Calestous Juma

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Calestous Juma
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 64 ans)
Cambridge ou BostonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinctions
Membre de l'Académie africaine des sciences ()
Order of the Burning Spear (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Calestous Juma, né le à Busia et mort le à Cambridge est un universitaire kényan et employé des Nations Unies. Né dans une famille pauvre, il est un temps instituteur avant de se faire connaître par la qualité de ses écrits dans la presse. Devenu journaliste scientifique, puis chercheur, il acquiére une renommée qui lui permet de poursuivre ses études jusqu'au doctorat au Royaume-Uni. Il commence une carrière au Centre africain d'études technologiques (en), puis devient directeur exécutif de la Convention sur la diversité biologique et chercheur à la Kennedy School. Ses recherches sur l'agriculture, l'appropriation de l'innovation et le développement économique connaissent une large diffusion au niveau universitaire mais aussi politique. Son parcours est récompensé de nombreux prix.

Biographie[modifier | modifier le code]

Calestous Juma naît dans le village de Busia le 9 juin 1953 dans un contexte de fin de la colonisation et de début d'indépendance[1],[2]. Il passe son enfance près de Port Victoria, sur les rives du lac du même nom[3],[4]. La famille de 14 enfants est régulièrement frappée par le paludisme et par des expulsions de leur logement[2]. Calestous Juma fait dater son intérêt pour les questions d'innovation aux inondations qui emportent les cultures de Port Victoria[5]. Il raconte que son père, charpentier de métier, rapporte de l'Ouganda du manioc, plus résistant à ce type d'événement[5],[2]. Sa mère fait de la vente dans les marchés pour subvenir aux besoins de la famille et à l'éducation de ses enfants[2]. Tout au long de ses études, il est soutenu et encouragé par ses parents[1].

Photo de Wangari Muta Maathai.
La biologiste et prix Nobel de la paix Wangari Maathai.

Il fait de la réparation d'électronique pour payer ses études et suit une formation d'instituteur, incapable de financer ses études à l'université[6]. En 1974, il est diplômé de l'école de formation des enseignants Egoji[7]. Il devient instituteur en sciences à Mombasa au sud du Kenya[2]. Repéré grâce à sa plume, il est employé comme correspondant scientifique et environnemental au Daily Nation[2]. Il est à l'époque un des premiers journaliste spécialisé dans les sciences en Afrique de l'Est et acquière rapidement une notoriété sur ces questions[1],[8],[6]. Encouragé par Wangari Maathai et le géographe Phil O'Keefe (en), il part étudier en 1982 au Royaume-Uni à l’université du Sussex grâce à une bourse[6],[1]. Il soutient son doctorat en 1986 sur le développement de la technologie de l'éthanol-carburant avec un comparatif entre le Brésil et le Zimbabwe[1].

Fondation du Centre africain d'études technologiques[modifier | modifier le code]

De retour au Kenya, il est à l'origine du Centre africain d'études technologiques (en) (ACTS), à l'époque premier groupe de réflexion sur la politique scientifique en Afrique[7]. Les nombreuses études et formations menées posent par exemple un cadre légal sur la propriété intellectuelle et les brevets au Kenya[6]. L'office des brevets du Kenya est créé suite à cette législation[9].

Carrière aux Nations unies[modifier | modifier le code]

En 1995, il est directeur exécutif de la Convention sur la diversité biologique[8]. Il en part en 1998 avant l'adoption du Protocole de Cartagène sur la prévention des risques biotechnologiques en 2000 en raison des limites qu'elle pose sur l'usage des OGM en Afrique[6]. Il travaille dans plusieurs groupes traitant des sciences, mais aussi des Objectifs du Millénaire sur le continent africain et met en place des réseaux scientifiques et politiques[8],[6]. En 1998, il devient professeur de développement international à la Kennedy School[2],[7].

Investissement dans la recherche en Afrique[modifier | modifier le code]

Une partie de la carrière de Calestous Juma est consacrée à l'émergence de réseaux scientifiques en Afrique et à leur institutionnalisation politique[8]. Il est régulièrement sollicité par des politiques ou par l'Union africaine[10].

Il est un acteur du Réseau d'Afrique australe pour les biosciences qui permet aux chercheurs et chercheuses d'Afrique un accès aux laboratoires sur l'agriculture et la santé[6]. Calestous Juma a co-présidé le Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur la science, la technologie et l’innovation[5]. Il est le fondateur de l'association African Centre for Technology Studies, qui traite de recherche technologique et de développement durable[5].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Calestous Juma meurt d'un cancer le 15 décembre 1953 à Cambridge dans le Massachusetts[6]. Son décès entraîne de nombreux hommages, d'universitaires mais aussi de politique auprès desquels il était influent[11],[6]. Le président kényan Uhuru Kenyatta parle d'un éminent savant, Paul Kagame « Nous avons perdu un esprit brillant qui se consacrait à l'innovation, à l'éducation et à la prospérité de l'Afrique »[5].

Travaux[modifier | modifier le code]

Les recherches de Calestous Juma portent sur les questions d'environnement, d'agriculture et d'appropriation de l'innovation par les sociétés[5]. Sa position d'utiliser la technologie et l'innovation est alors innovante[7].

Vue de plantation de thé verdoyant avec à l'arrière plan une colline et des forêts.
Plantations de thé au Kenya.

