Émile Laurent (botaniste)

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Émile Laurent
portrait d’Émile Laurent
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Laurent, E.LaurentVoir et modifier les données sur Wikidata

Émile-Ghislain Laurent, né le à Gouy-lez-Piéton et mort en mer le , est un botaniste belge, docteur ès sciences, professeur à l'Institut agricole de l'État à Gembloux. Il mène des travaux de physiologie végétale et de bactériologie et conduit trois missions d'exploration au Congo.

Plusieurs taxons lui rendent hommage, tels que Albizia laurentii ou Millettia laurentii.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Émile Laurent est né le à Gouy-lez-Piéton où il passe son enfance avant de suivre les cours de l'Ecole moyenne de Mons puis d'entrer à l’École d'horticulture de Vilvorde en 1877[1]. Il obtient son diplôme le et commence à travailler dans l'établissement comme chef de culture. En 1882, il occupe la chaire de botanique. En 1888 il obtient un doctorat en sciences naturelles à l'université libre de Bruxelles. Il travaille alors successivement dans le laboratoire d'anatomie de de physiologie végétales de Léo Errera, à l'Institut Pasteur à Paris et au laboratoire de chimie biologique de la Sorbonne[1],[2],[3].

En 1892, il occupe la chaire de sciences naturelles à l’Institut agricole de l’État à Gembloux et y fonde un laboratoire dans lequel, il entreprend des recherches de pathologie[1].

Missions au Congo[modifier | modifier le code]

En 1893, Émile Laurent effectue un premier voyage au Congo sur ordre du roi pour cartographier le potentiel agricole et inspecter les plantations[4].

Émile Laurent dans la nature au Congo, vêtu de blanc, avec un casque colonial, au centre entre deux Congolais en tenues traditionnelles.
Émile Laurent avec deux Congolais.

En 1895, il est chargé par l’État indépendant du Congo de mener une une mission d’étude agronomique des plantations congolaises. Il recueille près de cinq-cents plantes pour la serre tropicale créée à Gembloux[1],[2],[5]. Ces plantes, sont exposées avec à Tervuren en 1897 dans le cadre de l’Exposition internationale. Certaines d’entre elles sont présentées à l’Exposition internationale de Paris en 1900, où elles ont un grand succès. Un jardin colonial est alors créé à Laeken, à proximité du domaine royal, pour l'étude et l'acclimatation des plantes en provenance du Congo ainsi que d'autres plantes exotiques susceptibles d'être utilisées pour les cultures congolaises[6].

Après son retour en Belgique, Émile Laurent réussit à convaincre le gouvernement de l’État indépendant du Congo de créer des jardins botaniques ou d’essais au cœur de l’Afrique pour encourager le développement agricole du Congo. Le Jardin botanique d’Eala est créé par arrêté royal du roi Léopold II en date du  : « Le jardin botanique [d’Eala] est destiné à réunir une collection des spécimens de la flore indigène et de végétaux exotiques tropicaux utiles. (…) Le jardin d’essais est consacré à la culture expérimentale des plantes de rapport susceptibles d’être produites dans de grandes proportions »[7],[4].

Émile Laurent embarque une troisième fois à Anvers, à destination du Congo, le , accompagné de P. Huyghe, jardinier, et de Léon Pynaert, horticulteur formé dans divers jardins botaniques réputés dans le but d'installer le jardin botanique d'Eala. Ils emportent avec eux 48 caisses de plantes et de graines d’origine tropicale.

Émile Laurent meurt de maladie en mer lors du voyage de retour, le . Son corps est immergé[2],[1].

Résultats[modifier | modifier le code]

Les explorations d’Émile Laurent ont ont eu des répercussions importantes pour la botanique et l'agriculture. Ses missions ont jeté les bases d'une première exploration scientifique des capacités agricoles de la colonie[4].

Émile Laurent a toujours souligné l'importance d'une connaissance approfondie de la faune et de la flore congolaise. Il dresse un premier inventaire des ressources végétales et prône la mise en place de recherches scientifiques et expérimentales. Ses conseils ont conduit aux premières institutions liées au développement agricole de l'Etat indépendant du Congo[4]. Certains estiment cependant que les recommandations d'Emile Laurent n'ont eu que peu de suite, le roi préférant une exploitation massive du caoutchouc quand Émile Laurent considérait l'agriculture comme « la source de richesse la plus durable des colonies équatoriales »[8].

Émile Laurent a découvert trois espèces de caféier et le potentiel de Coffea canephora, connu aujourd'hui sous le nom de Robusta. Parmi les plantes qu'il rapporte en Belgique, le Sansevieria laurentii est devenu très populaire. Il montre également que les lianes du genre Clitandra donne la gomme, une des richesses du Congo[1],[2].

Distinctions[modifier | modifier le code]

L'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique crée le prix Emile Laurent en hommage[3].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Conférences Sur Le Congo (1900), Kessinger publications, (réimpr. Réimpression en fac-similé de l'original de 1900), 76 p. (ISBN 978-1162357492)
  • avec Émile De Wildeman, Énumération des plantes récoltées par Émile Laurent pendant sa dernière mission au Congo, Bruxelles, Vanbuggenhoudt,
  • Essais relatifs à la dispersion du gui en Belgique, Gand, A Hoste,
  • Rapport sur un voyage agronomique autour du Congo, Louvain, Trois Rois,

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Ém. De Wildemann, « Laurent, Émile-Ghislain », in Biographie coloniale belge, tome I, 1948, col. 587-591, [lire en ligne].
  2. a b c et d « In Memoriam », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 33, no 367,‎ , p. 275–276 (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b « LAURENT Émile », sur Comité des travaux historiques et scientifiques (consulté le ).
  4. a b c et d (nl) « De eerste aanzetten in het Leopoldiaans tijdperk », sur Centrum agrarische Geschiedenis.
  5. Lancelot Arzel, « Chasser, récolter, exposer : Des bagages des collecteurs à la mise en musée, le parcours des objets naturalistes au Congo colonial des années 1880 aux années 1910 », dans Le spécimen et le collecteur : Savoirs naturalistes, pouvoirs et altérités (xviiie-xxe siècles), Publications scientifiques du Muséum, coll. « Archives », (ISBN 978-2-85653-881-4, lire en ligne), p. 185–231.
  6. « Jardin colonial », sur Brussels Gardens (consulté le ).
  7. « DÉCRET DU ROI-SOUVERAIN du 3 février 1900 portant création d’un jardin botanique et d’essai à Eala.  », sur www.leganet.be (consulté le ).
  8. « Expo Congo », sur www.expocongo.be (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Brien, « Émile Laurent », in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 683-703.
  • Auguste Gravis, « Laurent Émile », in Annuaire de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1909, p. 47-112, [lire en ligne].
  • André Lawalrée, « La botanique », in Robert Halleux, Geert Vanpaemel, Jan Vandersmissen et Andrée Despy-Meyer (dir.), Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000, Dexia/La Renaissance du livre, Bruxelles, 2001, vol. 1, p. 252.
  • Émile de Wildeman, État indépendant du Congo. Mission Émile Laurent (1903-1904), Bruxelles, Vanbuggenhoudt, (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]