Concerto pour clarinette de Copland

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Concerto pour clarinette
Genre Concerto
Nb. de mouvements 2
Musique Aaron Copland
Effectif clarinette, orchestre à cordes, harpe et piano
Durée approximative Environ 18 minutes
Dates de composition -
Dédicataire Benny Goodman
Commanditaire Benny Goodman
Partition autographe Library of Congress[1] à Washington, D.C
Création
New York, Drapeau des États-Unis États-Unis
Interprètes Benny Goodman (clarinette), Fritz Reiner (direction), NBC Studio Symphony Orchestra
Versions successives

1950 : version approuvée et simplifiée pour Benny Goodman
1950 : réduction pour clarinette et piano par le compositeur publiée par la maison Boosey & Hawkes

Le concerto pour clarinette et orchestre à cordes, harpe et piano est un concerto d'Aaron Copland. Composé en 1947-1948, Aaron Copland donne une version préliminaire de la partition de son Concerto pour clarinette à son commanditaire Benny Goodman en 1948, qui suggère des modifications à l'œuvre, comme la simplification de certains phrases, en particulier la coda, et la transposition de certains passages vers un registre plus grave[2]. Il est créé à New York par son dédicataire Benny Goodman le avec Fritz Reiner à la tête du NBC Studio Symphony Orchestra. Le concerto est en deux parties enchaînées. Le concerto a ensuite été chorégraphié par Jerome Robbins pour le ballet Pied Piper en 1951.

Après le concerto pour piano composé dans sa jeunesse, ce concerto est le deuxième et dernier concerto composé par Aaron Copland et est considéré par les musicologues comme le premier concerto pour clarinette américain reconnu par les clarinettistes du monde entier.

Histoire[modifier | modifier le code]

Composition[modifier | modifier le code]

Peu après que Copland ait composé sa Symphonie n° 3 (en), en 1947, le clarinettiste de jazz Benny Goodman lui a demandé d'écrire un concerto pour clarinette. Goodman a dit à la biographe de Copland Vivian Perlis (en)[3],[4] :

« Je n'ai fait aucune demande sur ce que Copland devait écrire. Il avait toute liberté, sauf que je devais avoir une exclusivité de deux ans pour jouer l'œuvre. J'ai payé deux mille dollars et c'est de l'argent réel. À l'époque, il n'y avait pas beaucoup de compositeurs américains parmi lesquels choisir... Nous n'avons jamais eu beaucoup de problèmes, à l'exception d'une petite dispute à propos de l'endroit avant la cadence où il avait écrit une répétition d'une phrase. J'étais un peu réticent à l'idée de le laisser de côté - c'était là que l'alto faisait l'écho pour donner un signal à la clarinette. Mais je pense qu'Aaron a fini par la laisser de côté... Aaron et moi avons joué le concerto plusieurs fois avec lui à la direction, et nous avons fait deux enregistrements. »

— Benny Goodman

Copland était à Rio de Janeiro en 1947 en tant que conférencier et chef d'orchestre. Pendant son séjour, il a fait de nombreuses ébauches du concerto. Le 26 août 1948, Copland a écrit que le concerto était encore " dribbling along "[5]. Un mois plus tard, il a écrit dans une lettre que la pièce était presque terminée[6]. Le 6 décembre 1948, il écrit au compositeur Carlos Chávez qu'il a terminé la composition et qu'il est satisfait du résultat[7].

Copland accepta une commande du chef d'orchestre Serge Koussevitzky pour arranger le premier mouvement du concerto sous la forme d'une Élégie pour cordes, qui devait être jouée par l'Orchestre symphonique de Boston. Cependant, dans une lettre à Koussevitzky datée du 29 août 1950, Copland renonce à cette commande. Le compositeur explique qu'après mûre réflexion, il estime que l'exécution d'un arrangement du premier mouvement en soi « nuit à l'intégrité du concerto tel que je l'ai conçu à l'origine, et je ne suis pas disposé à le faire ». Copland craignait également, écrivait-il, qu'une interprétation du premier mouvement du concerto alors que le concerto n'avait toujours pas été joué - Benny Goodman avait reporté à plusieurs reprises la première de la pièce - ne soit perçue à tort par le public comme l'expression d'un doute sur la qualité du deuxième mouvement du concerto. Il proposa une autre façon de satisfaire son engagement pour une élégie[8].

La partition avec orchestre est publiée chez Boosey & Hawkes. Une réduction pour clarinette et piano a été effectuée par le compositeur et publiée en 1950 chez le même éditeur avec une coda simplifiée ; dans la dernière édition, il est inclus des ossias issus de la version originale manuscrite dite de 1948[9].

Un enregistrement vidéo en direct réalisé dans les années 1960 de Benny Goodman interprétant l'œuvre avec l'Orchestre philharmonique de Los Angeles dirigé par Aaron Copland lui-même subsiste[10].

