Aller au contenu

Josef Kramer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Joseph Kramer)

Josef Kramer
Josef Kramer
Josef Kramer en 1945.

Surnom La « Bête de Belsen »
Naissance
Munich, Royaume de Bavière
Décès (à 39 ans)
Hamelin, Allemagne
Origine Allemagne
Grade SS-Hauptsturmführer[a]
Années de service 19321945
Commandement Camps de concentration du Struthof et de Bergen-Belsen
Conflits Seconde Guerre mondiale

Josef Kramer (, Munich, Hamelin) était un SS-Hauptsturmführer[a], commandant dans plusieurs camps de concentration. Il a aussi commandé une partie du camp d’extermination d’Auschwitz. Surnommé la « Bête de Belsen » par les déportés, il compte parmi les criminels nazis dont la cruauté et le sadisme sont les plus célèbres.

Il a dirigé le camp de concentration de Natzweiler-Struthof d’ à , puis celui de Bergen-Belsen du au , moment de la libération du camp par les Britanniques. La même année, il a été reconnu coupable de crimes de guerre, directement responsable de la mort de milliers de déportés essentiellement juifs, et pendu à la prison de Hamelin.

Fils unique, Josef Kramer naît en 1906 dans une famille de la classe moyenne munichoise. Il reçoit de ses parents une éducation « catholique stricte »[1]. En 1915, la famille déménage et s'installe dans la ville bavaroise d'Augsbourg.

Une carrière dans la Schutzstaffel

[modifier | modifier le code]

Il rejoint le parti nazi le [2], s'engageant dans la Schutzstaffel (SS) en 1932. Il travaille comme surveillant dans des prisons allemandes, puis dans les camps de concentration.

En 1934, il est affecté comme simple garde dans le camp de concentration de Dachau mais bien noté, il gravit rapidement les échelons pour finalement obtenir un poste important au sein des camps de concentration de Sachsenhausen puis de Mauthausen. En 1940, il devient l'assistant de Rudolf Höss alors commandant de camp d'Auschwitz. En avril 1941, il est nommé Schutzhaftlagerführer du KL Natzweiler qui va ouvrir ses portes en Alsace. Il assure le commandant du camp par intérim de février à avril 1942. Il est promu SS-Hauptsturmführer[a] en juin 1942. En octobre, il prend le commandement de Natzweiler.

En , il est muté en Pologne où il prend le commandement de Birkenau. Il y organise l'extermination des Juifs de Hongrie. Le , il est nommé commandant du camp de concentration de Bergen-Belsen[3] où, dès son arrivée, comme à Birkenau, il inflige aux déportés l'épreuve des interminables appels du petit matin[4].

Le , Josef Kramer se rend à l'armée de terre britannique qui libère le camp de Bergen-Belsen. Le capitaine SS se charge de faire le tour du propriétaire aux hommes de la British Army[5].

Le procès et l'exécution

[modifier | modifier le code]
Josef Kramer, photographié fers aux pieds, extrait de sa cellule à Belsen, avant d'être transféré comme prisonnier de guerre à Celle, le .
Irma Grese avec Josef Kramer en détention en 1945.

Josef Kramer et 44 autres responsables nazis (dont 15 femmes) furent mis en accusation au procès de Belsen par la cour militaire britannique à Lüneburg. Le procès dura quelques semaines entre et novembre 1945. Kramer fut condamné à mort le et pendu à Hamelin par Albert Pierrepoint le .

Déposition de Josef Kramer enregistrée par le commandant Jadin, juge d'instruction militaire auprès du tribunal militaire de la 10e région militaire, en déplacement à la prison de Celle, le , au sujet du gazage de 86 Juifs au Struthof[6] :

