Chōko Mabuchi

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Chōko Mabuchi
馬淵 テフ子
Naissance
Hirosaki, Préfecture d'Aomori, Japon
Décès (à 73 ans)
Itō, Préfecture de Shizuoka, Japon
Nationalité Drapeau du Japon japonaise
Profession
Autres activités
Professeur d'éducation physique
Lanceuse de disque
Distinctions
Trophée Harmon des aviateurs

Chōko Mabuchi (馬淵 テフ子, Mabuchi Chōko?), née le à Hirosaki et morte le , est une pionnière de l'aviation japonaise. Sa collègue Kiku Nishizaki et elle sont en novembre 1933 les premières femmes à franchir la mer du Japon aux commandes d'un avion.

Jeunesse, études et ambitions olympiques[modifier | modifier le code]

Chōko nait le à Hirosaki, dans la préfecture d'Aomori. La carrière militaire de son père la conduit à déménager à plusieurs reprises, notamment à Osaka. Sa morphologie précoce (1,68 m pour 62 kg à l'âge de neuf ans) lui permet d'intégrer rapidement le Collège japonais d'éducation physique féminine[1]. À l'issue, elle obtient un poste de professeur d'éducation physique dans une école de Yokohama, tout en remportant de nombreuses compétitions de lancer du disque, la faisant rêver des jeux Olympiques d'Été de 1932.

Mais elle est éliminée lors de la phase finale de la sélection nationale. Pour l'aider à surmonter la dépression qui s'ensuit, sa condisciple Kiyoko Nagayama la convainc en mai 1933 de s'inscrire avec elle à l'École d'aviation asiatique[2]. Ce centre de formation, rebaptisé peu après Laboratoire d'aviation d'Ando (安藤飛行機研究所, Andō Hikōki Kenkyusho?), a été ouvert plus tôt dans l'année par le pionnier de l'aéronautique Kinjirō Īnuma qui cherche à étendre à la formation sa nouvelle entreprise de construction d'avions[3].

C'est là qu'elle fait la connaissance de Kiku Nishizaki (née Matsumoto)[4].

L'aviatrice[modifier | modifier le code]

En mars 1934, Chōko devient la treizième (ou dix-huitième selon les sources) japonaise à obtenir sa licence de pilote[3]. En avril, elle vole en solo vers le mont Kurotake sur la péninsule d'Izu, dans un hommage à son aînée Park Kyung-won, décédée quelques mois plus tôt sur cette montagne après le crash de son avion, pris par la tempête au dessus d'Hakone.

En juillet, Choko Mabuchi, Kiku Nishizawa et deux autres femmes pilotes fondent le Club des aviatrices du Japon (日本女子飛行士俱樂部, Nihon Joshi Hikoshi Kurabu?).

Aux commandes d'un Salmson 2, elle rallie Tokyo à Kazuno dans la préfecture d'Akita.

Le vol vers la Mandchourie[modifier | modifier le code]

Le Salmson2, un biplan français.

Le 26 octobre 1933, Chōko Mabuchi et Kiku Nishikazi s'envolent de Tokyo pour la Mandchourie, chacune à bord de son Salmson 2. Son avion est baptisé Papillon jaune — d'après une traduction de son prénom —, comme celui de Kiku porte le nom de Chrysanthème blanc. Un officier navigant complète chaque équipage, mais les deux femmes sont aux commandes. L'expédition est destinée à célébrer l'amitié entre la Mandchourie et le Japon, et emporte des messages du gouverneur de la préfecture de Kanagawa, du maire de Yokohama, des textes et des dessins d'enfants, entre autres[5].

La traversée de la mer du Japon leur prend neuf jours. Kiku se pose à Changchun le 4 novembre, rejointe le lendemain par Chōko qu'une avarie de son appareil a contrainte à un atterrissage forcé en chemin. À leur retour au Japon, elles sont traitées en héroïnes de l'aviation[4] et leur exploit leur vaut en octobre 1934 le Trophée Harmon.

Trophée Harmon des aviateurs.

