Jouggar

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Jouggar
Jouggar
Ruine du fortin byzantin défendant le captage de la source.
Administration
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Zaghouan
Délégation(s) El Fahs
Code postal 1140
Géographie
Coordonnées 36° 06′ 28″ nord, 9° 40′ 00″ est
Altitude 350 m
Localisation
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Jouggar
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Jouggar

Jouggar, aussi orthographié Jougar (arabe : جوقار), est un village situé dans la délégation d'El Fahs du gouvernorat de Zaghouan, au centre de la Tunisie, au sud-est de la ville d'El Fahs.

Localisé à 350 mètres d'altitude, il est situé à proximité de la source du même nom, Aïn Jouggar, qui collecte les eaux des massifs environnants.

Historique[modifier | modifier le code]

La source et la localisation du village à quinze kilomètres au sud de Thuburbo Majus et à 90 kilomètres de Carthage, dans ce qui s'appelle originellement Civitas Zuccharitana[1], prennent une importance stratégique à l'époque romaine en tant qu'extrémité de captage de l'une des branches de l'aqueduc alimentant en eaux les citernes de La Malga à Carthage. L'aqueduc est composé de deux branches : la plus longue, en provenance de Jouggar, rejoint après 33,63 kilomètres l'autre branche en provenance de Zaghouan, dans la localité de Mograne[2] (banlieue de Zaghouan), pour un total de plus de 132 kilomètres[1].

Le nymphée romain pour le captage des eaux et l'ouvrage de franchissement de l'oued Gouissane (au Nord-Ouest du village) sont toujours visibles et leur parties souterraines font l'objet d'études archéologiques par cartographie numérique à partir de 2018[3].

À l'époque byzantine, une forteresse, dont les restes demeurent visibles de nos jours[4],[1], est construite pour protéger le captage des eaux.

Équipements[modifier | modifier le code]

Jouggar est connu pour son Centre sectoriel de formation professionnelle agricole spécialisé en machinisme agricole[5]. Le bâtiment historique du centre de formation professionnelle est l'ancien pénitencier d'époque coloniale française[6], celui-là même où la mort par le typhus des collègues de Charles Nicolle conduit celui-ci à se consacrer à la recherche pour combattre cette maladie[7].

Le village est par ailleurs équipé en 2004 d'une station d'épuration biologique à base de plantes aquatiques (roseaux, papyrus, iris...), installation pionnière grâce au Centre international des technologies de l'environnement de Tunis et qui sert de modèle pour d'autres projets[8].

Culture[modifier | modifier le code]

Le nom du village est cité par Charles Nicolle en 1928 à Oslo, dans son discours d'acceptation du Prix Nobel de médicine (avec l'orthographe Djouggar), comme sa première interaction personnelle et émotionnelle avec le typhus : Nicolle malade laisse son collègue se rendre au village avec un assistant pour enquêter sur l'épidémie qui fait rage dans le pénitencier. Le collègue et son aide en meurent et le futur prix Nobel est marqué par l'urgence de chercher comment combattre la maladie, jusqu'à sa découverte du rôle de vecteur que joue le pou de corps pour transmettre le typhus qui est récompensée par l'attribution du prix Nobel[7].

Jouggar est le nom d'un morceau de musique composé en 2022 par Wael Jeghan dit Ghoula, qui utilise dans ses sons électro-pop des voix de femmes du village[9].

Le feuilleton Ragouj du réalisateur Abdelhamid Bouchnak, diffusé durant le ramadan 2024 sur Nessma, est tourné dans la localité, le nom de la série étant celui du village lu à l'envers[10],[11].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Samir Aounallah et Hamden Ben Romdhane, « L'Empereur et « l'evergétisme » de l'eau en Afrique romaine : l'exemple des aqueducs de Carthage et des thermes dits d'Antonin », Chroniques d'archéologie maghrébine, no 1,‎ , p. 184 et 190 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Zaher Kammoun, « Zaghouan et ses environs », sur zaherkammoun.com, (consulté le ).
  3. « Activités scientifiques », sur inp2020.tn, (consulté le ).
  4. (it) « Sito Archeologico di Jouggar – Tunisia », sur acas3d.com (consulté le ).
  5. « Centre sectoriel de formation professionnelle agricole en machinisme agricole de Jouggar », sur avfa.agrinet.tn (consulté le ).
  6. H. Camus et B. Abidi, Homogénéisation et extension des données pluviométriques de la Tunisie du Nord, vol. 18 : Secteur du Pont du Fahs, Marseille/Tunis, Office de la recherche scientifique et technique outre-mer/Direction générale des ressources en eau, , 120 p. (lire en ligne), p. 58.
  7. a et b (en) « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1928 », sur nobelprize.org (consulté le ).
  8. « Jougar, un modèle à suivre Zaghouan », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Ghoula, the Tunisian "ogre", unveils the first single of his 2nd album », sur pan-african-music.com, (consulté le ).
  10. « Deux feuilletons de ramadan : Ragouj et Bab Errezq », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  11. Neila Gharbi, « Feuilletons tunisiens du Ramadan 2024 : beaucoup d'ambitions et peu de moyens », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).