Strate (botanique)

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En botanique, une strate végétale, appelée aussi étage, décrit un des principaux niveaux d'étagement vertical d'un peuplement végétal, chacun étant caractérisé par un microclimat et une faune spécifique.

Les strates déterminent une zonation verticale de la végétation, et parfois une zonation horizontale lorsque les peuplements se répartissent en ceintures végétales bien distinctes.

Toutes ces strates peuvent ne pas être conjointement présentes dans un milieu.

Dans une forêt primaire la présence d'espèces variées dans toutes les strates dans une structure non équienne (arbres de classes d'âges différentes) et en mosaïque est un gage et indicateur de biodiversité[1].

Cinq strates principales

Il n'existe pas de nomenclature universelle pour désigner les divers niveaux de strates ; des qualificatifs appropriés sont généralement choisis, se rapportant au type physionomique prépondérant dans chacune d'elles. De manière schématique et traditionnelle, cinq grands niveaux (qui peuvent être subdivisés) sont distingués[2] :

  • la strate arborée composée d'arbres dont la hauteur débute vers 8 ou 10 mètres (la strate arborescente supérieure est une sous-strate composée d'arbres de hauteur supérieure à 20 m, la strate arborescente inférieure d'arbres de hauteur inférieure à 20 m).
  • la strate arbustive composée d'arbustes ou buissons (mesurant de 0,3 m à 2 ou 3 m à l'état adulte pour la strate arbustive basse ou frutescente, de 2 ou 3 à 7 ou 10 m pour la strate arbustive haute) ;
  • la strate herbacée composée de plantes herbacées (dont notamment herbes et adventices, les semis et plantules d'arbres étant exclus), jusqu'à 1 m, 1,50 m de hauteur à maturité ;
  • la strate bryo-lichénique, muscino-lichénique ou cryptogamique composée de lichens et mousses, jusqu'à quelques millimètres de hauteur ;
  • la strate hypogée ou infracryptogamique composée de la flore souterraine (notamment l'appareil racinaire) et microfaune du sol ; essentiellement présente dans les 20 premiers centimètres du sous-sol ;

Les trois dernières strates sont parfois appelées "étages bas".

Des auteurs ajoutent parfois le niveau de la canopée ; partie supérieure de la strate arborée où s'épanouissent les « dryades » (phases de maturité, avec par exemple en Europe un couvert dominé par le sapin et/ou l'épicéa en milieu froid, acides et ou de montagne, et le hêtre en plaine) ; Après une coupe rase ou une perturbation naturelle, ces dryades n'apparaissent naturellement que lentement (ou jamais dans les forêts très exploitées, ne devenant dominant qu’après 200 ans, voire beaucoup plus en forêt tropicale et équatoriale.

Arbre émergent (ici Dipterocarpe dont le fût émerge de la canopée - Parc national de Khao Yai en Thaïlande)

Enfin, au sein des dryades, de la canopée elle-même émergent quelques très grands arbres, au port parfois très large, dits arbres émergents[3]. Ce sont souvent des espèces à bois dense et dur, à grande longévité (et à racines profondes là où l'eau manque). Ils sont souvent consolidés par de larges contreforts. Jeunes, ils sont sciaphiles (appréciant l'ombre et une humidité et fraicheur relative). Ils peuvent ne s'épanouir, comme arbres dominant la canopée, qu'après plusieurs siècles ou plus d’un millénaire d'une lente croissance sous le couvert de la canopée.

Une étude en 2008 montre que seule une douzaine d'espèce en forêt brésilienne atlantique résistent à la fragmentation forestière, et uniquement loin des lisières ou au cœur des parcelles les plus grandes[4]. Ces dernières espèces peuvent donc être considérées comme bioindicatrices de problèmes de fragmentation écologique des forêts[4].

L'occupation de chaque strate se traduit par une compétition des espèces pour la lumière et les ressources édaphiques (eau, éléments minéraux), chacune de ces espèces optimisant l'allocation des ressources aériennes (lumière) et souterraines entre les fonctions de croissance et de reproduction[5].

Évaluation de la diversité structurelle de la forêt française métropolitaine

Selon l'observatoire national de la biodiversité, concernant l'indicateur « Diversité structurelle des forêts de production métropolitaines (pour la période 2006-2010) » seuls 32 % de la surface forestière, soit 4 879 000 ha, comportent au moins deux strates arborées superposées (futaie irrégulière, mélange de futaie et taillis) ; 62 %, soit 9 545 000 ha, est mono-strate (futaie régulière ou taillis) ; les 6 % restants, soit 982 000 ha, n'ont pas pu être analysés[6]. Selon l'ONB, « Le nombre de strates végétales dans un massif forestier est un indicateur pertinent pour apprécier l'état de sa biodiversité. Un massif forestier diversifié, possédant de nombreuses strates, tend à contenir une importante diversité spécifique et structurelle »[1].

Stratification des habitats naturels ou semi-naturels

Représentation (théorique et simplifiée) de la succession forestière pour trois types d'essences. Après chaque événement perturbateur créant une trouée dans la forêt, à partir d’un stade pionnier, diverses strates de végétation se reconstituent et évoluent en succession, principalement sous le contrôle de la lumière et des herbivores le cas échéant

Des représentants de certains groupes animaux, végétaux ou fongiques peuvent coloniser toutes les strates de la forêt. C'est le cas par exemple des lianes (ex : Lierre) et de quelques espèces de lichens, mousses, bactéries, champignons, insectes)... Cependant, de nombreuses espèces ne vivent que dans une seule strate ou l'exploitent préférentiellement.

Ces strates évoluent dans l'espace et dans le temps, au rythme des perturbations écologiques et de la régénération naturelle ou des cycles sylvigénétiques

La hauteur et l'importance en termes de biomasse de chaque strate varie fortement selon le moment dans le cycle sylvogénétique et la zone biogéographique considérée.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. a et b ONB, Diversité structurelle des forêts métropolitaines Proportion des surfaces forestières métropolitaines comportant plusieurs strates arborées superposées
  2. Antoine Da Lage, Georges Métailié, Dictionnaire de biogéographie végétale, CNRE éditions, , p. 787.
  3. Richard C. Vogt (trad. Valérie Garnaud-d'Ersu), La forêt vierge à la loupe [« Rain Forest »], Larousse, , 64 p. (ISBN 978-2-03-589818-0), Les étages de la végétation pages 8 et 9 / Les plus grands arbres page 10 et 11
  4. a et b M.A. Oliveira, A.M.M. Santos, M. Tabarelli , “Profoundimpoverishment of the large-treestand in ahyper-fragmentedlandscape of the Atlanticforest” ; Forest Ecology and Management ; Volume 256, Issue 11, 20 November 2008, Pages 1910–1917 (Résumé)
  5. (en) Poorter, H. and Nagel, O, « The role of biomass allocation in the growth response of plants to different levels of light, CO2, nutrients and water: a quantitative review », Functional Plant Biology, 27, 2000, p. 595-607
  6. ONB, Fiche Surface de forêt de production en métropole en fonction de la structure du peuplement, sur la période 2006-2010