Callon d'Épidaure

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Callon d'Épidaure
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Biographie
Naissance
Période d'activité

Callon, appelé Callo dans son enfance, est une personne intersexe ayant vécu au IIe siècle av. J.-C. Le traitement médical qu'il a reçu est la première occurrence connue de chirurgie de réattribution sexuelle. Sa vie est narrée par Diodore de Sicile.

Biographie[modifier | modifier le code]

Au cours de la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C., Callon naît à Épidaure en Grèce antique[1],[2],[3]. Les détails de sa biographie sont présents dans la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile[4],[5]. Élevé comme une fille, Callon est, selon Diodore de Sicile, un orphelin forcé de se marier dès son « arrivée à maturité » et cohabite avec son époux pendant deux ans[1]. Pour Laura Pfunter, l'âge de Callon avant son mariage était « pré-pubertaire »[6]. Diodore de Sicile rapporte avoir entendu que Callon était prêtresse avant son mariage[1].

Même s'il existe peu d'informations sur la vie conjugale de Callon, Diodore de Sicile écrit qu'il « n'était pas capable des étreintes naturelles chez les femmes » et qu'il s'est trouvé forcé de « subir des étreintes hors-nature »[1]. Au cours de son mariage, Callon observe qu'un tumeur pelvienne devient gonflée et douloureuse, mais aucun médecin n'accepte de la traiter. Toutefois, un apothicaire finit par proposer de le soigner et incise la « tumeur » ; « les organes intimes d'un homme s'y révèlent, c'est-à-dire les testicules et un pénis fermé ». L'apothicaire incise le gland pour ouvrir l'urètre à l'aide d'un cathéter en argent en guise de drain puis recoud les tissus. Cet apothicaire facture des honoraires doubles car « il avait reçu une femme invalide et l'avait transformée en un jeune homme sain »[4].

Après avoir cicatrisé, Callon change son nom : de Callo, il devient Callon, puis il mène une vie d'homme[4]. À titre symbolique, il se débarrasse de ses instruments de tissage, car cette activité était considérée comme un travail assigné aux femmes[7]. Après sa transition, Callon est appelé devant un tribunal car il a assisté à des rituels religieux réservé aux femmes avant sa transition[4].

Historiographie[modifier | modifier le code]

En 2015, certains auteurs laissent entendre que la transition biologique de Callon peut découler d'un pseudo-hermaphrodisme masculin[8]. L'opération chirurgicale de Callon est la première intervention connue dans ce domaine et ses méthodes présentent de fortes similarités avec les techniques modernes[8]. Rebecca Langlands (en) remarque l'importance médicale sur la manière dont la transition de Callon est rapportée[7]. Pour Luc Brisson, les caractères androgynes de Callon, tout comme ceux de Diophante d'Abaé, relèvent d'un phénomène naturel susceptible d'être corrigé par une intervention chirurgicale[9]. Shaun Tougher note que les biographies de Callon et de Diophante apparaissent « dans le cadre de l'Est hellénistique »[2]. Katharine von Stackelberg écrit que l'hermaphrodisme était un fait assez courant pour avoir suscité un corpus juridique spécifique[10].

Article connexe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Siculus Diodorus, The historical library of Diodorus the Sicilian in fifteen books : the first five contain the antiquities of Egypt, Asia, Africa, Greece, the islands, and Europe : the last ten an historical account of the affairs of the Persians, Grecians, Macedonians and other parts of the world : to which are added the fragments of Diodorus that are found in the Bibliotheca of Photius : together with those publish'd by H. Valesius, L. Rhodomannus, and F. Ursinus / made English by G. Booth ..., Esq., (lire en ligne)
  2. a et b (en) Shaun Tougher, The Roman Castrati: Eunuchs in the Roman Empire, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-350-16404-8, lire en ligne)
  3. (de) Christof Rolker, « Ideas on Yde and Ydé: (un)gendered names in classical and medieval literature », sur Männlich-weiblich-zwischen (consulté le )
  4. a b c et d (en-US) « Exploring Gender and Sexuality in Antiquity: The Trial and Consciousness of Callon », sur SENTENTIAE ANTIQUAE, (consulté le )
  5. (en) C. S. Bartsocas, « An Endocrinologist's View of Genetic Disorders in Ancient Greece », International Journal on Disability and Human Development, vol. 2, no 3,‎ , p. 131–140 (ISSN 2191-0367, DOI 10.1515/IJDHD.2001.2.3.131, S2CID 147099598, lire en ligne)
  6. Laura Pfuntner, « Between Science and Superstition: Photius, Diodorus Siculus, and "Hermaphrodites" », Dumbarton Oaks Papers, vol. 74,‎ , p. 269–284 (ISSN 0070-7546, JSTOR 26979085, lire en ligne)
  7. a et b (en) Rebecca Langlands, « 'Can You Tell What it is Yet?' Descriptions of Sex Change in Ancient Literature », Ramus, vol. 31, nos 1–2,‎ , p. 91–110 (ISSN 0048-671X, DOI 10.1017/S0048671X00001387, S2CID 134711309, lire en ligne)
  8. a et b Georgios Markantes, Efthimios Deligeoroglou, Anastasia Armeni, Vasiliki Vasileiou, Christina Damoulari, Angelina Mandrapilia, Fotini Kosmopoulou, Varvara Keramisanou, Danai Georgakopoulou, George Creatsas et Neoklis Georgopoulos, « Callo: The first known case of ambiguous genitalia to be surgically repaired in the history of Medicine, described by Diodorus Siculus », Hormones, vol. 14, no 3,‎ , p. 459–461 (PMID 26188239, DOI 10.14310/horm.2002.1608 Accès libre, lire en ligne)
  9. (en) Luc Brisson, Sexual Ambivalence: Androgyny and Hermaphroditism in Graeco-Roman Antiquity, University of California Press, , 37 p. (ISBN 978-0-520-22391-2, lire en ligne)
  10. (en) Katharine T. von Stackelberg, « hermaphroditism », sur Oxford Research Encyclopedia of Classics, (ISBN 978-0-19-938113-5, DOI 10.1093/acrefore/9780199381135.013.8090, consulté le )