Jean Laborey

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Jean Laborey, né le à Paris et mort le à Paris[1], est un ingénieur horticole, botaniste, jardinier et écrivain français. Il a dirigé l'APBF (Association des parcs botaniques de France) [2],[3] et le CCVS (Conservatoire des collections végétales spécialisées)[4]. En Bretagne, il est appelé « le père de l'éveil du monde rural »[5].

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Jean Laborey, né le à Paris, est l'un des cinq enfants de Gustave Laborey (1881-1971) et Jeanne Edange (1883-1975). À 17 ans il entre à l'École nationale supérieure d'horticulture de Versailles. Après avoir obtenu son diplôme d'ingénieur horticole, il devient conseiller de l'Office du commerce extérieur en Afrique à la recherche de terres favorables à la culture des bananes. En Guinée, à la tête d'une bananeraie de 200 hactares, il fait ses premières armes en botanique[5],[6].

Grand collectionneur de plantes[modifier | modifier le code]

Avant la Seconde Guerre mondiale, Jean Laborey s'installe à Ploumanac'h, en Bretagne, où, en 1925, son grand-père, instituteur, a acquis une demeure en granit avec terrain d'un hectare[5]. Ici, il commence le long travail de transformation de la lande stériles d'ajoncs et de bruyèresen en un « laboratoire » du monde végétal[3].

« En 1926, quand je suis arrivé, il n'y avait rien, à part des fougères et des rochers. Petit à petit, j'ai importé des plantes qui ont été complétement détruites par l'occupation allemandes[7], »

— Jean Laborey a dit dans une interview.

Après de nombreux voyages à travers le monde et de stages dans des exploitations de Hollande et d'Angleterre, il est convaincu que la culture des bulbes, des fleurs et l'implantation de pépinières convenaient parfaitement au climat de la péninsule bretonne[8]. Chaque fois qu'il retourne au pays, Jean Laborey apporte des espèces et variétés compatibles avec le climat breton qu'il cultive et acclimate dans son jardin avant de les confier à des pépiniéristes. Ainsi, certains olearias, cyprès ou eucalyptus ont transité par Ploumanac'h avant d'aboutir dans les jardins de la France entière[9].

Son jardin de Ploumanac'h a renfermé plus de 250 espèces rares et exotiques[7], dont 90 espèces indigènes et acclimatées[10].

En 1963, en raison des dégâts causés par le froid sur l'artichaut et le chou-fleur, Jean Laborey préconise une diversification des cultures et conseille des cultures de carottes, d'endives, de salades et d'échalotes. C'est en partie grâce à son travail que la Bretagne est aujourd'hui la première région bulbicole de France[8]. Il collabore avec la station de l'Inra de Ploudaniel dans le Finistère[8] et introduit des méthodes de travail ignorées en Bretagne : la culture de l'herbe, les clôtures électriques, l'ensilage, le chou fourrager par semis[5]. Jean Laborey s'est aussi l'instigateur de la réhabilitation du site naturel de Ploumanac'h, ravagé par l'occupant en 1944, puis par le tourisme[11].

Autres activités[modifier | modifier le code]

En 1946, Jean Laborey a créé le Centre itinérant d'éducation populaire de la famille rurale (CIEPR), qui propose des sessions itinérantes aux jeunes ruraux, éducateurs et responsables du monde agricole[12]. Au total, iI organisera 576 voyages d'études dans le monde entier avec des groupes de 30 à 40 agriculteurs[5].

En 1947, Jean Laborey fonde la Société d'intérêt collectif agricole (SICA) qui vont apporter d'énormes changements dans le monde agricole et horticole[5].

En 1973, il devient le Président fondateur de l'Association des parcs botanistes de France (APBF) ayant pour but principal d’encourager la création et l’entretien des jardins botaniques privés[2].

En 1980, il entre au « Comité d’orientation et de sélection » qui prépare les premières foires, maintenant connues comme les « Journées des Plantes de Courson »[13].

En 1992, il est l’un des fondateurs et le premier président du Conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS) dont l'intérêt principal est de sauver et conserver les plantes rares[4].