Représentations[modifier | modifier le code]

Copland Concerto pour clarinette joué à Belgrade, Yougoslavie, le 2 juin 1961, par Milenko Stefanović et l'Orchestre philharmonique de Belgrade, sous la direction d'Aaron Copland.

Benny Goodman a créé le concerto lors d'une émission de radio de la NBC avec le NBC Symphony Orchestra dirigé par Fritz Reiner, le 6 novembre 1950[10].

Certains affirment cependant que cette représentation n'était pas la première mondiale et l'attribuent à Ralph McLane (en) et au Philadelphia Orchestra sous la direction d'Eugene Ormandy car cette représentation du 28 novembre 1950 était la première " représentation publique " [11],[12]. En tout cas, c'était la première exécution publique du Concerto à New York[13].

Cette représentation du 28 novembre 1950 - probablement juste après la fin de l'exclusivité de deux ans - avait été programmée par Copland pour augmenter la pression sur Goodman, puisqu'il ne cessait de repousser la première représentation[10]. Un enregistrement de la première exécution radiophonique par Goodman, avec l'Orchestre symphonique de la NBC sous la baguette de Fritz Reiner, est disponible en CD sur le label Legend music (voir ci-dessous).

Le concerto s'est rapidement imposé comme une pièce standard du répertoire pour clarinette. Depuis l'interprétation de Benny Goodman, d'autres interprétations notables ont été données par :

Cependant, un enregistrement particulier mérite d'être souligné : celui réalisé avec Goodman et dirigé par Copland lui-même, qu'Aaron Copland considérait comme son meilleur enregistrement à ce jour[18].

Analyse de l'œuvre[modifier | modifier le code]

L'œuvre est composée de deux mouvements :

  1. Slowly and expressively
    1. - Cadenza
  2. Rather fast

Dans le premier mouvement sur fond de harpe, la clarinette expose une douce mélodie cantabile, puis en guise de pont elle déploie une belle cadence virtuose à laquelle succède la deuxième partie rapide et syncopée sur un rythme jazz où les cordes, le piano et la clarinette se livrent à des jeux de dialogue d'une fraîcheur spontanée et virevoltante. Une brillante gamme ascendante conclusive de la clarinette viendra mettre un point final.

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Aaron Copland, Clarinet concerto [sketches], 117 p. (lire en ligne).
  2. (en) « The Aaron Copland Collection ca. 1900–1990 », sur memory.loc.gov.
  3. Peter Laki : dans le programme de l'interprétation de la pièce par Franklin Cohens (16-18 mars 1995 avec le Cleveland Orchestra)
  4. (en) Aaron Copland et Vivian Perlis, Copland : Since 1943, St. Martin's Press, (ISBN 978-0312050665).
  5. Lettre à Louis Kaufman, 26 août 1948.
  6. Lettre à Verna Fine 30 septembre 1948.
  7. Letter to Carlos Chavez December 6, 1948.
  8. (en) « Lettre à Koussevitzky 29 août 1950 », sur memory.loc.gov. Dans cette lettre, Copland offrait de remplir son engagement envers Koussevitzky pour une élégie en en composant une basée sur le matériel de son "Song Cycle of twelve songs with texts by the New England poet Emily Dickinson" récemment terminé.
  9. (en) Aaron Copland, Concerto for Clarinet - Instrumentation: Clarinet, Piano - New edition and engraving with detailed notes on the music. Includes ossias from the 1948 manuscript, New York, Boosey & Hawkes (ISBN 978-1423443377, lire en ligne).
  10. a b et c « Notes on the film ‘Copland conducts Copland’ - About this recording », sur naxos.com (consulté le ).
  11. « Musical Quarterly - Sign In Page »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [PDF], sur mq.oxfordjournals.org.
  12. Oehmsclassics : Levine, James - Documents of the Munich Years - Vol. 4
  13. (en) Pamela Weston, Clarinet virtuosi of the past, York, Emerson, , 292 p. (ISBN 978-0-95062-098-5).
  14. AARON COPLAND Belgrade concerto 1961 - Čuveni dirigent i kompozitor u Beogradu, Consulté le 13 août 2009
  15. Blagojević, Andrija. Pregled istorijskog razvoja klarineta i literature za klarinet. Zvečan : Fakultet umetnosti, 2010, pp. 71-73
  16. Ware, Allan. Une discussion avec Milenko Stefanovic et son fils Predrag. The Clarinet, mai/juin 1988, p. 31
  17. Blagojevic, Andrija et Milan Milosevic. Milenko Stefanovic reçoit le prix pour l'ensemble de ses réalisations. The Clarinet, septembre 2010, p. 17
  18. Letter to Verna Fine November 7, 1963

Liens externes[modifier | modifier le code]