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Front de libération jurassien

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Front de libération jurassien
FLJ, Front de libération du Jura
Image illustrative de l’article Front de libération jurassien
Devise : Le Jura parle français
Image illustrative de l’article Front de libération jurassien

Idéologie régionaliste
Objectifs Création d'un canton du Jura
Statut Inactif
Fondation
Date de formation 1962
Pays d'origine Drapeau de la Suisse Suisse
Fondé par Marcel Boillat & Jean-Marie Joset
Dissolution
Date de dissolution 31 mars 1964
Causes Arrestation de tous les membres
Actions
Mode opératoire Incendie, attentat à la bombe
Nombres d'attaques imputées 26
Zone d'opération Drapeau de la Suisse Suisse :
Période d'activité
  • 1962-1964
  • 1965
Organisation
Chefs principaux Marcel Boillat & Jean-Marie Joset
Membres 6
Répression
Nombre de prisonniers 5
Considéré comme terroriste par Confédération Suisse
Canton de Berne

Le Front de libération jurassien (FLJ) (appelé aussi Front de libération du Jura) est un groupe de lutte séparatiste jurassien, dans le cadre de la Question jurassienne, en Suisse. Son slogan était : « Le Jura parle français »[1].

Historique

Premier FLJ

C'est les 3 et 4 septembre 1962 qu'apparaissent des tags FLJ, peints en rouge, sur trois écussons bernois et trois grands panneaux de signalisation à Aesch, Brislach, Lucelle (de), sur la sentinelle des Rangiers et sur deux panneaux de chantiers à Moutier[2].

Le sigle FLJ fait alors penser au nom Front de libération du Jura (car celui-ci ressemble au sigle FLN signifiant Front de libération nationale qui sévissait en pleine guerre d'Algérie il y a moins d'un an).

Le 21 octobre, le FLJ boute le feu à une baraque militaire, à Goumois. Des tags FLJ et «Vive Berberaz» seront retrouvés sur les murs de soubassement.

En février 1963, le FLJ envoie, à plusieurs journaux, une déclaration évoquant son but.

Dès 1962, le Département militaire revient sur son idée, datant de 1956, de s'implanter aux Franches-Montagnes (dans les communes de Montfaucon, Les Genevez et Lajoux). L'armée veut y développer un centre militaire du cheval et une place d'armes pour la cavalerie. Le canton de Berne revend les terres concernées à la Confédération. La population locale, ayant déjà manifesté son opposition à la place d'arme en 1956, se sent trahie par les autorités fédérales et le gouvernement bernois[3]. Les séparatistes utilisent cette affaire pour démontrer que le canton de Berne ne fait rien face à la Confédération pour défendre la volonté des Jurassiens[N 1]. La résistance locale s'engage dès le début de l'année 1963. Le FLJ s'engage également dans la lutte contre la place d'arme. Le FLJ va alors mettre le feu à la ferme des «Joux Derrière» se trouvant sur les trains ayant été vendus à la Confédération pour la place d'armes. La police cantonale est alors déployée dans la région. Une cinquantaine d'agents patrouillent pendant près d'un mois dans les trois villages. Le FLJ envoie alors des lettres de menaces à certaines personnes (comme à Paul Chaudet ou encore Pierre Balmer). Les autres fermes se trouvant sur les terrains vendus à la Confédération sont alors surveillées[4]. La police effectue également des écoutes téléphoniques, des rondes dans les villages, des perquisitions de nuit, etc.

D'octobre 1963 à mars 1964, le FLJ commet quatre attentats à l'explosif[5]. En 1964, la police arrête quatre jeunes séparatistes, de Courfaivre, et les maintient au secret sans avocats. La population jurassienne décriera cet acte. Mais ces quatre jeunes ne sont pas les auteurs des actes. La police va alors se tourner vers les écoutes téléphoniques. Plusieurs appels sont constamment lancés à plusieurs journaux afin de revendiquer les attentas du FLJ. En mars 1964, la police bernoise et fédérale identifient l'auteur des appels. La police arrête donc deux suspects le 25 mars: Jean-Marie Joset, de Delémont est l'auteur des appels et Marcel Boillat, de Courtételle[6],[7]. Les deux hommes passent alors aux aveux. Le 31 mars, la police arrête Pierre Dériaz, un vaudois établis à Courtételle, qui fut leur complices. Le 1er avril, la police perquisitionne la maison de Marcel Boillat et y découvre de la peinture rouge, des mèches, des détonateurs, etc. Les trois sont emprisonnés et leur procès débute le 14 mars 1966[8]. Le 18 août 1966, la cour pénale fédérale donne son verdict : Marcel Boillat est condamné à 8 ans de réclusion et Jean-Marie Joset à 7 ans. Pierre Deriaz, lui, écope d'un an d'emprisonnement avec sursis[9].

Jean-Marie Joset est envoyé au centre pénitencier de Bochuz (VD) où il purgera sa peine et y obtient une maturité commerciale. Il est libéré le 23 novembre 1968. Marcel Boillat, lui, s'évade le 18 février 1967 du centre pénitencier de Crêtelongue (VS) grâce à l'aide de Lucien Meyrat. Celui-ci s'enfuit alors en Espagne. La Suisse demande au gouvernement espagnol une extradition de Marcel Boillat. La justice espagnole s'y refusera et lui accordera l'asile politique[9]. Après prescription de ses actes, il revient en Suisse, en 1987, pour la 40e fête du peuple jurassien, où il est accueilli en héros par les séparatistes.

