Charles Dujarier

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Charles Dujarier
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Charles Dujarier (né le à Paris (16e arrondissement) et décédé le à Paris (15e arrondissement)) est un chirurgien français des Hôpitaux de Paris. Il a été chirurgien en chef de l'hôpital Boucicaut et directeur de l'amphithéâtre d'anatomie des Hôpitaux de Paris[1].

Dujarier est le concepteur du bandage éponyme encore utilisé au XXIe siècle pour l'immobilisation totale du membre supérieur. Cette attelle maintient l'humérus et le coude au corps[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un professeur de lycée devenu ensuite censeur puis proviseur, Charles Dujarier vit une enfance marquée par les mutations de son père[3]. En 1888, il commence ses études à la Faculté de médecine de Paris. En 1890-1891, en troisième année, il bénéficie d'une bourse complète[4],[5]. Après son service militaire[a],[6], il reprend ses études et en quatrième année (1892-1893) et reçoit une demi-bourse[7]. Pour la cinquième année (1894-1895), il perçoit une bourse complète de 1200 francs[8].

En 1896, il exerce à la « Maison municipale de Santé » (actuel Hôpital Fernand-Widal)[6].

Pendant la Première Guerre mondiale, il est affecté à l'ambulance 14 du 10e corps d'armée (4 août 1914), détaché à l'hôpital d'évacuation no 3 de Châlons-sur-Marne (15 mars 1915), chef du service chirurgical de Rennes (15 avril 1915), promu médecin major de 2e classe de l'armée territoriale (16 février 1916), affecté à l'hôpital complémentaire no 105 de Rennes (26 février 1916)[6].

Charles Dujarier est fait chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire le 30 juillet 1916[9] et promu officier le 11 juillet 1928[10].

Affaire Dujarier-Geoffre[modifier | modifier le code]

En 1928, Suzanne Geoffre[b], modèle du couturier Paul Poiret qui souhaite fonder sa propre maison de mode, demande à Charles Dujarier, alors au sommet de sa notoriété, de pratiquer une opération de chirurgie esthétique sur ses jambes qu'elle souhaite affiner[11]. À cette époque la haute couture française promeut un type de jupes, s'arrêtant au genou, bien plus court que les modèles précédents[11] et Geoffre fait pression sur le praticien, menaçant même de se suicider s'il n'opère pas. La chirurgie esthétique en est encore à ses balbutiements, Dujarier n'a alors jamais effectué ce type d'opération. Il accepte cependant d'y procéder le , sur une seule jambe[c]. Dujarier retire des tissus adipeux à l'aide d'une curette mais, anticipant sur le résultat, il prélève une bande de peau bien trop large, ce qui l'empêche de suturer. Il se voit donc forcé de prélever aussi des tissus musculaires[11]. Finalement, ne parvenant toujours pas à suturer la jambe, il décide de la bander serré. Ceci provoque une gangrène, Suzanne Geoffre doit être amputée de la jambe le . Elle poursuit le chirurgien et obtient 200 000 francs de dédommagement auprès du tribunal de la Seine le [12]. Le jugement est confirmé par la cour d'appel de Paris le [11],[13].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Yannick Le Hénaff, « Cosmetic Surgery on Trial: How the Dujarier Case impacted its Practice and Structure in France during the Interwar Period », Social History of Medicine,, Oxford University Press,‎ (lire en ligne)
  • (en) Carolyn Comiskey, « Cosmetic Surgery in Paris in 1926: The Case of the Amputated Leg », Journal of Women's History, vol. 16, no 3,‎ , p. 30–54 (ISSN 1527-2036, DOI 10.1353/jowh.2004.0059, lire en ligne, consulté le )
  • Juan Carlos Rivera et Christian Bonah, « Le procès Dujarier-Geoffre », Annales de Chirurgie Plastique Esthétique, vol. 64, no 4,‎ , p. 362-367 (ISSN 0294-1260, DOI 10.1016/j.anplas.2019.04.005, lire en ligne, consulté le )

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Du 11 novembre 1891 au 19 septembre 1892
  2. Félicie Suzanne Geoffre, née le 8 mars 1894 à Paris (15e arrondissement) et décédée le 27 septembre 1979 à Tours. Elle a épousé le 22 mars 1926 à Paris (15e arrondissement) Yves Louis Le Guen.
  3. Le jugement de première instance évoquera la jambe gauche, alors que l'arrêt en appel mentionnera la jambe droite.

Références[modifier | modifier le code]

  1. DUJARIER (Charles) sur la BIU Santé.
  2. Encyclopédie Vulgaris Médical : Bandage de Dujarier
  3. Base Léonore, Dossier de Légion d'honneur d'Adrien Dujarier, États de service : Le Mans (1862), Louis-le-Grand (1867) et Bonaparte (1870) à Paris, Pontivy (1873), Sens (1876), Bourg-en-Bresse (1878), Angoulême (1885), Albi (1889), Tourcoing (1893), Orléans (1894).
  4. La France médicale et Paris médical, 2 janvier 1891, page 14.
  5. Arrêté du 6 décembre 1890, Journal officiel, 7 décembre 1890, page 5889.
  6. a b et c Archives départementales du Tarn, Registre de recrutement, Albi, classe 1890, numéro matricule 840
  7. Arrêté du 28 novembre 1892, Journal officiel, 6 décembre 1892, page 5822.
  8. Arrêté du 5 décembre 1894, Journal officiel, 12 décembre 1894, page 6054.
  9. Décret du 30 juillet 1916, Journal officiel, 31 juillet 1916, pages 6838, 6851 et 6853.
  10. Décret du 11 juillet 1928, Journal officiel, 12 juillet 1928, pages 7804 et 7806.
  11. a b c et d (en) Paula J. Martin, Suzanne Noël : cosmetic surgery, feminism and beauty in early twentieth-century France, Farnham, Ashgate Publishing, Ltd, , 157 p. (ISBN 978-1-4724-1190-7, lire en ligne), p. 89
  12. Recueil de la Gazette des tribunaux, juillet 1929, deuxième partie, pages 110 à 112.
  13. Recueil de la Gazette des tribunaux, juillet 1931, deuxième partie, pages 128 à 130.

Ressources et notices[modifier | modifier le code]