Antoine Köpe

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Antoine Köpe
Antoine Köpe sous l'uniforme austro-hongrois lors de la Première Guerre mondiale.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Antoine Fortuné KöpeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
austro-hongroise (-)
américaine (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Domiciles
États-Unis (à partir de ), ThessaloniqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit

Antoine Köpe, né en 1897 à Constantinople et mort en 1974 aux États-Unis après y avoir émigré en 1962, est un photographe, vidéaste et caricaturiste austro-hongrois naturalisé américain. Il est témoin de l'empire austro-hongrois ainsi que de la naissance de la République de Turquie, qu'il documente en utilisant différents supports (écrit, dessin, photo)[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Antoine Köpe naît en 1897 à Constantinople, alors dans l'Empire ottoman, d'une mère française et d'un père hongrois. Il a la nationalité austro-hongroise[1]. Antoine, comme le reste de sa fratrie, a un prénom francophone et parle français à la maison[1]. Il vient d'un milieu aisé, ce qui lui permet de découvrir le cinéma en 1902, à l'âge de cinq ans[2].

Sa famille déménage à Thessalonique en 1898, une ville multiculturelle où « juifs, orthodoxes, musulmans et catholiques se côtoient ». Mais bientôt la première guerre balkanique éclate et les troupes grecques et bulgares menacent Thessalonique, la « cocapitale » de l'Empire ottoman, ce qui force la famille Köpe à retourner à Constantinople en 1913; Antoine a alors seize ans[1]. À Constantinople, son frère Taïb travaille comme photographe pour l'État et prend des clichés aériens de la ville ainsi que de la mobilisation en 1914[3],[4],[5].

Première guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Durant la Grande Guerre, fin 1917, Antoine Köpe est envoyé avec l'armée austro-hongroise sur le front sud de l’Empire Ottoman, en Palestine, combattre les troupes britanniques. Il fait de nombreux croquis et dessins des soldats et des officiers, et réalise même (en 1915 déjà) un portrait de Paul von Hindenburg, avant de publier des caricatures dans le journal ottoman La Défense[2]. Après la défaite des empires centraux, il rentre à Constantinople[1].

Après guerre[modifier | modifier le code]

En juillet 1920, Antoine Köpe part travailler pour une compagnie minière en Anatolie, dans le village de Kandilli, près de la mer Noire[6].En 1921, il épouse Emilie, une femme d'origine grecque. En 1926 naît le premier enfant du couple (qui aura trois enfants: Karoly, Sandor et Elizabeth)[1]. Antoine Köpe achète une caméra Pathé et commence à filmer son quotidien. En 1923, Mustafa Kemal Atatürk fonde la République de Turquie, et Antoine, de nationalité austro-hongroise et de confession catholique, perd le poste administratif qu'il occupait dans la mine[6]. Néanmoins, il retrouve un travail à Sivas[1], en Anatolie centrale, comme directeur d'une succursale de la Banque ottomane[6].

En 1945, Antoine Köpe commence à rédiger ses mémoires en français, et il les termine quatorze ans plus tard, en 1959[7]. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, la situation d'Antoine Köpe et de sa famille s'est compliquée : la Turquie lui refuse la nationalité turque, tandis que la République populaire de Hongrie, communiste, lui retire sa nationalité hongroise. Devenu apatride, Antoine Köpe est contraint d'émigrer aux États-Unis en 1962 avec sa famille[1]. Ils obtiennent la nationalité américaine en 1962[8],[1],[9]ou en 1964[6].

Antoine Köpe décède en 1974 des suites d'un cancer[7].

Postérité[modifier | modifier le code]

En 2020, la réalisatrice turque Nefin Dinç réalise un documentaire consacré à son histoire, en reprenant des photos, films et dessins d'Antoine Köpe qui figuraient dans des archives familiales[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Alain Constant, « "Antoine le Bienheureux" sur Histoire TV : un témoin de la fin des empires », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (en-US) Matt Hanson, « Of family and empire: Transnational reflections at SALT Beyoğlu », sur Daily Sabah, (consulté le )
  3. Histoire TV, « Antoine le bienheureux », sur YouTube, (consulté le )
  4. (en) The Getty Research Institute, Photographers Represented in the Pierre de Gigord Collection of Photographs of the Ottoman Empire and the Republic of Turkey, 1852-1950, Los Angeles, 3 p. (lire en ligne)
  5. « The Project Gutenberg eBook of L'Illustration, no 3669 », sur www.gutenberg.org, (consulté le )
  6. a b c et d (de) « „Zwischen Kaiser und Sultan“: „Universum History“ erzählt die spannende Lebensgeschichte Antoine Köpes » (Communiqué de presse), sur OTS.at, (consulté le )
  7. a et b « Memoirs of Antoine Köpe », sur pro.festivalscope.com (consulté le )
  8. Nefin Dinç, Antoine le Bienheureux à la croisée des empires, 2020, documentaire, à 51'41.
  9. Lorans Tanatar Baruh, « City, Mobility and Identity in Köpe Famiily Archive » in Gabor Fodor (Ed.), Between Empires, Beyond Borders (...), Budapest, 2020, p. 141-160; v. p. 160 (cf. ci-dessous, Bibliographie)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Nefin Dinç, Antoine le Bienheureux à la croisée des empires (documentaire de 52 min.),
« Antoine le Bienheureux », sur Télérama, (consulté le ).
(en) « FOCAL Awards 2022, Shortlisted Nominees », sur Focal International (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Gábor Fodor (éd.), Between Empires, Beyond Borders: The Late Ottoman Empire and the Early Republican Era Through the Lens of the Köpe Family, Budapest, 21st-Century Studies in Humanities, (ISBN 978-9-634-16230-8, ISSN 2630-8827, lire en ligne)