Élection présidentielle salvadorienne de 2024

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Élection présidentielle salvadorienne de 2024
Corps électoral et résultats
Inscrits 6 214 399
Votants 3 266 466
52,60 % en augmentation 0,7
Blancs et nuls 76 851
Nayib Bukele – NI
Colistier : Félix Ulloa
Voix 2 701 725
84,65 %
en augmentation 31,6
Manuel Flores – FMLN
Colistier : Werner Marroquín
Voix 204 167
6,40 %
Joel Sánchez – ARENA
Colistier : Hilcia Bonilla
Voix 177 881
5,57 %
Président de la République
Sortant Élu
Nayib Bukele
NI
Nayib Bukele
NI
Présidente par intérim
Claudia Rodríguez de Guevara

L'élection présidentielle salvadorienne de 2024 se tient le afin d'élire le président et le vice-président de la république du Salvador. Le premier tour de l'élection a lieu en même temps que les élections législatives, tandis que les élections municipales sont organisées le 3 mars, date d'un éventuel second tour.

Le président sortant Nayib Bukele est candidat à sa réélection, la Cour suprême ayant auparavant jugée constitutionnelle une telle candidature malgré l'interdiction d'effectuer deux mandats consécutifs, à condition que le président sortant cède temporairement ses fonctions avant le scrutin, ce qu'il fait le au profit de Claudia Rodríguez de Guevara. Bukele bénéficie alors d'une très forte popularité en raison de sa politique de lutte contre les gangs. Le non-respect par la Cour suprême des principes de l'État de droit ainsi que la décision de Bukele de se représenter lui valent cependant des accusations de dérive autoritaire.

Nayib Bukele l'emporte dès le premier tour avec plus de 84 % des voix.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le président Nayib Bukele.

Nayib Bukele est à la tête du Salvador depuis sa large victoire à l'élection présidentielle de février 2019. Candidat antisystème alors âgé de 37 ans, il l'emporte dès le premier tour avec 53 % des suffrages en faisant campagne sur la lutte contre la pauvreté, mais aussi surtout contre la criminalité que connaît alors le pays, notamment du fait des gangs locaux, les « Maras ». Qualifié d'« enfant terrible » de la classe politique, il est particulièrement populaire chez les jeunes, mais doit cependant composer avec un parlement dominé par le parti de droite ARENA, étant lui-même élu sous l'étiquette de la Grande alliance pour l'unité nationale. Les premières années de sa présidence le placent ainsi en situation de cohabitation politique avec une assemblée hostile à ses projets de loi[1],[2].

Populaire du fait de sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19 — dans un contexte d'inquiétude de la population quant à ses retombées économiques —, il met en œuvre une politique sécuritaire extrêmement dure à l'encontre des criminels et des gangs. Celle-ci conduit à une réduction importante du taux d'homicides qui lui permet d’atteindre un niveau record de popularité, mais place son gouvernement en rupture avec les principes de l'État de droit, ce qui lui vaut de vives critiques chez l'opposition salvadorienne comme à l'étranger, sa présidence étant alors accusée d'effectuer un tournant autoritaire[3],[4]. Ce dernier l'amène ainsi à faire irruption à l'Assemblée législative le accompagné de militaires et de policiers lourdement armés, afin de faire pression sur les députés pour qu'ils votent un emprunt de 109 millions de dollars visant à financer son plan de lutte contre les « Maras », une action qui lui vaut de vives critiques et des accusations de tentative d'auto-coup d'État[5].

Opposants à la réélection de Bukele menifestant le

La politique de Bukele lui vaut néanmoins une popularité record malgré ces accusations d'autoritarisme. Après avoir fondé son propre parti présidentiel, Nouvelles Idées, les élections législatives organisées en février 2021 lui permettent d'obtenir finalement une confortable majorité pour mettre en œuvre sa politique. Les élections donnent en effet lieu à une large victoire de Nouvelles Idées, qui réunit la majorité absolue des suffrages et plus de deux tiers des sièges. Cette majorité des deux tiers permet non seulement à sa formation de choisir seule les plus hauts fonctionnaires du gouvernement tels que le Procureur général, mais aussi cinq des quinze membres de la Cour suprême dont le mandat de neuf ans doit prendre fin au cours de la prochaine mandature[6],[7]. Les élections révèlent un profond désaveu de la population envers le système de quasi bipartisme qui voyait l'Assemblée législative dominée depuis la fin de la guerre civile en 1992 par l'Alliance républicaine nationaliste et le Front Farabundo Martí de libération nationale, qui perdent respectivement deux tiers et la quasi-totalité de leur représentation parlementaire[6],[8].

