Madelon Stockwell
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Madelon Louisa Stockwell, épouse Turner, née en 1845 à Albion et morte le à Kalamazoo, est la première femme à avoir été admise à l’université du Michigan. Stockwell Hall (1940), une des résidences de l’université, porte son nom, ainsi que la Stockwell Memorial Library, la bibliothèque d’Albion College où elle a étudié.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et adolescence
[modifier | modifier le code]Madelon Stockwell est la fille de Louisa Peabody (1819-1904) et du Révérend Charles Franklin Stockwell (1817-1850), président d'Albion College de 1843 à 1845. La famille connaissant des difficultés financières, Charles Stockwell part pour l’Ouest américain pour participer à la Ruée vers l'or en Californie. Ayant embarqué à New-York, il meurt pendant son voyage et est enterré en mer. Madelon Stockwell est orpheline à cinq ans[1].
Elle étudie à Kalamazoo College (en) et à Albion College. Première de sa classe (valedictorian), elle reçoit son diplôme en 1862.
Première femme admise à l'université du Michigan
[modifier | modifier le code]Pendant plus de cinq décennies, l'université du Michigan, fondée en 1817, n'accepte que les hommes. Dans les années 1860, les contribuables du Michigan commencent à demander que leurs filles aient aussi accès à l'université d'état. En , les administrateurs résolvent d'accepter toute personne qualifiée pour les études[N 1].
Madelon Stockwell est proche de Lucinda Hinsdale Stone, éducatrice activiste de Kalamazoo se battant pour la mixité en éducation, auprès de qui elle a suivi des cours. Quand cette dernière apprend la décision de l'université du Michigan, elle pousse immédiatement Madelon Stockwell à faire sa demande[1]. À Ann Arbor, siège de l'université, Stockwell passe un examen d'entrée plus long et plus difficile que celui donné aux étudiants, elle est acceptée comme étudiante de deuxième année et, en , commence ses études en lettres classiques[2], seule femme parmi 1 100 étudiants[N 2]. L'automne suivant, l'université accepte trente-trois autres étudiantes[3]. Madelon Stockwell reçoit son diplôme en 1872.
Après l'université
[modifier | modifier le code]En 1873, Stockwell épouse Charles King Turner (1843-1880), le compagnon de cours dont elle a partagé le pupitre, les étudiants étant assis en classe par ordre alphabétique[4]. Charles tombe malade de tuberculose et le couple part au Colorado puis en Californie dans l'espoir d'une guérison. Turner meurt en 1880 et Madelon Stockwell ne se remariera pas.
Stockwell s'installe à Kalamazoo avec sa mère et son beau-père, William Johnson, propriétaire d'une entreprise pharmaceutique qui, à sa mort, laisse sa fortune à sa femme et à sa belle-fille[5]. Stockwell fait partie d'une association littéraire pour femmes, donne des conférences sur l'anglais et le grec, leur culture et leur littérature, et peint. Elle se considère comme une étudiante éternelle et apprend l'italien, l'espagnol, le français et l'hébreu. Parallèlement, elle investit astucieusement sa fortune dans l'immobilier[1]. Elle retourne à Ann Arbor pour la 35e réunion de sa promotion en 1907, et pour le 75e anniversaire de la fondation de l'université du Michigan en 1912. À cette occasion, les administrateurs de l'université lui confèrent un doctorat honoris causa en récompense de son statut de pionnière[N 3].
Madelon Stockwell se retire peu à peu de la vie publique et passe les dernières années de sa vie en recluse. Elle meurt en 1924 dans la villa de style italianisant qu'elle avait héritée de son beau-père.
Postérité
[modifier | modifier le code]À sa mort, Madelon Stockwell laisse la majeure partie de sa considérable fortune à Albion College pour la construction d'une bibliothèque au nom de ses parents, la Stockwell Memorial Library[6]. En 1988, Albion College publie le journal tenu par Madelon Stockwell pendant son adolescence.
En 1940, l'université du Michigan donne son nom à une nouvelle résidence pour étudiantes, Stockwell Hall, résidence mixte depuis 2009[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Décision de l'administration : « That the board of regents recognize the right of every resident of Michigan to the enjoyment of the privileges afforded by the University; and that no rule exists in any of the University statutes for the exclusion of any person from the University, who possesses the requisite literary and moral qualifications ».
- Avec plus de mille étudiants, l'université du Michigan était une des plus grandes du pays.
- Extrait de la décision de l'université du Michigan : « (...) her poise and dignity and scholarship conquered at once what by many were thought to be insurmountable obstacles. ».
Références
[modifier | modifier le code]- Kim Clarke, Madelon’s World.
- Lucinda Hinsdale Stone, History of Co-Education in the University of Michigan.
- Dorothy Gies McGuigan, A Dangerous Experiment: 100 Years of Women at the University of Michigan.
- Ruth Bordin, Women at Michigan : the "dangerous experiment," 1870s to the present.
- Biographie du Dr William H. Johnson, [lire en ligne].
- Annonce de la construction de la bibliothèque dans le journal d'Albion College, [lire en ligne].
- Histoire de Stockwell Hall, Bentley Historical Library, [lire en ligne].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Ruth Bordin (préf. Martha Vicinus), Women at Michigan : the "dangerous experiment," 1870s to the present, University of Michigan Press, , 138 p..
- Kim Clarke, Madelon’s World, Heritage project, University of Michigan, [lire en ligne].
- (en) Dorothy Gies McGuigan, A Dangerous Experiment: 100 Years of Women at the University of Michigan, University of Michigan Press, , 136 p. (ISBN 978-0872730625).
- (en) Madelon Louisa Stockwell, éd. Leslie Dick, A Michigan childhood : the journals of Madelon Louisa Stockwell, 1856-1860, Albion College Library and Albion Public Library, , 257 p..
- (en) Lucinda Hinsdale Stone, History of Co-Education in the University of Michigan, Michigan Pioneer and historical society, .