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Orthoténie

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L'orthoténie est une théorie ufologique avancée par Aimé Michel en 1958 qui postule que, sur une courte période de l'ordre de 24 heures, les observations d'objets volants non identifiés (ovni) sont alignées, à la surface de la Terre, le long de grands cercles. Après sa réfutation définitive en 1976, une seconde théorie de même nature, dite de l'isocélie, est proposée en 1978, avant d'être abandonnée à son tour en 1981.

Bavic et la genèse de l'hypothèse

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Dans un ouvrage publié en 1958, l'ufologue français Aimé Michel pense avoir identifié ce qui deviendra le plus connu des alignements orthoténiques : la ligne dite « Bavic » (pour « Bayonne-Vichy »). Cet acronyme désigne la ligne droite (grand cercle), longue de 485 kilomètres, joignant ces deux villes. Michel remarque que, sur neuf observations d'ovni relevées dans la presse au cours de la seule journée du , six (Bayonne, Lencouacq, Tulle, Ussel, Gelles, Vichy) sont dans un alignement quasi parfait une fois reportées sur une carte[1],[N 1]. Il repère également de nombreux autres alignements, tel celui du , où cinq observations sont localisées sur une droite, longue de 1 100 kilomètres, allant de Southend (Angleterre) à l'embouchure du (Italie)[2]. Il pose ainsi les bases de la théorie de l'orthoténie.

Selon Michel, Jacques Bergier aurait été son inspirateur au cours d’une discussion amicale : « "Ce qui serait amusant, ce serait de trouver un jour quelque chose comme ceci". Et il traça sur la nappe de la table du restaurant où nous déjeunions une dizaine de lignes droites se coupant au même point et présentant l’image d’une toile d’araignée, ou d’une roue avec ses rayons. »[3]

Dans le monde, d'autres chercheurs en ufologie se penchent à leur tour sur cette hypothèse et y ajoutent leurs contributions, tels le brésilien Olavo Teixeira Fontès, l'argentin Christian Vogt, l’espagnol Antonio Ribera ou l'américain Alexander Mebane, qui y intègre les données de la vague d'observations américaines de 1957. Mebane établit un modèle mathématique qui suggère que, sur un ensemble de 9 observations, l'alignement de 3 ou 4 points sur une droite peut relever du simple hasard, mais que la probabilité que 6 soient alignés se situe entre 1/500 000 et 1/400 000 000[4].

Critique et réfutation de l'orthoténie

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Bien que paraissant sérieusement étayée, cette théorie provoque naturellement de nombreuses critiques plus ou moins justifiées[N 2]. En 1964, se basant sur les calculs de Mebane, l'astronome Donald Menzel attaque vigoureusement l'argumentation de Michel[5]. Mais Menzel étant connu pour ses positions radicalement anti ufologiques, son argumentation ne retient pas l'attention.

En 1966, Jacques Vallée étudie à son tour la question en utilisant ses compétences et ses moyens en matière d’informatique. A l’aide de l’ordinateur de l’université de Chicago, il simule une vague d’observation et démontre que presque tous les alignements relèvent du hasard, mais que toutefois quelques-uns échappent aux probabilités[6]. Finalement, c'est en 1976, en recherchant la trace des observations à l'origine de Bavic dans les journaux locaux de l'époque, que l'ufologue Michel Jeantheau s'aperçoit que plusieurs dates sont erronées, ramenant l'alignement des quelques observations s'étant réellement produites le dans les limites d’un simple hasard[7]. Les fondements de la théorie de l’orthoténie s’en trouvent réduits à néant.

L'hypothèse

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Malgré ce coup qui parait fatal, la théorie de l'orthoténie refait surface en 1978, dans une variante développée par Jean-Charles Fumoux nommée « isocélie »[N 3]. Dans plusieurs publications[8],[9] il prétend démontrer scientifiquement que les observations d'ovni se répartissent géographiquement suivant un réseau de triangles isocèles. Selon ses recherches, se basant sur le relevé de 76 lieux d’atterrissages d’ovni observés entre le et le , on peut déterminer le tracé de 1 877 triangles isocèles égaux. Une génération de points due au seul hasard ne produit qu’une moyenne de 1 625,5 triangles. La différence significative de 251,5 triangles n’a qu’une chance sur mille d’être due au hasard. La conclusion de l’auteur est qu’une telle répartition régulière est nécessairement le fait d’une pensée intelligente. Séduit par cette théorie, Jean-François Gille[N 4]produit en 1980 une analyse mathématique[10], reprise et publiée par l’ingénieur Maurice Chatelain[N 5],[11]. Ils concluent « que le nombre des triangles isocèles engendrés par le réseau des atterrissages réellement rapportés soit dû au hasard est inférieur à un sur dix milliards de milliards ».

