École secondaire Baron Byng
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L'école secondaire Baron Byng était une école secondaire publique de langue anglaise au 4251, rue Saint Urbain dans l'ancien quartier juif à Montréal, Québec (Canada).
Ouverte par le gouverneur général du Canada Julian Byng en 1921, l'école est fréquentée en grande partie par des Montréalais juifs de la classe ouvrière depuis sa création jusqu'aux années 1960. Les anciens élèves de l'école secondaire Baron Byng comprennent de nombreux universitaires, artistes, hommes d'affaires et politiciens.
Histoire
[modifier | modifier le code]Au début du 20e siècle, le système scolaire confessionnel du Québec interdit aux juifs de fréquenter les écoles catholiques de langue française, les reléguant aux écoles protestantes. En 1916, les Juifs représentaient 44 % du total des inscriptions dans les écoles protestantes anglophones de Montréal. La participation juive, cependant, est interdite dans les comités scolaires et au conseil scolaire protestant, et les enseignants juifs sont victimes de discrimination en termes d'opportunités d'emploi[1],[2],[3].
Conçu par l'architecte montréalais John Smith Archibald et achevé en 1921, le Baron Byng est le résultat d'un plan du Conseil visant à séparer les Juifs afin d'éviter la dilution de la culture canadienne-anglaise et de l'instruction religieuse protestante enseignée dans leurs écoles publiques. Des années 1920 au milieu des années 1960, la population étudiante était en grande partie juive, atteignant 99 % en 1938, même si le corps professoral et le personnel étaient résolument anglo-canadiens[4].
Dans les années 1960, il y a un afflux d'étudiants juifs sépharades du maroc ou d'ailleurs et une section française est créée. Dans les années 1970, il y avait un nombre important d'étudiants d'origine grecque et autres. Finalement, la Charte de la langue française interdit à la population immigrante de fréquenter les écoles anglaises et la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal ferme l'école en juin 1980 en raison d'une baisse de la population étudiante[5]. Le dernier directeur de l'école est Robert Kouri qui a servi de 1970 jusqu'à sa fermeture[6].
Jusque dans les années 2019-2020, le bâtiment abrite l'organisme communautaire Jeunesse au soleil lorsque la Commission scolaire de Montréal récupère l'édifice pour une nouvelle école[7],[8].
Importance culturelle
[modifier | modifier le code]L'école Baron Byng allait jouer un rôle clé dans la vie intellectuelle, créative et politique de la communauté juive. Dans le domaine des arts, Anne Savage, qui enseigne la peinture à l'école, joue un rôle dans l'émergence d'un groupe d'artistes associé aux mouvements artistiques Peintres juifs de Montréal et Eastern Group of Painters[9] : Sylvia Ary[10], Jack Beder, Rita Briansky[5], Eric Goldberg (en), Alfred Pinsky (en) et Moe Reinblatt (en)[11] et Tobie Steinhouse[12].
L’école a ainsi formé de nombreux artistes et écrivains de grande renommée, dont plusieurs qui se distinguent d’ailleurs par leur esprit subversif. Mordecai Richler a souvent fait référence à Baron Byng dans ses écrits, parfois sous le nom de Fletcher's Fields High School d'après les champs voisins maintenant connus comme parc Jeanne-Mance[11],[13]. Richler parrainerait une bourse pour les étudiants du Baron Byng[6].
Les élèves comprennent également les poètes Irving Layton et A. M. Klein[2], érudit littéraire Sacvan Bercovitch[14], et écrivain Reuben Ship (en)[12]. D'autres figures clés des arts sont architecte et promoteur immobilier Maxwell M. Kalman (en)[15], impresario Samuel Gesser (en), homme d'affaires est producteur Harold Greenberg[16], Mel Hoppenheim[17], actrice Marilyn Lightstone, et philanthrope et fondateur des prix Giller, Jack Rabinovitch[18],[12].
Les anciens qui se distinguent en politique et en droit comprennent le juge de la Cour suprême du Canada Morris Fish[19], juges de la Cour supérieure du Québec Alan B. Gold et Benjamin J. Greenberg (en), dirigeant du Nouveau Parti démocratique David Lewis, membres de l'Assemblée nationale Harry Blank et Herbert Marx, négociateur en chef pour l'Accord de libre-échange canado-américain Simon Reisman (en)[20], et avocat et sénateur Yoine Goldstein (en)[2],[15],[12],[21].