Il est aussi le fondateur de la section camélias à la Société nationale horticole française et le directeur pour la France de l'International Camelias Society[5].

Jean Laborey écrit le premier livre français sur les camélias édité en 1986, « Les Camélias »[14]. Son deuxième ouvrage « Les Plantes de terre de bruyère » où il explique en détail la culture des plantes en terre de bruyère sort en 1988[15].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Jean Laborey est décédé à Paris à l'âge de 91 ans, le . Ses obsèques ont eu lieu le , en l'église saint Baptiste de Grenelle à Paris. Jean Laborey est enterré au cimetière du Père-Lachaise[5].

Famille[modifier | modifier le code]

Avec son épouse, Clotilde Marie Cécile Denise Raoux, il a eu six enfants : Marie-Annick, Vincent, Veronique, Pascale, Denis et Emmanuel qui est connu comme l'acteur Éric Laborey.

La fille de Jean Laborey Marie-Annick, mariée à Bernard Guidée, est la mère de quatre enfants, notamment : du diplomate Benoît Guidée (né en 1971[16]), de la journaliste Marie-Emmanuelle Banerjee et de la scientifique Raphaëlle Guidée[17].

Honneurs et reconnaissance[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

[5]

Hommages[modifier | modifier le code]

  • une variété de Camellia japonica est dédiée à Jean Laborey, Le Camellia japonica 'Jean Laborey'[18],[19]
  • l'entrée du sentier des douaniers à Ploumanac'h porte le nom de Jean Laborey, « Passage Jean-Laborey »[9]
  • Prix Jean-Laborey de la Société d'horticulture de la Côte-du-Goëlo[20]

Travaux[modifier | modifier le code]

Seul[modifier | modifier le code]

  • Jean Laborey, Les Camélias, Paris, Flammarion, coll. « la Maison rustique », , 238 p. (ISBN 2-7066-1722-5)
  • Jean Laborey, Les Plantes de terre de bruyère, Paris, Larousse, coll. « Les Pratiques du jardinage », , 127 p. (ISBN 2-03-515116-3)

Ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

  • Association des parcs botaniques de France, Association des responsables et techniciens de jardins botaniques, Pierre Augé, Michel Chauvet et Jean Laborey, Guide des jardins botaniques de France, vol. 1, Paris, Editions Pandora, coll. « Collection CCVS », , 327 p. (ISBN 978-2-7421-0007-1)

Publications[modifier | modifier le code]

  • Jean Laborey, « Jours au jardin : Arbustes : que faire sils ont pris froid », l'Ami des Jardins et de la Maison, no 671,‎ , p. 120
  • Jean Laborey, « Jours au jardin », l'Ami des Jardins et de la Maison, no 673,‎ , p. 120

