District de Khyber

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District de Khyber
District de Khyber
Le district de Khyber au sein de la province de Khyber Pakhtunkhwa.
Administration
Pays Drapeau du Pakistan Pakistan
Province Khyber Pakhtunkhwa
Chef-lieu Landi Kotal
Démographie
Population 986 973 hab. (rec. 2017)
Densité 383 hab./km2
Langue(s) pachto
Géographie
Coordonnées 34° 05′ 54″ nord, 71° 08′ 53″ est
Superficie 257 600 ha = 2 576 km2

Le district de Khyber (en ourdou : ضِلع خېبر) est une subdivision administrative de la province de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan. Il était intégré aux régions tribales jusqu'à leur fusion avec la province en 2018 et était jusqu'alors appelé agence de Khyber.

La capitale administrative de la subdivision est Landi Kotal. La population essentiellement constituée de tribus pachtounes compte près d'un million d'habitants en 2017. La zone est quasiment exclusivement rurale et peu développée.

Le district est particulièrement stratégique alors qu'on y trouve un point de passage important vers l'Afghanistan : Torkham, situé sur la passe de Khyber. Elle a notamment été utilisée pour envoyer du ravitaillement du Pakistan vers l'Afghanistan pour les forces de l'OTAN et est un lieu stratégique de l'insurrection talibane au Pakistan.

Histoire[modifier | modifier le code]

Paysage de la vallée de Tirah, dans le district.

Khyber a été sous la domination de plusieurs puissances au cours de l'histoire, notamment l'Empire timouride puis l'Empire moghol. Assimilé en 1858 au Raj britannique, Khyber se trouve à la frontière de l'Afghanistan et est d'autant plus stratégique qu'il abrite le principal point de passage avec ce pays.

En 1947, Khyber est intégré au Pakistan à la suite de la partition des Indes, bien que la zone ait longtemps soutenu le mouvement Khudai Khidmatgar qui s'était opposé au mouvement pour le Pakistan. À l'instar du reste des régions tribales, Khyber est difficilement contrôlé par le pouvoir pakistanais et nourrit un sentiment de défiance envers les autorités. Le régime juridique en place laisse d'un côté une autonomie aux assemblées tribales qui dominent Khyber, mais les habitants sont privés de nombreux droits dont bénéficient les autres Pakistanais et la zone est directement administrée par le pouvoir central.

Ce régime juridique est officiellement aboli en et Khyber est intégré à la province voisine de Khyber Pakhtunkhwa. Cette décision longtemps demandée par la population est saluée alors que les habitants espèrent le développement de la région et l'accès à des services publics de base.

Insurrection talibane[modifier | modifier le code]

Camions de marchandises passant la « porte de Khyber ».

Le district de Khyber détient une position stratégique du fait de la passe de Khyber, qui accueille Torkham, le principal poste frontalier entre l'Afghanistan et le Pakistan. La route est notamment vitale pour les ravitaillements des forces de l'OTAN dans le cadre de la guerre d'Afghanistan et fait ainsi l'objet d'attaques. L'armée pakistanaise y combat de plus des groupes talibans pakistanais qui s'opposent aux autorités. Khyber est notamment le fief du Lashkar-e-Islam, l'un des principaux groupes insurgés, et les militaires y ont mené des opérations à partir de 2009.

Démographie[modifier | modifier le code]

Lors du recensement de 1998, la population de l'agence a été évaluée à 546 730 personnes, dont seuls 10 % d'urbains[1]. Le recensement suivant mené en 2017 pointe une population de 986 973 habitants, soit une croissance annuelle de 3,15 %, supérieure aux moyennes provinciale et nationale de 2,89 % et 2,4 % respectivement. Le taux d'urbanisation reste au même niveau[1].

La population du district est essentiellement d'ethnie pachtoune et la langue la plus parlée est le pachto, soit 98,8 % des habitants en 2017, comme pour la plupart de la province[2]. Elle se regroupe le plus souvent en tribus, dont la plus importante est la tribu Afridi, mais on trouve aussi les Mullagoris, Shilmanis, Bangashs et Shinwaries.

