General and Applied, vol. 80, no 1,‎ , p. 1–28 (ISSN 0096-9753, DOI 10.1037/h0092976, lire en ligne, consulté le )
  4. Matt DeLisi, « The Nurture Versus Biosocial Debate in Criminology: On the Origins of Criminal Behavior and Criminality », dans The Nurture Versus Biosocial Debate in Criminology: On the Origins of Criminal Behavior and Criminality, SAGE Publications Ltd, (lire en ligne), p. 172–183
  5. « Quand le cerveau inhibe positivement le cerveau », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Pour une théorie générale du contrôle : l’approche triptyque d’Averill (1973) », sur 123dok.net (consulté le )
  7. (en) Raymond C.K. Chan, David Shum, Timothea Toulopoulou, Eric Y.H. Chen, « Assessment of executive functions: Review of instruments and identification of critical issues », sur Oxford Academic,
  8. (en) Robbins, Oh, Le and Button, Journal of Applied Psychology, vol. 94 : Intervention Effects on College Performance and Retention as Mediated by Motivational, Emotional, and Social Control Factors: Integrated Meta-Analytic Path Analysis. (no 5), (ISSN 1163-1184[à vérifier : ISSN invalide])
  9. (en) « Temperament: Effortful control (self-regulation) | Encyclopedia on Early Childhood Development », sur www.child-encyclopedia.com, (consulté le )