Références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a et b « Structure », sur APBF (consulté le )
  3. a et b « Grand site naturel de Ploumanac'h », sur Google (consulté le )
  4. a et b « Du spécimen botanique à la passion horticole » [PDF], sur Google, CCVS (consulté le ) : « Jean Laborey, Président cofondateur du CCVS »
  5. a b c d e f g h et i « Décès du botaniste Jean Laborey « le père de l'éveil du monde rural » », sur Le Télégramme, (consulté le )
  6. Association des Botanistes du Muséum pour les études de botanique et d'agronomie coloniales., « Conférence de M. le Dr J.- J.-B. Deuss sur la culture du Théier dans les Pays d'Extrême-Orient et en Indochine (Suite et Fin) : Conférence du 20 Octobre sur la Culture du Bananier en Guinée française », Compte-rendu sommaire n° 9, sur Persee.fr, Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, (consulté le ) : « Le 20 octobre, à 16 h. 30, dans l’Amphithéâtre de Zoologie du Muséum, sous la présidence du Pr Aug. Chevalier, en la présence de M. Vadier. Gouverneur des Colonies et des Gouverneurs honoraires Lamblin et Hesling, de M. le Général de Trentinian, ancien Gouverneurs du Soudan français, ont eu lieu deux causeries sur la culture du Bananier, l’une par M. J. Laborey ancien élève de l'Ecole d’Horticulture de Versailles, sur la culture hananière et l’horticulture […]. M. Laborey a montré que la culture du Bananier relève du domaine de l’Horticulture en raison des soins minutieux qu’elle réclame. Le stade des incertitudes a pris fin en Guinée française, en ce qui concerne la culture rémunératrice de cette plante, mais beaucoup de problèmes cependant restent posés que la science seule peut résoudre et le besoin d’une station expérimentale se fait grandement sentir. », p. 843
  7. a et b « Un botaniste au royaume des décorations », sur Le Télégramme, (consulté le )
  8. a b et c « Jean Laborey commandeur dans l'ordre du Mérite agricole », sur Le Télégramme, (consulté le )
  9. a et b « Jean Laborey donne son nom à un passage », sur Le Télégramme, (consulté le )
  10. Claire Lecorbeiller 2002
  11. « Landes de Ploumanac'h, extrait pur jus de Bretagne », sur Ouest-France, 08 juillet /2013 (consulté le )
  12. « Un sentier Jean-Laborey à Ploumanac'h », sur Le Télégramme, (consulté le )
  13. Françoise Dubost, Vert patrimoine : La constitution d'un nouveau domaine patrimonial, Paris, Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Ethnologie de la France », , 172 p. (ISBN 2-7351-0608-X, lire en ligne), p. 14

    « Certains professionnels ont participé dès le début aux manifestations de Courson : ainsi Jean Laborey, ingénieur-horticole, grand spécialiste des camélias et membre de fondation de I’apbf. […] des mesures sont prises pour institutionnaliser les Journées des plantes. Un « Comité d’orientation et de sélection » est mis en place, qui compte parmi ses membres, outre Patrice Fustier, un paysagiste, Louis Benech, et trois ingénieurs horticoles, Jean Laborey, déjà cité, Jean-Noël Burte. conservateur des Jardins du Luxembourg, et Georges Callen. responsable des collections de l’arboretum de Chèvreloup (annexe du Jardin des Plantes). »

    A travers la prolifération des expositions-ventes de plantes rares, la sociologue décèle la construction d'une nouvelle relation au jardin.
  14. « Les Camélias », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le )
  15. « Les Plantes de terre de bruyère », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le )
  16. Pierre Laberrondo, « Benoît Guidée, conseiller “Asie, Amérique” au cabinet de Laurent Fabius », sur Acteurs publics, (consulté le )
  17. « Raphaëlle Guidée », sur BnF (consulté le )
  18. « Catalogue des collections du Jardin Botanique de Paris » [PDF], sur Google, published (consulté le ) : « Camellia japonica L. cv. Jean Laborey. Theaceae. XX0JBVP19950568. »
  19. « Camellia japonica 'Jean Laborey' », sur GardenBreizh (consulté le )
  20. « Fête des plantes : le prix Jean Laborey décerné », sur Le Télégramme, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claire Lecorbeiller (photogr. Claire Lecorbeiller), La Bretagne des jardins, Rennes, Ouest-France, coll. « Itinéraires et découvertes », , 124 p. (ISBN 2-7373-2630-3)
    C'est un récit des jardins de la Bretagne et de leur histoire et, en particulier, du jardin de Jean Laborey, illustré de photos prises par l'auteur.
  • (en) Alexandra D'Arnoux, Gardens by the Sea, New York, Clarkson Potter Publ., , 239 p. (ISBN 0-609-60568-2)
    Un voyage-photo dans les jardins de bord de mer, y compris le jardin exotique du « spécialiste mondiale du camélia, Jean Laborey ».
  • Thoby C. et Colin O., « Jean Laborey : jardinier et collectionneur sans frontière » (nécrologie), Hommes et Plantes, Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées, no 40,‎ , p. 48
  • Kergorlay A. et Sentuc M., « Jean Laborey » (nécrologie), Bulletin de l .association des Parcs Botaniques de France, Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées, no 33,‎ , p. 15-16

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]