La présidente par intérim, Claudia Rodríguez de Guevara.
Soutiens de la réélection de Bukele devant l'assemblée le

Le jour même du début de leur mandat le , les nouveaux députés élisent à la majorité qualifiée le Procureur général ainsi que les cinq juges de la Cour suprême qui composent ensemble la Cour constitutionnelle. Nayib Bukele qualifie alors ce renouvellement de « nettoyage de la maison », envers une institution qui avait jugé à plusieurs reprises l'année passée que ses décrets présidentiels outrepassaient le cadre constitutionnel de ses pouvoirs, de même que son absence de prise en compte de plusieurs décisions législatives ou judiciaires. Le procureur général sortant avait par ailleurs ouvert plusieurs enquêtes pour corruption envers des ministres de son gouvernement[9].

Sept mois plus tard, la Cour suprême de justice juge légale la candidature d'un président à sa réélection immédiate, malgré son interdiction par la Constitution de 1983, réaffirmée par un jugement en 2014 confirmant l'obligation pour un président d'attendre au minimum la durée de deux mandats présidentiels avant de se représenter. En septembre 2021, la cour juge cependant légale cette pratique dans le cas où le président cèderait auparavant ses fonctions à son vice-président avant la tenue du scrutin. La décision est vivement critiquée par l'opposition, qui la qualifie d'inconstitutionnelle[10]. Cette nouvelle jurisprudence permet à Nayib Bukele d'annoncer le 26 octobre 2023 être candidat à sa réélection avec son vice-président, Félix Ulloa[11]. Il obtient le 30 novembre par une décision de l'Assemblée nationale — votée par 67 voix pour et 11 contre — de confier temporairement ses pouvoirs à Claudia Rodríguez de Guevara, qui devient ainsi présidente par intérim le lendemain sans que Bukele ne démissionne lui -même[12].

La politique très répressive envers le crime organisé voit le taux d'homicide au Salvador passer de 51 pour 100 000 en 2018, avant son arrivée au pouvoir, à 2,5 pour 100 000 en 2023, ce qui vaut à Bukele une popularité record de 92 % d'opinions favorables cette année-là[13]. S'il souffre d'une mauvaise image à l'international[14],[15],[16], Bukele demeure le président le plus populaire de l'histoire du Salvador[17] avec un taux de popularité qui se maintient généralement autour de 90 % d'opinions positives dans la population salvadorienne[18],[19].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le président du Salvador est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans. Si aucun candidat ne l'emporte au premier tour, un second est organisé dans les trente jours entre les deux candidats arrivés en tête. Celui réunissant le plus de suffrage est alors déclaré élu[20].

Les candidats à la présidence et à la vice-présidence se présentent sur un ticket commun. Tous doivent obligatoirement être salvadoriens de naissance, âgés d'au moins trente ans et être membres d'un parti politique[21].

Candidatures[modifier | modifier le code]

Six candidats sont en lice pour la présidence, avec leurs colistiers pour la vice-présidence :

  • Javier Renderos, du parti Force de solidarité (FS), avec pour colistier Rafael Montalvo[28]
  • Marina Murillo, du parti Fraternité Patriotique Salvadorienne (FPS), avec pour colistier Fausto Carranza[29]

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats de l'élection
présidentielle salvadorienne de 2024[30],[31],[32]
Candidats
et colistiers
Partis Premier tour
Voix %
Nayib Bukele
Félix Ulloa
NI 2 701 725 84,65
Manuel Flores
Werner Marroquín
FMLN 204 167 6,40
Joel Sánchez
Hilcia Bonilla
ARENA 177 881 5,57
Luis Parada
Celia Medrano
NT 65 076 2,04
Javier Renderos
Rafael Montalvo
FS 23 473 0,74
Marina Murillo
Fausto Carranza
FPS 19 293 0,60
Votes valides 3 191 615 97,65
Votes nuls 61 787 1,89
Votes blancs 15 064 0,46
Total 3 268 466 100
Abstention 2 945 933 47,40
Inscrits / participation 6 214 399 52,60