Il est à l'origine d'une large étude sur le développement économique et la protection de l'environnement[6]. Il est un défenseur des biotechnologies et un partisan de l'utilisation des OGM comme solution technique face au changement climatique[6]. En raison de cette position, il fait face à de nombreuses critiques, notamment pour ses liens avec des études de Monsanto[5],[12]. Calestous Juma développe son point de vue dans son livre The Gene Hunters qui contribue à la création de la Convention sur la diversité biologique en 1992[2]. Dans Innovation and Its Enemies, il réalise une histoire de la résistance à l'innovation en montrant que ce phénomène a existé tout au long de l'histoire[13]. Pour lui, les freins dans l’appropriation de l'innovation et du changement sont liés à la croyance qu'une faible partie de la société en bénéfice, au contraire de la société qui en supporte le risque[2],[6].

Dans The New Harvest, Calestous Juma apporte une approche critique de la révolution verte en pointant ses limites[14]. Il regrette notamment le manque d'éducation dans le domaine agricole, vu comme un dernier recours et non une carrière en Afrique[14].

Logo de la Convention sur la diversité biologique
Logo de la Convention sur la diversité biologique.

Ses travaux portent aussi sur les institutions des pays dont il se montre souvent critique, déplorant leur immobilisme et leur manque d'accompagnement par des infrastructures dans l'innovation[15],[16].

Les recherches de Calestous Juma ont obtenu le soutien de nombreux pays et de fondations comme celle de Bill et Melinda Gates[5].

Hommage et distinctions[modifier | modifier le code]

Tout au long de sa carrière, Calestous Juma obtient de nombreuses récompenses dont :

Postérité[modifier | modifier le code]

La fondation Calestous Juma legacy est créée en 2019[19].

Publications[modifier | modifier le code]

Durant toute sa carrière Calestous Juma publie beaucoup, des ouvrages, des articles mais aussi dans des journaux comme dans The New-York Times ou The Guardian[5] :

  • (en) Calestous Juma, The Gene Hunters: Biotechnology and the Scramble for Seeds, Princeton Legacy Library, (ISBN 9780691633077)
  • (en) Norman Clark, Calestous Juma, Long-run Economics, An Evolutionary Approach to Economic Growth, (ISBN 9781472511621)
  • (en) Calestous Juma, The new harvest: agricultural innovation in Africa, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-023723-3)
  • (en) Calestous Juma, Innovation and its enemies: why people resist new technologies, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-046703-6)

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o (en) Norman G. Clark, « Calestous Juma. 9 June 1953—15 December 2017 », Biographical Memoirs of Fellows of the Royal Society, vol. 71,‎ , p. 293–315 (ISSN 0080-4606 et 1748-8494, DOI 10.1098/rsbm.2021.0009, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e f g h et i (en) Adeel Hassan, « Calestous Juma, 64, Dies; Sought Innovation in African Agriculture », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne Inscription nécessaire, consulté le )
  3. (en) « Calestous Juma », sur National academy of science (consulté le )
  4. (en) « Calestous Juma, 64, Champion of Sustainable International Development | Belfer Center for Science and International Affairs » (consulté le )
  5. a b c d e f g h et i Romain Gras, « Avec le décès de Calestous Juma, l’Afrique a perdu un défenseur de l’innovation technologique », Jeune afrique,‎ (lire en ligne Accès libre)
  6. a b c d e f g h i j k et l (en) Linda Nordling, « Calestous Juma (1953–2017) », Nature, vol. 553, no 7689,‎ , p. 406–406 (DOI 10.1038/d41586-018-00627-z, lire en ligne, consulté le )
  7. a b c et d (en) Sundus Ahmed, « Calestous Juma (1953-2017) • », (consulté le )
  8. a b c et d (en) Biosafety Unit, « CBD: Former Executive Secretaries - Calestous Juma (1995-1998) », (consulté le )
  9. « Questions-Réponses : Calestous Juma parle de l'innovation africaine » (consulté le )
  10. « Professeurs sans frontières : Calestous Juma, résolument technophile », Jeune afrique,‎ (lire en ligne Accès libre)
  11. (en) « Celebrating Calestous Juma | Belfer Center for Science and International Affairs » (consulté le )
  12. (en-US) Laura Krantz Globe Staff et October 1, « Harvard professor failed to disclose connection - The Boston Globe » (consulté le )
  13. (en) « Calestous Juma died on December 15th », The Economist,‎ (ISSN 0013-0613, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  14. a et b (en) Elizabeth Gudrais, « Calestous Juma promotes African agriculture », sur Harvard Magazine, (consulté le )
  15. (en) Abdi Latif Dahir, « Africa’s leading innovation scholar, Calestous Juma, has died », (consulté le )
  16. (en-US) Ademola Adenle, « Calestous Juma: how Africa can honour his legacy », (consulté le )
  17. (en) « Calestous Juma, Ph.D. » (consulté le )
  18. « Kennedy School Professor Calestous Juma Dies at 64 », sur The Harvard Crimson (consulté le )
  19. (en) « Home | Calestous Juma Legacy Foundation | Innovation for Kenya's Development » (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Calestous Juma, The university drop-in: the life of Calestous Juma in his own words, Headline Books, (ISBN 978-1-958914-07-6)

Liens externes[modifier | modifier le code]