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Vieux haut allemand

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Vieux haut allemand
Althochdeutsch (goh)
Période de 750 à 1050 apr. J.-C.. La période linguistique du vieux haut allemand commence vers 500 ou 600 apr. J.-C..
Langues filles Moyen haut allemand
Région Allemagne du sud (au sud de la ligne de Benrath), parties de l'Autriche et de la Suisse, Bohême-du-Sud, communautés sporadiques en Gaule de l'est
Typologie SOV et V2, flexionnelle, accusative, accentuelle, à accent d'intensité
Écriture Alphabet romain
Classification par famille
Codes de langue
IETF goh
ISO 639-2 goh
ISO 639-3 goh
Étendue langue individuelle
Type langue historique
Glottolog oldh1241

Le vieux haut allemand (et non pas « vieil » haut allemand[1],[2] ; en allemand : Althochdeutsch) est la plus ancienne forme écrite de la langue allemande dans la période de 750 à 1050 environ, à laquelle succède le moyen haut allemand. La période linguistique du vieux haut allemand commence vers 500 ou 600[3]. On rencontre aussi l'expression équivalente « ancien haut allemand » qui est aussi une traduction du mot allemand Althochdeutsch. Le vieux haut allemand est une langue multi-dialectale qui n'est pas (ou très rarement) considérée comme la langue-mère de l'allemand actuel[3], à savoir le proto-germanique.

Historique

Le mot signifiant « allemand » (actuellement : deutsch) apparaît pour la première fois sous la forme latinisée theodiscus, dont le sens originel est « populaire », dans un document de 786[4]. Il y est question de deux synodes tenus en Angleterre et où les décisions prises ont été lues « tam latine quad theodisce », c'est-à-dire « tant en latin qu'en langue populaire/germanique ».

Il est généralement admis que la langue franque de l'époque carolingienne ne diffère pas du vieux haut allemand selon Henri d'Arbois de Jubainville[1].

La forme en vieux haut allemand du mot n'est attestée que nettement plus tard : dans la copie d'un manuscrit antique destiné à l'apprentissage de la lecture, datant probablement dans la deuxième moitié du IXe siècle, on trouve à propos du mot latin galeola (ustensile ou vaisselle en forme de crâne) l'annotation diutisce gellit (« en allemand, écuelle »). Cette annotation provient sans doute d'un moine qui, ne comprenant apparemment pas le mot galeola, a dû en demander le sens à un confrère.

Ces dialectes se distinguent des autres langues germaniques occidentales par leur prononciation des consonnes, plus précisément par la seconde mutation consonantique qui a rayonné du sud vers le nord[5].

Territoire où était parlé et écrit le vieux haut allemand vers 950.

Les dialectes au nord de la « ligne de Benrath » — c'est-à-dire les régions de plaine du nord de l'Allemagne et les actuels Pays-Bas — n'ont pas subi cette mutation. Ces dialectes septentrionaux du vieux allemand sont désignés par le terme de vieux saxon (Altsächsisch) ou, plus rarement, de vieux bas allemand (Altniederdeutsch). Le vieux saxon est devenu le moyen bas allemand puis le bas saxon.

Comme le vieux haut allemand est un groupe de dialectes proches et qu'il n'existait pas de norme unifiée pour la langue écrite au haut Moyen Âge, les textes témoins de cette époque peuvent être attribués aux différents dialectes du vieux haut allemand, si bien qu'on parle souvent plus exactement de (vieux) franconien occidental, de (vieux) francique méridional, de vieux bavarois, de vieil alémanique, etc.

Le plus ancien texte en haut allemand est le codex Abrogans, un glossaire bilingue latin-tudesque attribué à Aribon de Freising[6]. La littérature en vieux haut allemand consiste en grande partie en textes religieux (prières, vœux de baptême, traductions bibliques). Ce n'est qu'isolément que l'on trouve des textes profanes (chant de Hildebrand, Ludwigslied) ou d'autres témoignages (inscriptions, incantations magiques comme les formules magiques de Mersebourg). Un des documents profanes les plus importants est représenté par les Serments de Strasbourg.

Une caractéristique du vieil allemand est la conservation des voyelles des syllabes finales (inaccentuées) :

Vieux haut allemand Allemand actuel Français
machôn machen faire
tagâ Tage jours
demo dem de (au datif)
pergâ Berge montagnes

La situation politique au Xe siècle a entraîné une régression des écrits en général et de la production de textes germanophones en particulier. Un rétablissement de cette production est observé à partir de 1050. Comme les témoignages du XIe siècle se différencient nettement des textes antérieurs au point de vue phonétique, on parle depuis cette date de « moyen haut allemand » et non plus de « vieux haut allemand ».

Contrairement à la langue gotique qui est une langue éteinte sans filiation, le vieux haut allemand a évolué vers la langue allemande actuelle[1].