« Au début d', je reçus les 80 internés destinés à être supprimés (...), et je commençai par faire conduire dans la chambre à gaz un certain soir, vers 9 heures, à l'aide d'une camionnette, une première fois, une quinzaine de femmes environ. Je déclarai à ces femmes qu'elles devaient passer dans la chambre de désinfection et je leur cachai qu'elles allaient être asphyxiées.
Assisté de quelques SS, je les fis complètement se déshabiller et je les poussai dans la chambre à gaz, alors qu'elles étaient toutes nues. Au moment où je fermais la porte, elles se mirent à hurler. J'introduisis, après avoir fermé la porte, une certaine quantité de sels dans un entonnoir placé au-dessus à droite du regard. Puis, je fermai l'orifice de l'entonnoir à l'aide d'un robinet qui était adapté dans le bas de cet entonnoir, prolongé lui-même par un tube en métal. Ce tube en métal conduisit le sel et l'eau dans l'excavation intérieure de la chambre dont je viens de vous parler. J'allumai l'intérieur de la chambre à l'aide du commutateur placé près de l'entonnoir et j'observai par le regard ce qui se passait à l'intérieur de la chambre.
Je constatai que ces femmes ont continué à respirer une demi-minute, puis elles tombèrent à terre. Lorsque j'ouvris la porte après avoir fait en même temps marcher la ventilation à l'intérieur de cheminée d'aération, je constatai que ces femmes étaient étendues sans vie et qu'elles avaient laissé échapper leurs matières fécales.
J'ai chargé deux officiers SS infirmiers de transporter ces cadavres dans une camionnette, le lendemain matin, vers h 30, pour qu'ils soient conduits à l’Institut d'anatomie, ainsi que le professeur Hirt me l'avait demandé.
Quelques jours après, dans les mêmes conditions que sus-indiquées, j'ai conduit de nouveau dans la chambre à gaz une certaine quantité de femmes qui furent asphyxiées de la même façon, puis encore quelques jours après, j'ai fait conduire dans la chambre à gaz, en deux ou trois fois, peut-être une cinquantaine d'hommes environ, peut-être cinquante-cinq qui furent supprimés toujours à l'aide de ces sels que je tenais de Hirt.
Demande Vous m'avez, tout à l'heure, parlé des conditions dans lesquelles vous avez exécuté les internés à l'aide de gaz asphyxiants. Au cas où les internés n'auraient pas été tués à la suite de l'introduction des gaz, faite par vous, les auriez-vous achevés à l'aide d'une balle ?
J'aurais tenté de les asphyxier à nouveau en projetant dans la chambre une seconde dose de gaz. Je n'ai éprouvé aucune émotion en accomplissant ces actes, car j'avais reçu l'ordre d'exécuter de la façon dont je vous ai indiqué les 80 internés. J'ai d'ailleurs été élevé comme cela. »

Kramer est interrogé une seconde et dernière fois, par deux militaires français, en vertu d'une Commission Rogatoire du commandant Jadin, le 6 décembre 1945 à Lünebourg[7].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Équivalent en France de capitaine, mais il s'agit ici d’un grade dans le corps des gardes de camps de concentration, rattaché à la SS.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Tom Segev, Die Soldaten des Bösen. Zur Geschichte der KZ-Kommandanten, Reinbek bei Hamburg 1995, p. 63 et s.
  2. (en) « Josef Kramer | Nazi commander », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  3. (en) « Josef Kramer », sur Durham Record Office.
  4. Témoignage d'Anita Lasker (survivante des camps), Law Reports of Trials of War criminals, in Raul Hilberg (trad. Marie-France de Paloméra et André Charpentier), La Destruction des Juifs d'Europe, Paris, Gallimard, coll. « Folio. Histoire », , 759 p. (ISBN 978-2-07-032710-2), p. 21-22.
  5. Keith Lowe, L'Europe barbare, Éditions Perrin, (lire en ligne), « La libération des camps », p. 145
  6. Robert Steegmann (préf. Hamlaoui Mekachera), Le Struthof : KL-Natzweiler : histoire d'un camp de concentration en Alsace annexée 1941-1945, Strasbourg, Kalédiscope-La Nuée bleue, (ISBN 978-2-7165-0674-8), p. 60-61
  7. Dépôt central des archives de la justice militaire (DCAJM). Comparution de Joseph Kramer du 6 décembre 1945. Cote : 1958_05_28_000575_12_00781

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]