Aller au contenu

Le Balai citoyen

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 28 janvier 2020 à 07:50 et modifiée en dernier par JackBot (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Le Balai citoyen[1] est un mouvement issu de la société civile du Burkina Faso, qui a notamment pris part à l'opposition au président Blaise Compaoré. Il a été co-fondé durant l'été 2013 par deux artistes militants, le musicien de reggae et animateur radio Sams’K Le Jah, et le rappeur et acteur Serge Bambara - plus connu sous le nom de scène « Smockey »[2],[3]. Ils ont organisé différentes actions de protestation durant l'année 2014, dont la tenue d'un meeting conjoint avec une trentaine de partis d'opposition, qui rassemble le 31 mai 2014 plus de 35 000 personnes au stade du 4-Août de Ouagadougou[4],[5].

Contexte

Le mouvement s'inscrit dans la mouvance sankariste, et se réclame de l'héritage et des idéaux du capitaine Thomas Sankara, révolutionnaire marxiste-léniniste, anti-colonialiste et figure du Mouvement des non-alignés, qui a dirigé le pays entre 1983 et son assassinat, le 15 octobre 1987, à la suite d'un putsch orchestré par son successeur et ancien frère d'arme Blaise Compaoré. Sams’K Le Jah, co-fondateur du Balai citoyen, a été membre des Pionniers de la Révolution, le mouvement de jeunesse de la « Révolution démocratique et populaire » de Sankara[6].

Le mouvement a été nommé Balai citoyen pour faire écho à la volonté de nettoyer le pays de la corruption politique, et en mémoire des activités collectives régulières de balayage des rues — initiées par Thomas Sankara — durant lesquelles les citoyen(ne)s étaient appelé(e)s à se munir de leurs balais et à nettoyer leur voisinage, dans un acte ayant une dimension civique mais également symbolique, comme métaphore de la prise en main par la population de son propre destin. Les militant(e)s du mouvement brandissent des balais durant leurs actions de protestation en hommage à ces références[7],[6],[8].

Historique

En octobre 2014, lors de la deuxième révolution burkinabé, le Balai citoyen est en première ligne des mouvements de protestation et se fait remarquer par la présence de ses militant(e)s dans les rues[9]. Le président Compaoré est contraint par la pression populaire d'abandonner le pouvoir et fuit le pays le 31 octobre, après 27 ans de règne. La présidence est alors occupée par les militaires, qui nomment l'officier pro-opposition Yacouba Isaac Zida chef de l'État par transition du pays. Le Balai citoyen lance une opération symbolique de balayage des rues de Ouagadougou après le départ de Compaoré[10] et accorde son soutien à la transition menée par Zida[11]. Cependant, ses leaders appellent à rester « vigilant et en alerte maximale, pour ne laisser personne voler la victoire du peuple souverain »[3].

Les locaux d’enregistrement de Serge Bambara « Smockey » ont été détruits une première fois en septembre 2015, par des partisans de l’ex-président. Puis ils brûlent à nouveau en 2016. Répondant aux questions d’un journaliste en été 2016, Serge Bambara affirme que le mouvement est actif dans les quartiers (« Club Cibal »), mène des actions de nettoyage ou de reboisement, et a même organisé une action de don de sang au niveau national. Il affirme que le mouvement ne peut pas devenir un parti politique, mais qu’il contribue à la formation de la jeunesse[12].

Récompense

Le mouvement burkinabé a reçu, le 4 mai 2016, le prix Ambassadeur de la conscience, décerné par Amnesty International à des personnalités (civile ou morale) ayant défendu et amélioré la cause des droits humains et fondamentaux — la récompense est partagée avec les Sénégalais d’Y en a marre, le mouvement congolais Lutte pour le changement (Lucha) et la chanteuse béninoise Angélique Kidjo[13].

Références

  1. Maggie Trowe, « Burkina Faso: Protests depose hated president », The Militant, États-Unis,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Rosa Moussaoui, « Sams’K Le Jah «Les héritiers de Sankara ont grandi, il faut désormais compter avec eux» », L'Humanité, Paris,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Robert Mackey, « Street-Level Views of the Protests in Burkina Faso », The New York Times, New York,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Burkina Faso : meeting de l'opposition dans le plus grand stade de Ouagadougou - JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, https://plus.google.com/u/0/+jeuneafrique/posts (consulté le )
  5. Ryan Cummings, « Burkina Faso and the Harnessing of a Revolution », sur www.theglobalobservatory.org, International Peace Institute, (consulté le )
  6. a et b Alex Duval Smith, « 'Africa's Che Guevara': Thomas Sankara's legacy », British Broadcasting Corporation, Londres,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « With Brooms and Spatulas, a President for Life is Ousted », Inter Press Service, Rome,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Daniel K. Kalinaki, « Burkina Faso: End of the ‘error’ of Africa’s strongman rule? », The EastAfrican, Kenya,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. David Lewis, « 'One game too far': the downfall of Burkina Faso's president », Reuters, Londres,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Après avoir chassé le Président, le « balai citoyen » du Burkina nettoie les rues de Ouagadougou », Rue89, Paris,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Lt. Colonel Isaac Yacouba Zida Declares Himself As New Leader of Burkina Faso », The Accra Report, Accra,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Christophe Koessler, « « Rien n'a été fait au Burkina » », Le Courrier,‎ 2016 issn= (lire en ligne).
  13. « «A la Lucha, nous n’avons pas peur d’aller en prison », sur www.lemonde.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes