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Ahmed Cherkaoui (peintre)

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Ahmed Cherkaoui
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Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 32 ans)
CasablancaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
أحمد الشرقاويVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Influencé par

Ahmed Cherkaoui est un peintre marocain (Boujad, - Casablanca, ). Il est considéré comme l'un des précurseurs de la peinture moderne au Maroc.

Biographie

Issu par son père de la grande famille Cherkaoui dont un des aïeux, Mohamed Cherki, est un soufi célèbre, et par sa mère, qui meurt alors qu'il est encore jeune, d'un village berbère du Moyen Atlas, Ahmed Cherkaoui est né à boujâad à Derb al Qadriyine. Il s'initie à la calligraphie et étudie le Coran puis poursuit ses études secondaires à Casablanca, approfondissant auprès d'un maître réputé son apprentissage de la calligraphie. Désirant partir pour Paris, il exécute différents travaux, panneaux publicitaires, affiches et peintures d'enseigne.

Arrivé à Paris en 1956, Cherkaoui s'inscrit à l'École des Métiers d'Art dans la section arts graphiques où il étudie les techniques de la lettre, de la décoration et de l'affiche. Son diplôme obtenu en 1959, il dessine pour la maison Pathé Marconi les maquettes des pochettes de disques du département oriental. Ses premières peintures, figuratives, sont des paysages marocains. Il éprouve un choc lorsqu'il découvre la peinture de Bissière au Musée d'Art Moderne de Paris : « Lorsque j'ai vu Bissière pour la première fois, j'ai été tellement ému que j'ai pleuré. J'ai éprouvé un choc terrible devant ses œuvres. J'avais devant moi la beauté incarnée », confiera-t-il. La même année, il expose pour la première fois ses peintures, faisant le choix de la toile de jute comme support.

En 1960 Cherkaoui entre à l'École des Beaux Arts de Paris. Associé aux peintres de l'École de Paris, il tente la synthèse entre les traditions artistiques populaires marocaines et la modernité artistique européenne. Il expose pour la première fois au Maroc, au « Salon de la jeune Peinture » de Rabat. Ayant reçu en 1961 une bourse d'un an pour étudier à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, sa peinture évolue au contact des recherches graphiques polonaises et son vocabulaire de signes s'enrichit. En juin, juste à la fin de son séjour polonais, il expose ses nouvelles œuvres à Varsovie.

De retour au Maroc en , Ahmed Cherkaoui traverse une période de doute et d'interrogations. Il s'intéresse alors au monde des signes, étudiant les graphisme des tatouages, des poteries. Bientôt il brise la structure de ces signes en les intégrant, en marge de toute allusion figurative, à ses compositions et se constitue son langage personnel. Participant à plusieurs expositions collectives, à Paris comme à Casablanca, il est encouragé par Gaston Diehl, président fondateur du Salon de Mai et alors attaché culturel auprès de l'Ambassade de France au Maroc.

La même année Cherkaoui s'installe pour l'hiver à Paris où il travaille à une série de gouaches. En 1962 il présente une exposition personnelle et il participe à l'exposition « Peintres de l'École de Paris et Peintres Marocains » organisée par Gaston Diehl à Rabat. Invité au Salon de Mai il y rencontre Ludmilla qu'il épousera l'année suivante. Il fait également partie des expositions « École de Paris 1962 », à la Galerie Charpentier, et « Dix peintres du Maghreb », présentée en 1964 par Pierre Gaudibert à la galerie Le Gouvernail, avec Benanteur, Bouqueton, Guermaz et Khadda.

Cherkaoui est par la suite présent dans de nombreuses expositions collectives notamment en France et au Maroc, mais aussi en Algérie, en Espagne, au Japon et en Suède. En il prend un poste de professeur de dessin d'art au collège d'enseignement technique de Beaumont-sur-Oise. Il participe en 1966 au « Festival International des Arts Nègres » de Dakar et à l'exposition « Six Peintres du Maghreb » à Paris, présentée en 1967 à Tunis, avec notamment Benanteur et Guermaz. Il envisage alors de rentrer au Maroc : « Je cherchais à Paris la célébrité, j'y renonce, je rentre au Maroc, je veux former les enfants de chez nous ; si nous voulons sortir du sous-développement, il nous faut tous mettre la main à la pâte ». À moins de trente-trois ans il meurt à Casablanca des complications d'une crise d'appendicite.

De nombreux hommages à Cherkaoui sont organisés dans les années suivantes. En 1991 une exposition « Peintres du Maroc : Belkahia, Bellamine, Cherkaoui, Kacimi », est présentée à l'Institut du monde arabe de Paris, qui réalise en 1986 une rétrospective « Cherkaoui ou la passion du signe ».

Jilali Gharbaoui (1930-1971) et Farid Belkahia (1934) sont deux autres peintres non figuratifs marocains contemporains de Cherkaoui.

Jugements

  • « Enfant, ces signes l'intriguaient chez sa mère qui les portait sous forme de tatouages au visage et sur les mains. Il a fait des recherches à travers l'Atlas et dans différentes régions du Maroc (...). Il les admirés sur les poteries anciennes, les bijoux, les tapis, les cuirs des régions sahariennes (...). Il n'a pas reproduit le signe tel qu'il existait dans l'art traditionnel marocain, mais il l'a transposé par les moyens plastiques qui lui sont propres. (...) Il en a fait un langage pictural personnel, par la luminosité de la couleur, sa richesse, sa densité ».
Mohamed Sijelmassi[1]
  • Tahar Ben Jelloun : « Le peintre marocain Ahmed Cherkaoui, mort à 33 ans en 1967, a eu cette passion du signe et toute sa peinture – abstraite - est une lecture des plus beaux tapis de son Maroc natal. Une réinterprétation subtile et sublime de cet art si ancien et si moderne. »
Tahar Ben Jelloun[2]

Notes et références

  1. La peinture marocaine, Paris, éditions Jean-Pierre Taillandier, 1972, p. 62.
  2. Texte écrit pour le supplément dominical de « La Repubblica », Rome, 2007, Site officiel de Tahar Ben Jelloun.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Mohamed Sijelmassi, La peinture marocaine, Paris, éditions Jean-Pierre Taillandier, 1972 [Ahmed Cherkaoui : p. 58 - 71] Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • La peinture d'Ahmed Cherkaoui, textes d'Abdelkebir Khatibi, Toni Maraini et Edmond Amran El Maleh, Shoof Publications, Casablanca, 1976.
  • Ahmed Cherkaoui, La passion du signe, textes de Mohammed Bennouna, Brahim Alaoui, Abdelkebir Khatibi, Edmond Amran El Maleh et Jean-Clarence Lambert, Institut du monde arabe, Paris, 1996, 192 p. (ISBN 978-2-909571-26-3) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Art contemporain marocain, dans « Horizons maghrébins, Le droit à la mémoire », n° 33-34, Université de Toulouse Le Mirail, 1er trimestre 1997.
  • Thomas Demulder, (Re)territorialisation de « l'entre-deux » par quelques artistes maghrébins — Driss Chraïbi, Ahmed Cherkaoui, Kateb Yacine, Albert Memmi et Nja Mahdaoui à la (con)quête de l'expression et de l'inscription du sentiment d'identité culturelle nouveau, Université Louis Lumière Lyon 2,
  • Mustapha Saha : Regard sémiotique sur la peinture intemporelle d'Ahmed Cherkaoui, http://www.pandesmuses.fr/2017/9/peinture-cherkaoui.html