Candace Newmaker

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Candace Newmaker
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Psychiatric patient (d)
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Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Candace Elizabeth Newmaker, née Candace Tiara Elmore le 19 novembre 1989 à Lincolton (Caroline du Nord) et morte le 19 avril 2000 à Evergreen (Colorado), est une enfant qui a été tuée au cours d'une séance de thérapie de l'attachement de soixante-dix minutes réalisée par deux thérapeutes non agréées, censée traiter un trouble réactionnel de l'attachement de l'enfance. Le traitement au cours duquel Candace Newmaker a été étouffé comprenait notamment un processus de "rebirthing", ou "renaissance". Elle a été enveloppée dans une flanelle censée représenter le ventre d'une femme enceinte, avant qu'on ne lui demande de se libérer de ce tissu tandis que ses thérapeutes utilisaient leurs mains et leurs pieds pour appuyer sur elle de toute leur force et l'empêcher de s'échapper. Bloquée, incapable de bouger ou même de respirer, Candace a perdu la vie le jour suivant l'intervention.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Candace Elmore est née à Lincolnton, en Caroline du Nord, le 19 novembre 1989, d'une mère adolescente et d'un père violent, Angela et Todd Elmore. Cet environnement familial hostile a fortement influencé la façon dont elle a grandi.

Alors qu'ils sont encore jeunes, Candace, son jeune frère Michael et sa sœur Chelsea sont retirés du domicile familial au motif de négligences de la part des parents. Ils sont ensuite séparés par les services sociaux. Leurs parents perdent leur garde lorsque Candace a cinq ans. Deux ans plus tard, la jeune fille est adoptée par Jeane Elizabeth Newmaker, une femme célibataire et infirmière praticienne en pédiatrie à Durham, en Caroline du Nord. Elle obtient alors un nouveau certificat de naissance, et change de nom, pour s'appeler désormais Candace Elizabeth Newmaker[1],[2].

Quelques mois après l'adoption, Jeane emmène Candace chez un psychiatre, se plaignant de son comportement et de son attitude. Bien que Candace soit placée sous traitement médicamenteux, Jeane continua à se plaindre du comportement de sa fille au cours des deux années suivantes, déclarant que celui-ci s'aggravait et devenait de moins en moins supportable. Elle raconte entres autres que durant cet période, sa fille aurait joué avec des allumettes et tué des poissons rouges[2].

Thérapie de l'attachement et mort[modifier | modifier le code]

En avril 2000, Candace et Jeane Newmaker se rendent dans la ville d'Evergreen, Colorado, pour réaliser une séance de thérapie de l'attachement « intensive » de deux semaines, d'un coût de 7 000 $. Cette thérapie, basée sur des pratiques controversées, a été recommandé au préalable à Jeane par William Goble, un psychologue agréé de Caroline du Nord. Ce traitement doit être réalisé par la thérapeute Connell Watkins, qui n'a à ce moment-là aucune agrégation lui autorisant à pratiquer ce type de thérapie[1],[2],[3].

Candace est décédée au cours de la deuxième semaine de thérapie réalisée par Watkins, au cours de ce qui est appelé une séance de « rebirthing », ou "renaissance". Connell Watkins, assistée par la thérapeute Julie Ponder, également dépourvue d'autorisation lui permettant d'effectuer ces traitements, procède à cette pratique à l'issue tragique aux côtés des « parents adoptifs thérapeutiques » de Candace, Brita St. Clair, Jack McDaniel et Jeane Newmaker[3].

Conformément au scénario du traitement prévu pour ce jour-là, Candace est enveloppée dans un drap de flanelle et recouverte d'oreillers censés simuler un utérus ou un canal génital. Les thérapeutes lui demandent ensuite de trouver un moyen de sortir de cette enveloppe, pour simuler un accouchement et par conséquent une "seconde naissance". Si l'expérience réussit, le but est qu'elle permette à Candace de « s'attacher » affectivement à sa mère adoptive. Une fois le drap placé, quatre des adultes présents utilisent leurs mains et leurs pieds pour bloquer la tête, la poitrine et le corps de Candace, afin de compliquer les tentatives de l'enfant de s'extirper des tissus. Ils exercent ainsi sur elle un poids total de 305,2 kilogrammes, alors que l'enfant ne pèse que trente kilos. Durant toute la séance, Candace se plaint de souffrir atrocement, suppliant et appelant à l'aide car manquant d'air, incapable de se dégager. Elle déclare onze fois être en train de mourir, ce à quoi Ponder répond : « Vas-y, meurs maintenant, pour de vrai. Pour de vrai[2] ». Vingt minutes après le début de la séance, Candace se met à vomir, toujours coincée dans les draps[1].

Quarante minutes après le début de la séance, les thérapeutes demandent à Candace si elle souhaite "renaître", question à laquelle elle répond faiblement "non", épuisée et détruite par le poids des gens sur elle. Ce "non" sera son dernier mot[2],[4]. À la suite de cette réponse, Ponder s'exclame : « Dégonflée, dégonflée, dégonflée ! Abandonne, abandonne, abandonne, abandonne. C'est une dégonflée ![5] ». Jeane Newmaker, qui a déclaré plus tard qu'elle se sentait désemparée face à l'incapacité de Candace à renaître, est à ce moment-là invitée par Watkins à quitter la pièce, afin que Candace ne « se rende pas compte de la peine (de Jeane) ». Peu de temps après, la médecin réitère sa demande à McDaniel et Brita St. Clair qui quittent à leur tour la salle, laissant Candace aux mains des deux thérapeutes.

