Bette maritime

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Betterave sauvage)

Beta vulgaris subsp. maritima

La bette maritime ou betterave maritime (ou betterave sauvage ou poirée), dont le nom scientifique est Beta vulgaris subsp. maritima, est une sous-espèce de plantes dicotylédones de la famille des Amaranthaceae, originaire de l'Europe de l'Ouest.

C'est une plante herbacée sauvage, halophile, qui pousse en bord de mer.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Les Romains l'auraient nommé Beta parce que la forme de la tige inclinée sous le poids des graines évoquerait la lettre grecque Beta. Les botanistes l'ont qualifié de « maritima » pour rappeler qu'elle vit sur les littoraux.

Histoire[modifier | modifier le code]

Cette plante semble avoir été assez commune aux époques de la Grèce et Rome antiques, car elle a été décrite par Pline l'Ancien, Dioscoride, Celse, Apicius qui en citent différentes formes cultivées. Elle a probablement été consommée dès la Préhistoire. Les Celtes en consommaient 2 000 ans avant Jésus-Christ. Des feuilles de blette étaient offertes aux dieux du sanctuaire de Delphes en Grèce[réf. nécessaire](confusion avec la bette, beta vulgaris ?).

Elle serait l'ancêtre[1] sauvage de toutes les betteraves comestibles et cultivées du genre Beta (Beta vulgaris subsp. cicla), puis des différents types de betteraves (Beta vulgaris subsp. esculenta ou hortensis) [2].

Synonymes[modifier | modifier le code]

Synonymes taxonomiques :

  • Beta vulgaris var. perennis L.,
  • Beta vulgaris var. marcosii O.Bolòs & Vigo,
  • Beta vulgaris subsp. perennis (L.) Aellen,
  • Beta marina Crantz,
  • Beta atriplicifolia Rouy

Synonymes nomenclaturaux :

  • Beta perennis (L.),
  • Beta maritima L.,
  • Beta decumbens Moench

Description botanique[modifier | modifier le code]

  • bisannuelle ou vivace (dominante : hémicryptophyte bisannuelle),
  • tige : glabre (parfois légèrement poilue) et parfois teintée de rouge ; tiges à port étalé, souvent ramifiées et ou plus ou moins dressées.
  • hauteur : 30 à 80 cm, exceptionnellement jusqu'à 100 cm
  • feuilles : assez charnues et de deux sortes :
    • les feuilles inférieures, à nervures peu épaisses sont plus charnues, de forme ovale ou rhomboïdale. Elles se rétrécissent fortement au pétiole
    • les feuilles caulinaires sont ovales ou lancéolées, aiguës
  • floraison : juin - septembre ; les fleurs (4 à 5 étamines) sont petites, vertes ou rosâtre et groupées en petits glomérules disposés le longs d'épis ramifiés. Leur périanthe, assez gros a 5 divisions formant des lobes appliqués sur le fruit. .
  • reproduction ; hermaphrodite dominante, avec pollinisation anémophile et protandre et dispersion barochore.
  • phytosociologie : Le syntaxon est Elytrigion athericae Géhu 1968 em. 1973 [sub nom.« Agropyrion pungentis »]
  • racine : dure et peu épaisse.

Reproduction[modifier | modifier le code]

Cette plante et sa reproduction font l'objet de nombreuses études en raison de l'intérêt économique de ses proches parentes cultivées, et de plusieurs de ses caractéristiques :

  • la gynodioécie [3],[4] (coexistence au sein d'une même population sauvage de pieds hermaphrodites et de pieds femelles)
  • phénomène de stérilité mâle nucléo-cytoplasmique [5]
  • possibles hybridation et réintrogressions génétiques dans le patrimoine génétique de betteraves cultivées contemporaines [6],[7],[8]
  • un besoin de vernalisation variant selon la latitude, alors qu'on peut supposer que les courants ont largement disséminé les graines. Selon la latitude, la floraison est plus ou moins précoce dans l'année, et la date de floraison se fait la première année ou l'année suivante. Ces dates sont sous le contrôle d'un gène mendélien B/b et par des QTL (quantitative trait loci) ; l'allèle B, beaucoup plus fréquent au sud, et totalement absent au nord inhibe le besoin de vernalisation[9].
  • un écotype (dit S023) de cette espèce résiste à un virus (« beet necrotic yellow vein virus » ou BNYVV, responsable d'une maladie dite rhizomanie) qui peut ravager les betteraves cultivées, tout en étant sensible à son vecteur Polymyxa betae [10].

Habitat[modifier | modifier le code]

Son habitat typique est la frange littorale, plutôt sur des milieux sablonneux ou caillouteux, mais on en trouve aussi poussant dans les galets.
Sa graine munie d'un flotteur en fait une plante adaptée aux habitats littoraux.
Sa cuticule épaisse et sa résistance (notamment au sel) lui permenent de survivre dans des environnements difficiles, très exposées aux UV, à la déshydratation par le soleil et le vent, ou encore dans les parties hautes de prés salés vasicoles ou sur le « schorre supérieur ».
Certains auteurs la jugent plutôt nitrophile (on la trouverait volontiers sous les falaises là où le guano des oiseaux est plus abondant précise IFREMER [11]).