Mais la déclaration de la seconde guerre sino-japonaise met fin à sa carrière de pilote, l'obligeant à renoncer notamment à son projet de vol vers l'Allemagne : toutes les aviatrices sont relevées de leur fonction en 1937.

Carrière d'enseignante[modifier | modifier le code]

Chōko Mabuchi reprend alors l'enseignement de l'éducation physique. Elle retrouve et prend en charge son amie Kiyoko Nagayama, qu'un accident d'avion a laissée hémiplégique.

En 1944, les deux femmes évacuent Tokyo sous les bombardements américains, et s'installent dans la préfecture de Shizuoka. Elles y vivront ensemble plusieurs années.

Chōko meurt le à Itō dans la préfecture de Shizuoka, à l'âge de 73 ans. Elle repose au cimetière de Tama dans la banlieue de Tokyo[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Murayama 2007.
  2. (ja) Kogure Tatsuo, « 空のパイオニア・飯沼金太郎と亜細亜航空学校 (Kinjirō Īnuma, l'aviateur pionnier et son Ecole d'aviation asiatique) . », 航空と文化 Air Forum. No. 109 (Summer 2014),‎ (ISSN 0389-2484), 日本航空協会. pp. 16–25..
  3. a et b Yuriko Matsumura, « 女もすなる飛行機—第8回 後続の女性パイロットたち » [archive du ], NTT Web Magazine, sur NTT Web Magazine, NTT Publishing (consulté le ).
  4. a et b Mabuchi 1935.
  5. « 歴史が眠る多磨霊園—馬淵テフ子 » (consulté le ).
  6. Esashi 2005.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (ja) Kuroyuri, Écoute l'hélice : histoire d'une jeune femme, Chōko Mabuchi [« 聞かずやプロペラーの歌 (馬淵テフ子、孃物語) »], vol. 27, Jitsugyo no Nihon Sha,‎ (OCLC 459013361), chap. 7, p. 74
  • (ja) Chōko Mabuchi, Baku Ishii, Sachiko Chiba et Kaiun Mishima (Kawashima, Riichiro; Kanemaru, Shigemine; Nakazawa, Fujio), 満州を語る, vol. 12, Shinchosha,‎ , 100–108 p. (ISSN 0492-1054, OCLC 9251592), chap. 5
  • (ja) Les femmes célèbres qui travaillent et leur méthode pour garder la santé : Chōko Mabuchi, Kyo Kiuchi, Aguri Yoshiyuki, Takiko Mizunoe et al. [« 知名職業婦人の健康法—馬淵テフ子 »], vol. 51, Fujokaisha,‎ , 302–303 p. (OCLC 41931808), chap. 2
  • (ja) Chōko Mabuchi, Le plaisir de piloter un avion [« 飛行機と共にゐる喜び »], vol. 51, Fujokaisha,‎ , 200–201 p. (OCLC 41931808), chap. 3
  • (ja) Chōko Mabuchi, À propos de la Mandchourie [« 満州を語る »], vol. 12, Shinchosha,‎ , 100–108 p. (ISSN 0492-1054, OCLC 9251592), chap. 5
  • (ja) Chōko Mabuchi et Kikuko Matsumoto, Après le vol vers la Mandchourie [« 訪滿飛行を終へて »], vol. 51, Fujokaisha,‎ , chap. 1
  • (ja) Kunio Hiraki, 天駆ける詩-ふるさとの女流飛行家-飛行家をめざした女性たち, Shinjinbutsu Oraisha,‎ , 222–228 p. (ISBN 4-404-01966-1, OCLC 674904160)
  • (ja) Akiko Esashi, 時代を拓いた女たち : かながわの131人, Kanagawa newspaper,‎ , 299 p. (ISBN 978-4-87645-358-0, OCLC 676450723, lire en ligne)
  • (ja) Shigeyo Murayama, 飛行士をめざした卒業生—馬渕てふ子と長山きよ, vol. 37, Japan Women's College of Physical Education,‎ , 45–51 p. (ISSN 0285-0095, OCLC 5181036368)

 Liens externes[modifier | modifier le code]