Près de 99,9 % de la population est musulmane, mais l'on compte une petite communauté chrétienne de mille individus en 2017[3].

Administration[modifier | modifier le code]

Le fort de Jamrud.

Le district est divisé en quatre tehsils ainsi que 147 Union Councils[4].

Tehsil Population (rec. 2017)[5]
Bara 444 403
Jamrud 228 001
Landi Kotal 274 409
Mulla Gori 40 160

Le district compte près de 97 000 urbains selon le recensement de 2017. La capitale Landi Kotal regroupe plus du tiers de cette population.

Ville Population (rec. 2017)[6]
Landi Kotal 33 697

Économie[modifier | modifier le code]

Train passant dans le district.

Le district de Khyber est pauvre, très reculé, peu doté en infrastructures et services publics. La population souffre notamment de malnutrition, de maladies et de manque d'accès à l'eau. Le principal moyen de subsistance des habitants est l'agriculture et l’élevage alors que les paysans disposent surtout de petites surfaces, souvent inférieures à deux hectares. À Khyber, près de la moitié des foyers reçoivent de l'argent de membres de leur famille travaillant ailleurs dans le pays ou à l'étranger[7].

En revanche, grâce au point de passage vers l'Afghanistan, Khyber est le district le mieux doté des régions tribales en infrastructures de transports. On y trouve surtout une ligne de chemin de fer et la route nationale no 5 qui relient Peshawar à Torkham. À la suite de l'intégration de Khyber à la province de Khyber Pakhtunkhwa en 2018, la population espère une hausse des investissements publics. En 2019, le gouvernement annonce un plan de dix ans pour développer les infrastructures, notamment dans le but de permettre un accès au réseau téléphonique[8].

Éducation[modifier | modifier le code]

Enfants ramassant du bois pour la cuisine.

En 2007, le taux d'alphabétisation du district dépasse à peine les 30 %, et présente surtout une forte inégalité de sexes : 55 % pour les hommes contre 10 % pour les femmes[7]. Le recensement de 2017 évalue l'alphabétisation à 42 %, dont 65 % pour les hommes et 18 % pour les femmes[9].

Selon un classement national sur la qualité de l'éducation, le district se trouve parmi les moins bien dotés du pays, avec une note de 47 sur 100 et une égalité entre filles et garçons de 65 %. Il est classé 114e sur les 141 districts au niveau des résultats scolaires et 95e sur 155 au niveau de la qualité des infrastructures des établissements du primaire[10]. En 2017, 59 % des enfants de 10 à 14 ans sont scolarisés, dont 80 % des garçons et 35 % des filles[11].

Politique[modifier | modifier le code]

À la suite de la réforme électorale de 2018, le district est représenté par les deux circonscriptions no 43 et 44 à l'Assemblée nationale. Quand il était intégré aux régions tribales avant 2018, les candidats aux élections étaient interdits de se présenter sous l'étiquette d'un parti politique sous l'effet du régime dérogatoire du droit commun alors en vigueur. Lors des élections législatives de 2018, le district ne compte pas encore de circonscription à l'Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa, malgré son intégration récente à cette dernière province. Par ailleurs, il est à cette occasion largement remporté par le Mouvement du Pakistan pour la justice.

Militants du Parti national Awami à Khyber, lors des élections provinciales de 2019.
Résultats lors des élections législatives de 2018
Parti Voix % Élus
nationaux
Mouvement du Pakistan pour la justice 46 451 30,56 % 2
Muttahida Majlis-e-Amal 4 917 3,24 % 0
Parti national Awami 4 671 3,07 % 0
Parti du peuple pakistanais 3 604 2,37 % 0
Autres partis 6 892 4,53 % 0
Indépendants 85 483 56,24 % 0
Total exprimés (participation : 31,11 %) 151 988 100 % 2
Source : Commission électorale du Pakistan[12],[13]

Personnalités liées à Khyber[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]