Joana Simeão

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Joana Simeão
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Biographie
Naissance
Décès
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Niassa (?) ou Cabo Delgado (?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Joana Francisca Fonseca SimeãoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
congolaise (à partir de )
mozambicaine
portugaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Autres informations
Membre de
Comité révolutionnaire du Mozambique (d)
Groupe uni du Mozambique (d)
Parti de la coalition nationale (d)
Maison des étudiants de l’Empire (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Joana Francisca Fonseca Simeão, née le 4 novembre 1937[1] ou en 1939[2] à Nampula[3], et morte exécutée en juin 1977, est une chef de la résistance mozambicaine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Joana Simeão naît dans une famille catholique, son étant le chauffeur de l'évêque local. Après une scolarité en primaire à Nampula, son père l'envoie dans une école religieuse au Portugal pour qu'elle y poursuive ses études. Elle étudie aussi à Paris, puis brièvement à Alger. Pendant la guerre d'indépendance du Mozambique dans les années 1960, elle a été membre du Frente Comum de Moçambique (Front commun mozambicain), une branche du Comité révolutionnaire mozambicain[4].

Abandonnant la guérilla en 1973, elle exerce comme professeur de français au lycée António Enez à Lourenço Marques, et assiste au Congrès des femmes d'Afrique australe. Elle plaide pour l'indépendance du Mozambique, et développe un discours dénonçant le colonialisme et ses composantes racistes et patriarcales. Sa personnalité fait l'objet d'un télégramme au consultat des États-Unis, qui la décrit « comme l'unique femme mozambicaine nationaliste, éduquée et politiquement consciente en scène [...] à laquelle il convient évidemment de prêter attention »[5]. Elle devient en 1974 vice-présidente du GUMO (Grupo Unido de Moçambique Groupe uni du Mozambique), un groupe multiracial créé l'année précédente, qui se veut pacifiste et s'est donné comme objectif de faire pression sur le gouvernement portugais pour qu'il négocie avec le FRELIMO l'indépendance du Mozambique[2],[6],[7]. Malgré sa position de leader au sein du groupe, elle en est finalement expulsée vers septembre 1974. Après qu'un accord d'indépendance accorde le contrôle du pays au Front de libération du Mozambique (FRELIMO), elle prêche pour l'instauration d'un gouvernement démocratique[2] puis fait partie des dirigeants de la résistance anti-FRELIMO et participe à l'occupation d'un aéroport et d'une station de radio. Elle est arrêtée quelques jours plus tard par les forces du FRELIMO pour son rôle dans la rébellion[4].

Le FRELIMO l'accuse d'être un agent de la police secrète portugaise PIDE[8]. Elle est jugée les 11 et 12 mai 1975 aux côtés d'autres « réactionnaires » lors d'un procès théâtralisé présidé par le nouveau chef d'État Samora Machel. Condamnée, elle est envoyée avec eux au camp de rééducation de M'Telela, proche de Lichinga[9]. Sa mort est d'abord annoncé à une date inconnue[10]. Le 19 mai 1995, paraissent des allégations dans le journal Savana selon lesquelles elle aurait été exécutée et son corps brulé avant inhumation dans une fosse commune en juin 1977 avec les huit autres membres du « groupe de réactionnaires[9] ». Selon une enquête d'un autre journal, ils auraient été brûlés vifs[11]. En 2009, Mariano Matsinha (en)— membre du Politburo du FRELIMO — reconnaît être l'auteur des exécutions[9].

Après sa mort[modifier | modifier le code]

Le décès de Joana Simeão et des autres personnes exécutées par le FRELIMO n'ayant pas été reconnue de façon officielle, il y a en 2006 un débat dans les médias du Mozambique sur la production d'un acte de décès. Son mari demande à la même époque à ce que soit prononcé le divorce, demande répercutée par la presse[12].

Parallèlement, plusieurs journaux indépendants réclament la réhabilitation de ces militants effacés de l'histoire en raison de l'image de traîtres apposée par le FRELIMO[12].


Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Colin Darch, Historical Dictionary of Mozambique : SIMEÃO, JOANA FRANCISCO DA FONSECA (1935?–1977?), New edition Auflage. Rowman & Littlefield, Lanham 2019 (ISBN 978-1-5381-1135-2), p. 360
  • « Joana Simião », sur JSTOR
  • (pt) Maria Paula Meneses, « Autodeterminação em Moçambique: Joana Semião, entre a história oficial e as memórias de luta », dans Inocência Mata, Discursos memorialistas africanos e a construção da história, Edições Colibri / Universidade de Macau, (ISBN 978-989-689-733-8, lire en ligne), p. 49-79
  • (pt) Dulce Maria Passades Pereira, « Joana Semião, homo Œconomicus e homo politicus: urdindo uma epistemologia “tolerante” moçambicana », ex aequo, no 43,‎ , p. 165-181 (lire en ligne, consulté le )
  • (pt) José Amaro, « Entrevista com Joana Semião », Seara Nova, no 1542,‎ , p. 12 (lire en ligne, consulté le )

Références[modifier | modifier le code]

  1. (pt) « Joana Simeão e o ideal do encontro de raças sem confrontação » (consulté le )
  2. a b et c (pt) « Joana Simeão : Curta biografia - CEPCB », sur CEPCB.mz (consulté le )
  3. (pt) « Quando Joana Simeão recusou ser manipulada pela secreta portuguesa, a PIDE-DGS », sur Mozreal, (consulté le )
  4. a et b (en) Stewart Lloyd-Jones et António Costa Pinto, The Last Empire: Thirty Years of Portuguese Decolonization, Intellect, , 25–26 p. (ISBN 978-1-84150-109-3, lire en ligne)
  5. Meneses 2017.
  6. (en) André Van Dokkum, Nationalism and Territoriality in Barue and Mozambique: Independence, Belonging, Contradiction, Brill, , 116 p. (ISBN 978-90-04-42863-8, lire en ligne)
  7. O Seculo Ilustrado, O Seculo Ilustrado 1974, (lire en ligne)
  8. (pt) « Retrospectiva sobre a execução de Joana Simeão e outro », sur Grupo Especiais, (consulté le )
  9. a b et c Darch 2019, p. 284.
  10. (en) John S. Saul, « The African hero in Mozambican history: on assassinations and executions – Part II », Review of African Political Economy, vol. 47, no 164,‎ , p. 335–345 (ISSN 0305-6244, DOI 10.1080/03056244.2020.1792119, lire en ligne)
  11. (pt) José Pinto de Sá, « O dia em que eles foram queimados vivos », Público Magazine, no 277,‎
  12. a et b Amélia Neves De Souto, « Memory and Identity in the History of Frelimo: Some Research Themes », Kronos, no 39,‎ , p. 280–297 (ISSN 0259-0190, lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]