Éléphant blanc (expression)
Un éléphant blanc (calque de l'anglais white elephant[1]) est une réalisation d’envergure prestigieuse qui s’avère en définitive plus coûteuse que bénéfique et dont l’exploitation ou l’entretien devient alors un fardeau financier.
Origine de l'expression
[modifier | modifier le code]On trouve en Inde, pays où le bouddhisme est apparu, des éléphants blancs. Or la veille de la naissance de Bouddha, sa mère aurait rêvé d’un tel éléphant. À partir de ce récit, s’est développée une sacralisation des éléphants blancs. Il n’était notamment pas permis de les faire travailler. En outre, les éléphants blancs sont devenus des cadeaux prestigieux que les princes de l’Inde s'offraient mutuellement. Et pour les moins nantis de ces princes, recevoir un tel présent n’allait pas sans poser de problème, car entre l’obligation de bien traiter l’animal et l’interdiction de le faire travailler, sa possession pouvait se révéler ruineuse.
Réalisations qualifiées d'« éléphants blancs »
[modifier | modifier le code]Constructions
[modifier | modifier le code]- Le Palais de justice de Bruxelles, avec une surface au sol de 26 000 m2, qui est vide à 70 % et dont la campagne de rénovation commencée dans les années 1980 n'est toujours pas terminée.
- Le palais du Parlement de Bucarest, avec sa surface habitable de 350 000 m2, qui est également vide à 70 % depuis plus de 40 ans ;
- Le pont de l’île Rousski (Russie), le plus long pont à haubans du monde depuis son inauguration en 2012, connecte une île de seulement 5 000 habitants au continent.
Installations sportives
[modifier | modifier le code]- Le Stade olympique de Montréal[2].
- Les stades de football de Leiria (Estádio Dr. Magalhães Pessoa) et Aveiro (stade municipal d'Aveiro) construits pour le championnat d'Europe de football 2004 au Portugal.
- Le tremplin du Dauphiné de Saint-Nizier-du-Moucherotte construit pour les Jeux olympiques d'hiver de 1968[3].
- Le Stade national de Brasilia Mané Garrincha à Brasília (Brésil) construit pour la Coupe du monde de football de 2014[4].
- Le Stade olympique de Séville, construit en vue des Jeux olympiques d'été de 2004 ou de 2008, finalement attribués respectivement à Athènes et Pékin[5].
Véhicules
[modifier | modifier le code]- Le paquebot transatlantique britannique SS Great Eastern.
- L'hydravion à coque américain Hughes H-4 Hercules.
- L'avion à effet de sol soviétique KM (ekranoplan).
- Le Concorde[6], lancé dans un contexte d’économie développée (comme le paquebot France) entrent plutôt dans la catégorie des danseuses.
- Les sous-marins nucléaires d'attaque américains Classe Seawolf (seulement trois exemplaires construits sur les 29 prévus).
Les exemples abondent aussi dans des pays à « économie planifiée » ou dans les pays du Sud, par exemple au Togo où l'expression a été reprise dans la presse francophone[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Peter Weisman, Dictionnaire étymologique et critique des anglicismes, Librairie Droz, Paris, 2020.
- Stade olympique - Plus qu'un toit - Jean-Robert Sansfaçon, Le Devoir, 28 septembre 2010
- « VIDÉO - Grenoble 1968 : que reste-t-il du tremplin olympique de Saint-Nizier-du-Moucherotte ? », sur France Bleu, (consulté le )
- « Le mythe du pays du football démonté », sur Libération, (consulté le )
- « Paris 2024 : comment éviter l'arrivée des « éléphants blancs » ? », sur usbeketrica.com (consulté le )
- Concorde, c’est fini, RFI, 10/4/2003.
- « Un petit éléphant blanc pour le ministre Adji Otèth Ayassor ? », Le Temps, 6/4/2014.