Second FLJ

Dès novembre 1965, d'autres d'attentats, signé FLJ, ont lieux dans le Jura. Comme les membres fondateurs sont emprisonnés, la police recherche les coupables. Il s'agit de Jean-Baptiste Hennin et Imier Cattin qui sont arrêtés en juin 1966. Le 16 octobre 1966, Jean-Baptiste Hennin s'évade de l'asile psychiatrique de Marsens (FR) et s'enfuit en France. Le 3 juillet 1967, la suisse demande, au gouvernement français, son extradition, ce que la France refusera en lui accordant le statut de réfugié politique. Imier Cattin, lui, est condamné le 15 janvier 1969 à quatre ans et demi de prison[1].

Listes des actions du FLJ

1er FLJ (1962-1964)

  • 3 septembre 1962 : Détériorations et tags FLJ sur trois écussons Bernois et trois grands panneaux de signalisation à Aesch, Brislach, Lucelle (de) et dans la vallée de Delémont[1];
  • 4 septembre 1962 : Détériorations et tags FLJ sur deux panneaux de chantiers, à Moutier, et sur le monument de la Sentinelle des Rangiers, à Asuel[1];
  • 21 octobre 1962 : Incendie de la baraque militaire N°63, au lieu-dit «Les Auges», à Goumois[5];
  • 28 février 1963 : Nouveaux actes de vandalisme (Détériorations et tags FLJ), à Courrendlin[1];
  • 26 mars 1963 : Incendie du baraquement militaire de Bourrignon[5];
  • 26 avril 1963 : Incendie de la ferme des «Joux Derrière», à Montfaucon[10];
  • 11 juillet 1963 : Vol d'un détonateur et d'une mèche à l’entreprise Laurent Membrez, à Delémont;
  • 12 juillet 1963 : Vol du drapeau bernois de la gare de Courtételle[1];
  • 18 juillet 1963 : Incendie de la ferme «Sous-la-Côte», à Montfaucon[11];
  • 5 octobre 1963 : Attentat à l’explosif contre le chalet du Mont-Soleil (propriété du Conseiller aux États Charles Jeanneret), à Saint-Imier[5];
  • 23 décembre 1963 : Attentat à l’explosif contre la scierie de Marc Houmard (Président des Patriotes jurassiens), à Malleray[5];
  • 27 février 1964 : Attentat à l’explosif sur la voie des CFF à Studen[5];
  • 12 mars 1964 : Attentat à l’explosif contre le bâtiment de la succursale de la Banque cantonale de Berne, à Delémont[12].

2e FLJ (1965)

  • 5 mars 1965 : Cocktail Molotov contre un local de l’administration des impôts à Delémont[1].
  • mars 1966 : deux pneus remplis de carburant sont jetés par une fenêtre dans l’Arsenal de Glovelier[1].
  • avril 1966 : incendie du restaurant du Mont-Crosin, à Cormoret[1].
  • mai 1966 : incendie de l’hôtel du Cerf, à Saignelégier[1].
  • ?, incendie au jeu de quilles « l’Aplaventriste », au Bémont[1].

Membres

  • Marcel Boillat (1929-2020);
  • Jean-Marie Joset (1932-2009);
  • Pierre Dériaz;
  • Jean-Baptiste Hennin (?-1981);
  • Imier Cattin;
  • Lucien Meyrat.

Bibliographie

  • Marcel Boillat, Signé FLJ. Sans morts, l’émergence d’un Etat,
  • Collectif, Histoire et procès du Front de libération jurassien, Delémont, , 260 p.

Notes et références

Notes

  1. Pire, le gouvernement bernois insiste pour l'implantation du centre militaire, et donne ainsi l'impression de vouloir une présence militaire aux Franches-Montagnes pour calmer les ardeurs séparatistes.

Références

  1. a b c d e f g h i j et k Emma Chatelain (Dictionnaire du Jura), « Front de libération jurassien (FLJ) » Accès libre, sur www.diju.ch, (consulté le )
  2. "Affaires publiques" de Marc Schindler, « Le Front de libération du Jura » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )
  3. Emanuel Gogniat, Aux racines du patriotisme : place d'armes et Question jurassienne (1956-1976) (mémoire de licence en lettres), Université de Genève, .
  4. Lise Bailat, « «Ils étaient des terroristes, pas des héros» », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  5. a b c d e et f Chronologie jurassienne, « Attentats » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  6. Emma Chatelain (Dictionnaire du Jura), « Joset, Jean-Marie (1932-2009) » Accès libre, sur www.diju.ch, (consulté le )
  7. Emma Chatelain (Dictionnaire du Jura), « Boillat, Marcel (1929-2020) » Accès libre, sur www.diju.ch, (consulté le )
  8. Chronologie jurassienne, « Front libération Jura » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  9. a et b Aurélie Roulet, Marc Frochaux, Sophie Richard et Alain Freudiger, « Mille et une archives : Terreur dans les pâturages : les attentats du Front de libération jurassien » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )
  10. Serge Jubin, « Les Joux-Derrière, arrachées à l’armée et offertes au cheval », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  11. Chronologie jurassienne, « Sous-la-Côte Montfaucon » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  12. "Carrefour", « Attentat à Delémont » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )

Voir aussi

Liens internes

Liens externes