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le scrutin est un « raz de marée électoral » pour le président Nayib Bukele, qui est réélu dès le premier tour avec près de 85 % des suffrages, tandis que son parti, Nouvelles Idées remporte les élections législatives avec une avance similaire, remportant la quasi totalité des sièges à l'Assemblée législative[33],[34],[35],[36].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Salvador : le candidat antisystème Nayib Bukele remporte la présidentielle
  2. Salvador: Nayib Bukele l'anti-système remporte la présidence
  3. « Nayib Bukele, le nouveau président du Salvador vient rompre le traditionnel bipartisme », sur Nouveaux Espaces Latinos, LatinosFrance, (consulté le ).
  4. (en) « El Salvador polls: More power for President Nayib Bukele? », sur BBC News (consulté le ).
  5. « Au Salvador, des militaires lourdement armés occupent brièvement le Parlement », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  6. a et b (en) « El Salvador's Bukele poised for broad victory in mid-term elections », sur France 24, (consulté le ).
  7. « Salvador : des élections sous tension, le parti du président Nayib Bukele favori », sur France 24, (consulté le ).
  8. « Au Salvador, Nayib Bukele revendique la victoire aux législatives », Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  9. (en) jstaff, « El Salvador’s moves against Attorney General, constitutional court: “Direct Attack on Democratic Institutions” », sur WOLA, WOLA.org, (consulté le ).
  10. RFI, « Salvador: la Cour suprême autorise le président Bukele à se représenter », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  11. « Le président Nayib Bukele candidat à sa réélection », sur La Presse, LaPresseFB, (consulté le ).
  12. « Au Salvador, le président Nayib Bukele quitte son poste pour pouvoir préparer sa réélection en 2024 », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  13. « SALVADOR : BAISSE DRASTIQUE DU TAUX DE CRIMINALITÉ », sur Magazine Raids, histoirecollections, (consulté le ).
  14. (en-US) Brendan O'Boyle, « Behind Nayib Bukele's "Shocking" Turn », sur Americas Quarterly, (consulté le )
  15. (en-US) Natalie Kitroeff, « Young Leader Vowed Change in El Salvador but Wields Same Heavy Hand », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  16. Emily Crane, « El Salvador's president declares himself world's "coolest dictator" », sur New York Post, (consulté le )
  17. (en) Eddie Galdámez, « Nayib Bukele Approval Rating. Majority of Salvadorans approve of Bukele », sur elsalvadorinfo.net, El Salvador Info, (consulté le )
  18. Kate Linthicum, « El Salvador's Millennial President is a Man with One Vision: Power », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  19. Eddie Galdámez, « Despite Claims of Authoritarianism, President Bukele's Popularity Continues to be Strong in El Salvador », sur Global Voices, (consulté le )
  20. Salvador. Nayib Bukele part favori
  21. (es) Verónica Crespín, « Partidos aspiran a tener más alcaldes y diputados en 2024 », sur Diario El Mundo, (consulté le ).
  22. (en) « El Salvador's Bukele Says he will Seek Re-Election Despite Ban » (consulté le )
  23. (en) « Despite Prohibition, El Salvador President Bukele Says he will Seek Re-Election » (consulté le )
  24. (es) « Nuevas Ideas Proclama Candidatura Presidencial de Bukele para 2024 » (consulté le )
  25. (es) « Seis Partidos Eligieron Ayer a sus Candidatos para Elecciones 2024 » (consulté le )
  26. (es) « Nuestro Tiempo Elige sus Candidatos Presidenciales, Legislativos y Municipales para 2024 » (consulté le )
  27. (es) « Partidos de Oposición Oficializan a sus Presidenciables » (consulté le )
  28. (es) « Fórmula Presidencial de Fuerza Solidaria con Pasado Político en ARENA » (consulté le )
  29. (es) « Fraternidad Patriota Presentó su Fórmula Presidencial para 2024 » (consulté le )
  30. (es) Unidad de Comunicaciones del Tribunal Supremo Electoral de El Salvador, « Tribunal Supremo Electoral », sur info2024.tse.gob.sv (consulté le ).
  31. https://preliminar.tse.gob.sv/resultados/dashboard-index-1
  32. (es) Verónica Crespín, « TSE entrega credenciales a Bukele y Ulloa para período presidencial 2024-2029 », sur Diario El Mundo, (consulté le ).
  33. (en) bbcnews, « El Salvador election: Nayib Bukele revels in landslide win », sur BBC News (consulté le ).
  34. (en) [{@type:Person, « Nayib Bukele re-elected as El Salvador president in landslide win », sur the Guardian, (consulté le ).
  35. FRANCE24, « Présidentielle au Salvador : Nayib Bukele revendique sa victoire avec "plus de 85 % des voix" », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  36. « Salvador: victoire écrasante de Nayib Bukele, réélu président », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).