Piergiuseppe Scardigli a défini le lombard comme « une planète qui, après être longtemps restée dans l'orbite du gotique, a été ensuite attirée dans celle du vieux haut allemand », tandis que Marcello Meli précise : « En règle générale, c’est parmi les dialectes du vieux haut allemand que le lombard s'insère lui aussi, mais l'insuffisance de la documentation linguistique ne permet pas une classification sure ».

Selon l'universitaire Dominika Haradzinova, le vieux haut allemand compte plus de 500 mots[7] empruntés au latin qui s'expliquent par des contacts intenses dans les régions frontalières et dans la Germanie occupée par les Romains. De plus, l'universitaire Christoph Helm note aussi l'influence du latin sur la syntaxe de l'allemand et sur son mécanisme de formation des mots. Il évoque une diglossie latin-allemand où la forme basse allemande se serait progressivement émancipée, cette diglossie expliquant une forte influence du latin sur l'allemand[8] et constituant un exemple du cas plus général de la convergence des langues européennes sous un toit gréco-latin.

Paul W. Brosman, un linguiste qui a enseigné dans différentes universités américaines écrit « le français renfermerait de nombreux emprunts du vieux haut allemand et notamment du francique rhénan »[9],[10]. Wilhelm Meyer-Lübke, un linguiste universitaire, a identifié 125 étymons du vieux haut allemand pour la langue française[11]. Par exemple, le mot « guerre » serait issu du vieux haut allemand werra (mot attesté en 858[12]) et non pas de l'ancien bas francique[13]. Le mot « guerre » serait alors d'origine carolingienne au plus tôt (le vieux haut allemand va de 750 à 1050), non pas d'origne mérovingienne et non pas importé au cours des grandes invasions. Le mot guerra italien a aussi une étymologie en vieux haut allemand (lombard germanique).

La toponymie de villages et de villes en Belgique, France, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Autriche ou Italie fait parfois référence[14] au vieux haut allemand, comme par exemple pour Villers-la-Montagne et Ottwiller en France et pour Bergweiler en Allemagne.

Ne pas confondre Alt hoch Deutsch qui se traduit par « vieux haut (sud) allemand » avec Hoch Deutsch qui se traduit par « allemand standard » (actuel, non dialectal).

Notes et références

  1. a et b Cf. Henri d'Arbois de Jubainville, « La langue franque, le vieux-haut allemand et la langue française. Les mots français auberge, héberger, arban, arrière-ban, frais, geo-froi. », Romania, vol. 1, no 2,‎ , p. 129-145. (DOI 10.3406/roma.1872.6575)
  2. Cf. Michel Bréal et Ferdinand de Saussure, Rapport sur l'École pratique des hautes études, 1881-1882, 1881. (lire en ligne), « VI. Grammaire comparée. », p. 196-197.
  3. a et b (de) Hans Ulrich Schmid, Einführung in die deutsche Sprachgeschichte, Stuttgart, Springer-Verlag, , 309 p. (ISBN 978-3-476-04325-2, lire en ligne), p. 11
  4. Tristan Landry La mémoire du conte folklorique de l'oral à l'écrit 2005, p. 33.
  5. (de) Anne Mey, « Die zweite Lautverschiebung und ihre Bedeutung für die deutschen Dialekte, en français : la seconde mutation consonnatique et sa signification pour les dialectes allemand. », sur https://www.grin.com, (consulté le )
  6. D'après Kurt Becher, Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 1, Berlin, Duncker & Humblot, (ISBN 3-428-00182-6, lire en ligne), « Arbeo », p. 334
  7. (de) Dominika Haradzinova, « LEHNBEZIEHUNGEN DES DEUTSCHEN UND SLOWAKISCHEN - VERMITTLUNG DES LATEINISCHEN LEHNWORTSCHATZES » [PDF], sur https://is.muni.cz, (consulté le )
  8. (de) Christoph Helm, « Das Lateinische als nehmende und gebende Kontaktsprache » [PDF], sur https://journals.ub.uni-heidelberg.de, (consulté le )
  9. Martina Pitz, « Le superstrat francique dans le nord-est de la Gaule », sur https://www.persee.fr, (consulté le )
  10. (en) Paul W. Brosman, Jr, « Old High German -it- in French: vieux haut allemand -it- dans la langue française », sur https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1974_num_95_380_2436, (consulté le )
  11. (en) Paul W. Brosman, Jr, « The Few and the High German Element in Old French: le FEW et les éléments du vieux haut allemand dans le vieux français », sur https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1976_num_97_387_7217, (consulté le )
  12. (de) Köbler, Gerhard, « Chronologisches Wörterbuch des Althochdeutschen, en français : dictionnaire chronologique du vieux haut allemand », sur http://www.koeblergerhard.de/, (consulté le )
  13. Centre National de Resources Textuelles et Lexicales, « Etymologie du mot guerre », sur https://www.cnrtl.fr, (consulté le )
  14. Maria Besse, « Les 'doublets toponymiques' et la conception de la frontière linguistique romano-germanique comme zone de contact », sur https://www.persee.fr/doc/onoma_0755-7752_1998_num_31_1_1316, (consulté le )

Annexes

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