Dans les domaines de la médecine et des sciences, d'anciens étudiants notables sont Phil Gold[15], Frederick Lowy, Rudolph Marcus Louis Nirenberg, Philip Seeman (en)[22], David Shugar[23], Lionel Tiger (en) et Eli Yablonovitch[24]. Parmi les autres anciens élèves notables sont Sydney S. Shulemson (en), pilote de chasse de la Seconde Guerre mondiale et soldat juif le plus décoré du Canada, et entrepreneur Lorne Trottier[12].
Selon le Musée du Montréal juif : « De nos jours, l’école Baron Byng occupe une place mythique dans l’imaginaire de plusieurs Juifs de Montréal qui ont grandi près de la Main »[2].
Le célèbre cancérologue Phil Gold se souvient : « Nos parents ne se souciaient pas vraiment de ce que nous faisions tant que nous avions de bonnes notes. Et nous avons bien fait, nous sommes sortis du ghetto »[5].
Références
[modifier | modifier le code]- Jacqueline Celemencki, Brief History of Antisemitism in Canada, Montreal, Musée de l'Holocauste Montréal, (ISBN 978-2-9815152-1-6, lire en ligne), p. 16
- Marian Pinsky, traduit par Chantal Ringuet, « Baron Byng High School », sur Musée du Montréal juif (consulté le )
- (en-CA) David Fraser, Honorary Protestants: The Jewish School Question in Montreal, 1867-1997, University of Toronto Press, , 514 p. (ISBN 978-1-4426-3048-2, lire en ligne), p. 5
- (en-CA) John Robert Colombo (en), Canadian Literary Landmarks, Dundurn, , 318 p. (ISBN 0-88882-073-9, lire en ligne)
- (en-CA) Janice Arnold, « Online museum memorializes Montreal high school », sur Canadian Jewish News, (consulté le )
- (en-CA) Ian Harrison, « ‘Sir George welcomed me with open arms’ », sur Concordia University, (consulté le )
- « La Ville de Montréal et Jeunesse au Soleil continuent de travailler ensemble pour lutter contre la pauvreté », sur Ville de Montréal, (consulté le )
- (en-CA) « Sun Youth still adapting after being forced to leave its home », CBC News, (lire en ligne)
- (en-CA) « Anne Savage fonds - », sur Concordia University Records Management & Archives and Library's Special Collections (consulté le )
- (en-CA) « Sylvia Ary », sur Juifs d'ici - Quebec, (consulté le )
- « Étude patrimoniale de l’ancienne école Baron Byng High School », sur Passerelles, (consulté le )
- (en-CA) « Notable Alumni », sur Baron Byng High School Museum (consulté le )
- (en-CA) « Mordecai Richler: Écrivain Provocateur », sur Literary Montreal (consulté le )
- (en-CA) « Sacvan Bercovitch (BBHS ’50) », sur Baron Byng High School Museum (consulté le )
- (en-CA) Nella Edel, « Perfect metaphor for Baron Byng », sur The Suburban, (consulté le )
- (en-CA) Pip Wedge, « Greenberg, Harold », sur History of Canadian Broadcasting, (consulté le )
- (en-CA) « Mel Hoppenheim », sur Juifs d'ici - Quebec, (consulté le )
- (en-CA) Jack Batten, « Jack Rabinovitch and Doris Giller: the love story behind Canada’s most prestigious book award », sur Toronto Life, (consulté le )
- « Morris Fish », sur Juifs d'ici - Québec (consulté le )
- (en-CA) « A life well lived – Simon Reisman », sur Policy Options (consulté le )
- René Lewandowski, « Un pilier du droit n’est plus », sur www.droit-inc.com, (consulté le )
- (en-CA) Diane Peters, « Researcher Philip Seeman shed new light on biology of schizophrenia », The Globe and Mail, (lire en ligne, consulté le )
- Marian Scott, « Uprooted by suspicion », Montreal Gazette, (lire en ligne)
- (en) Dr. Samuel O. Freedman and Dr. Phil Gold. juifsdici.ca.