Répartition[modifier | modifier le code]

On la trouve sur la façade maritime de l'Europe de l'Ouest et surtout de la Belgique à l'océan Atlantique, mais aussi en zone méditerranéenne, de l'Afrique du Nord à la Caspienne (Algérie [12]; Égypte ; Libye ; Maroc ; Tunisie ; Albanie ; Bulgarie ; Croatie ; Grèce et Crète ; Italie [dont Sardaigne et Sicile]; Monténégro; Slovénie), ainsi qu'en Macaronésie [13] (Açores [14], île de Madère [15] ; et îles Canaries [16]). Des betteraves étant présentes sur des îles assez éloignées des côtes, on peut supposer que la génétique des populations ait évolué en subissant l'influence des inondations et des courants marins [17].

Propriétés médicinales[modifier | modifier le code]

Jeunes pousses

Elle contient notamment les composés suivants :

Génétique[modifier | modifier le code]

Cette sous-espèce peut se croiser avec les différentes betteraves et bettes cultivées (Beta vulgaris)[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ford-Lloyd, B. V. & J. T. Williams. 1975. A revision of Beta section Vulgares (Chenopodiaceae), with new light on the origin of cultivated beets. Bot. J. Linn. Soc. 71:100. [lists as B. vulgaris subsp. maritima (L.) Thell., 1912].
  2. Beta vulgaris L. subsp. maritima (L.) Arcang., sur la base de données Germplasm Resources Information Network (GRIN), consulté 2010 03 20
  3. Touzet, P., Fénart, S., Fievet, V. & Cuguen, J. 2004 Dynamics of gynodioecy in wild beet. In Evolution Conference ; 2004, Fort Collins (États-Unis), 26-30 juin 2004. Fort Collin, Colorado, États-Unis: Communication orale
  4. Touzet, P., Fénart, S., Fievet, V. & Cuguen, J. 2004 A "state of the art" of gynodioecy in wild beet. In Workshop "Gender transitions from hermaphroditism to gonochorism and back", 21- 25 avril 2004. Haus Humboldtstein, Allemagne: Communication orale.
  5. Touzet, P. 2002 Stérilités mâles nucléo-cytoplasmiques chez la betterave maritime (Beta vulgaris ssp maritima) ; Réunion du GDR 1928 CNRS "Génomique des populations" des 27 et 28 mai 2002, Paris.
  6. Cuguen, J., Delescluse, M. & Viard, F. 2001 Population genetic structure and differentiation of weed beets from the French coast of the Channel. In ESF Scientific Programme : Assessing of the Impacts of Genetically Modified Plants (AIGM) - The environmental implications of gene flow from genetically modified sugar beet to sea beet, 17-20 May. Venice, Italy: Communication invitée.
  7. Cuguen, J., Arnaud, J.-F., Delescluse, M. & Viard, F. 2004 Crop/wild interaction within the Beta vulgaris complex: a comparative analysis of genetic diversity between sea beet and weed beet populations within the French sugar beet production area. In Introgression from Genetically Modified Plants into Wild Relatives and its Consequences (ed. H. Den Nijs & D. Bartsch), pp. 183-201. The Netherlands: CABI publishers, Inc.
  8. Van Dijk, H. 2004 Gene exchange between wild and crop in Beta vulgaris: how easy is hybridization and what will happen in later generations? In Introgression from Genetically Modified Plants into Wild Relatives and its Consequences (ed. H. Den Nijs & D. Bartsch), pp. 53-69. Amsterdam, The Netherlands: CABI publishers, Inc.
  9. A an Dijk H. ; Boudry P. ; Mc Combie h. ; Vernet P. ; Flowering time in wild beet (Beta vulgaris ssp. maritima) along a latitudinal cline ; Acta oecologica (ISSN 1146-609X), 1997, vol. 18, no1, p. 47-60 (1 p.1/4)
  10. L. Geyl, M. garcia Heriz, P. Valentin, A. Hehn D. Merdinoglu Identification and characterization of resistance to rhizomania in an ecotype of Beta vulgaris subsp. maritima
  11. page Ifremer sur la Bette maritime
  12. Quézel, P. & S. Santa. 1962–1963. Nouvelle flore de l'Algérie. (F Alger)
  13. Eriksson, O. et al. 1979. Flora of Macaronesia: checklist of vascular plants, ed. 2. (L Macar ed2) [= B. maritima L.].
  14. Silva, L. et al. 2005. Listagem da fauna e flora terrestres dos Açores. Lista des plantas vasculares (Pteridophyta e Spermatophyta).
  15. Press, J. R. & M. J. Short, eds. 1994. Flora of Madeira. (F Madeira)
  16. Izquierdo Z., I. et al., eds. 2004. Lista de especies silvestres de Canarias: hongos, plantas y animales terrestres. (L Canaries)
  17. Fievet, V., Touzet, P., Arnaud, J.-F. & Cuguen, J. (2004) Les courants marins influencent-ils la structure génétique de la betterave maritime (Beta vulgaris ssp. maritima) ? ; XXVIe Réunion du Groupe de Biologie et Génétique des Populations, Muséum national d'histoire naturelle, Paris. (communication orale)
  18. Coons, G. H. 1975. Interspecific hybrids between Beta vulgaris L. and the wild species of Beta. J. Amer. Soc. Sugar Beet Technol. 18:281–306. [this review mentions the use of this taxon (as B. maritima) as a bridge species].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]