Finalement, après avoir débattu pendant cinq minutes sur la suite et l'issue de la séance, celles-ci finissent par libérer Candace. Elles constatent alors que la jeune fille est immobile, ne respire plus, et qu'elle a les lèvres ainsi que le bout des doigts bleus. Devant cette scène, Watkins déclare : « Oh, regardez-la ; elle dort dans son vomi ». Dans le même temps, Jeane Newmaker, qui assistait jusqu'à présent à la scène depuis un écran situé dans une autre pièce, se précipite auprès de sa fille. Elle remarque la couleur inquiétante de Candace et commence alors une manœuvre de réanimation pendant que Watkins appelle le 9-1-1. Lorsque les ambulanciers arrivent, dix minutes plus tard, McDaniel leur explique que Candace a été laissée seule pendant cinq minutes durant un processus de "renaissance" et qu'elle ne respire plus. Les ambulanciers supposent alors que Candace est inconsciente et qu'elle a arrêté de respirer depuis peu[1]. Après un certain temps de réanimation, les secours réussissent à rétablir le pouls de la jeune fille, qui est immédiatement transportée par hélicoptère vers un hôpital de Denver. Elle est déclarée en état de mort cérébrale le lendemain, le 19 avril, des suites de son asphyxie[2],[3],[4].

L'intégralité de la séance de "renaissance" qui conduira à la mort de Candace Newmaker a été filmé. Dix autres heures d'enregistrement ont également été retrouvés, provenant des séances précédentes. Toutes les vidéos ont été projeté lors du procès de Watkins et Ponder[3],[6].

Poursuites judiciaires et conséquences[modifier | modifier le code]

Un an après le drame, en avril 2001, Watkins et Ponder sont jugées et reconnues coupables de maltraitance sur enfant ayant entraîné la mort, et sont condamnées à 16 ans d'emprisonnement. Brita St. Clair et Jack McDaniel, les "parents d'accueil thérapeutiques", plaident coupables lors du jugement de négligence criminelle et sont condamnés à dix ans de prison avec sursis, ainsi qu'à mille heures de travaux d'intérêt général dans le cadre d'une négociation de peine[7],[8]. La mère adoptive, Jeane Newmaker, plaide coupable face aux accusations de négligence et de mauvais traitements et est condamnée à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec sursis. Néanmoins, les accusations finiront par être effacées de son dossier.

En 2003, Watkins fait appel de sa condamnation, mais la demande n’aboutis pas[9]. Elle sera finalement libérée sur parole en juin 2008 sous « surveillance intense », avec des restrictions concernant ses contacts avec les enfants ou son travail dans la psychothérapie. Elle avait alors purgé environ sept ans de sa peine, qui devait durer 16 ans[10].

Cette affaire a amené à la création d'une « loi Candace » au Colorado et en Caroline du Nord, qui interdit toute reconstitution dangereuse du processus de naissance, y compris à des fins thérapeutiques[11],[12]. La Chambre des représentants et le Sénat américain ont adopté séparément des résolutions appelant à des actions similaires dans d'autres États du pays[13].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Une référence au décès de Candace Newmaker est faite dans la série d'horreur YouTube Petscop, qui tourne autour d'un jeu fictif[14]. L'une des salles visitables du jeu est appelée la « quitter's room » ou "salle de la dégonflée", en référence aux paroles prononcées par Julie Ponder envers Candace. Le jeu à l'origine de la série fait référence au processus de rebirthing à travers différents personnages[15].

L'épisode Born Again de New York, police judiciaire est basé sur l'histoire de Candace Newmaker[16].

L'épisode Overload de CSI: Crime Scene Investigation présente un affaire basée sur cette histoire.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Barry Siegel, « Seeking child's love, a child's life is lost », Pittsburgh Post-Gazette,‎ , A1, A22-A24
  2. a b c d e et f Carla Crowder, « Her name was Candace », Rocky Mountain News,‎ (lire en ligne [archive du ])
  3. a b c et d (en) Karen Auge, « Alternative therapies not new in Evergreen », The Denver Post,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Audrey Gillan, « The therapy that killed », The Guardian,‎ (lire en ligne [archive du ])
  5. C. Caldwell, « Colorado rebirths convicted », The Weekly Standard, vol. 6, no 35,‎ , p. 20ff
  6. (en) Jean Mercer, Larry Sarner et Linda Rosa, Attachment Therapy on Trial: The Torture and Death of Candace Newmaker, Westport, CT, Praeger Publishers, coll. « Child Psychology and Mental Health », (ISBN 0-275-97675-0, ISSN 1538-8883, OCLC 51242100, lire en ligne Inscription nécessaire)
  7. (en) Mindy Sink, « Rockies: Colorado: Probation In Suffocation Death », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Kieran Nicholson, « Rebirthing aides to plead to lesser charges in death », The Denver Post,‎
  9. (en) « Affirmation of judgment and sentence on appeal by Watkins » [archive du ] (consulté le )
  10. (en) Associated Press, « Therapist In 'Rebirthing' Death In Halfway House », KCNC-TV,‎ (lire en ligne [archive du ])
  11. (en) Larry Sarner, « "Rebirthers" Who Killed Child Receive 16-Year Prison Terms », Quackwatch, (consulté le )
  12. « § 14-401.21. Practicing "rebirthing technique"; penalty. », North Carolina General Assembly (consulté le )
  13. (en) « Senate Condemns Rebirthing Techniques », The Source on Women's Issues in Congress, vol. 10, no 68,‎ (ISSN 1526-8713, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  14. Phillip Moyer, « There's Something Hiding in Petscop », EGM,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Dylan Greene, « The Journey Across Newmaker Plane », Splice Today,‎ (lire en ligne)
  16. (en) « You Won't Believe These Cases Are Based on True Stories | Law & Order », YouTube

Annexe[modifier | modifier le code]