La réfutation

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Le premier reproche fait aux tenants de l’isocélie est de même nature que celui ayant conduit à l’abandon de la théorie initiale de l’orthoténie et porte sur le manque flagrant de fiabilité des observations retenues :

« Tous ceux qui se sont penchés sur les coupures de presse relatant des observations ont pu constater à l'occasion, que ces comptes rendus étaient souvent incohérents entre eux, imprécis, voire erronés ou fantaisistes et avaient parfois été rédigés sans la moindre vérification. »[12]

Une analyse mathématique et statistique approfondie et rigoureuse, menée par le GEPAN (CNES) au printemps 1981, démontre que, même en ne tenant pas compte des réserves évoquées ci-dessus sur l’absence de fiabilité des 76 points retenus : « Quel que soit le type de simulation et l'échantillon de "quasi-atterrissages" considéré, le hasard seul suffit à expliquer les résultats trouvés »[13]. Pour sa part, le magazine Science et Vie publie en , dans un article rédigé par Michel Rouzé, les résultats d'une étude réalisée par Dominique Caudron qui aboutit aux mêmes conclusions[14]. Comme le note le journaliste à la fin de son article :

« Que conclure de tout cela ? Rien en ce qui concerne la réalité ou la non-réalité des OVNI, ou l’origine extraterrestre de leurs occupants. Simplement l’isocélie, après d’autres tentatives d’appuyer sur une démonstration scientifique la croyance en ce genre de phénomènes, s’effondre à son tour devant une vérification raisonnable. »

Notes et références

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  1. Quelque temps après la parution de son livre, Jacques Bergier lui signala que, le même jour et dans le prolongement de la ligne Bavic, un autre ovni avait été observé au Portugal, dans un petit village de la serra de Gardunha, ce qui faisait passer la proportion de 6/9 à 7/10.
  2. « Il a trouvé la loi de la propagation rectiligne des bobards », boutade rapportée par Heny Durrant in Les dossiers des O.V.N.I. Les soucoupes volantes existent, Robert Laffont, collection : Les énigmes de l'univers, 1973 p. 215
  3. Ancien officier de l'Armée de l'air française
  4. Docteur ès sciences, chargé de recherche au CNRS,
  5. Ingénieur français ayant travaillé aux USA chez North American Aviation, un sous-traitant de la NASA chargé du système de transmission du programme Apollo

Références

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  1. Aimé Michel, À propos des soucoupes volantes - Mystérieux Objets Célestes (MOC), collection Présence Planète, Editions Planète, 1966, pp. 94-106
  2. Aimé Michel, Oui il y a un problème soucoupes volantes in Planète no 10 de mai/juin 1963, pp. 89-107
  3. Aimé Michel, À propos des soucoupes volantes - Mystérieux Objets Célestes (MOC), collection Présence Planète, Editions Planète, 1966, p. 134
  4. (en) Alexander D. Mebane, The 1957 Saucer Wave in the United States. In Aimé Michel, Flying Saucers and the Straight-Line Mystery, Criterion Books, New York, 1958 pp. 233-285.
  5. (en) Donald H. Menzel, Do Flying Saucers Move in Straight Lines?, in Flying Saucer Review, 1964
  6. Jacques Vallée et Janine Vallée, Les phénomènes insolites de l'espace, La Table Ronde, 1966
  7. Jean Sider, Le dossier 1954 et l’imposture rationaliste, chapitre V : Que devient BAVIC ? Ou la journée du 24 septembre 1954 revue et corrigée par Michel Jeantheau, Editions Ramuel, 1997, p. 135
  8. Jean-Charles Fumoux, Les atterrissages d'OVNI : une logique de triangulation ? in Les extra-terrestres, no 5, janvier 1978
  9. Jean-Charles Fumoux, Preuves scientifiques OVNI objets volants non identifiés : L'isocélie, préface de Maurice Chatelain, Editions du Rocher, 1981
  10. Jean François Gille, L'isocélie - premiers résultats, document ronéoté, 1980
  11. Maurice Chatelain, Les messagers du cosmos, Robert Laffont, collection : Les énigmes de l'univers, 1980
  12. Alain Esterle et Manuel Jimenez, Note technique no 3, paragraphe 4.2, CNES/GEPAN, Toulouse, 27 avril 1981.
  13. P. Besse, Note technique no 3, chapitre 3, CNES/GEPAN, Toulouse, 27 avril 1981.
  14. Les OVNI sont-ils pilotés par des extraterrestres?, Science et Vie, no 770, novembre 1981, p. 60 et suivantes.

Bibliographie

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  • Aimé Michel, À propos des soucoupes volantes - Mystérieux Objets Célestes (MOC), Arthaud, 1958
  • Paul Thomas, Les extraterrestres, Plon, 1962, pp. 29-32
  • Aimé Michel, Oui il y a un problème soucoupes volantes in Planète no 10 de mai/, pp. 89-107
  • Jacques Vallée et Janine Vallée, Les phénomènes insolites de l'espace, La Table Ronde, 1966
  • Henry Durrant, Les dossiers des O.V.N.I. Les soucoupes volantes existent, Robert Laffont, collection : Les énigmes de l'univers, 1973 pp. 210-215
  • Jean-Charles Fumoux, Preuves scientifiques OVNI objets volants non identifiés : L'isocélie, Préface de Maurice Chatelain, Editions du Rocher, 1981 (ISBN 2268001091)
  • Maurice Chatelain, Les messagers du cosmos, Robert Laffont, collection : Les énigmes de l'univers, 1980 (ISBN 9782221005613)
  • Michel Rouzé, « L'isocélie, les ovnis et la statistique », Science et vie, no 770,‎ , p. 60-62
  • Jean Sider, Dossier 1954, Vermet, 1999 (ISBN 9782910401634)
  • Thibaut Canuti, Aimé Michel, le libre-penseur et les ovnis in la revue Ufomania no 56, Juillet/Août/

Articles connexes

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Liens externes

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