Aller au contenu

Éva Thomas

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 12 janvier 2022 à 14:31 et modifiée en dernier par Tsaag Valren (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Éva Thomas
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités
Institutrice, couturière, écrivaine, activiste, éducatriceVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Site web
Distinction

Éva Thomas, née en 1942 dans l'Orne, est une défenseure des droits des femmes et des enfants. Elle est la première personne victime d'inceste à témoigner en France à visage découvert. Son témoignage bouleverse l'opinion publique.

Biographie

Éva Thomas est née dans l'Orne. Sa mère et sa grand-mère sont couturières. Éva Thomas veut devenir institutrice[1]. Elle entre dans une pension religieuse pour pouvoir s'instruire[2]. Elle sera institutrice, rééducatrice et psychopédagogue[3].

Éva Thomas publie en 1986, Le viol du silence[2]. Il s'agit du récit dans lequel elle raconte l'inceste qu'elle a subi à l'âge de 15 ans et le traumatisme qui s'est ensuivi[4]. Le , à l'occasion de la sortie de son livre, elle est invitée sur le plateau des Dossiers de l'écran. Le sujet abordé dans l'émission est l'inceste. Trois femmes victimes témoignent sur le plateau. Deux d'entre elles sont filmées de dos. Éva Thomas témoigne elle, à visage découvert. Son témoignage crée les conditions d'un débat public sur l'inceste et la pédocriminalité. D'autres témoignages de femmes ont suivi[5]. Le témoignage d'Éva Thomas et son livre ont été un déclencheur et ont permis un revirement de l'opinion publique sur la pédophilie qui n'était pas considérée comme un crime. Elle s'inscrivait dans les années 1970 dans un contexte de libération des corps et d'émancipation des enfants[6].

En 1985, Éva Thomas fonde l'association SOS inceste à Grenoble[7]. L'association tient une permanence téléphonique et se bat pour faire changer la loi et inscrire le non consentement d'une personne de moins de 15 ans[8].

En 1991, elle fait changer son prénom, et son nom de plume Éva Thomas devient son identité civile[9].

En 1992, Éva Thomas publie un ouvrage de référence, Le sang des mots, réédité en 2004, Le sang des mots. Les victimes, l'inceste et la loi.

Distinctions

Publications

Prises de position concernant l'inceste

Dans son ouvrage Le sang des mots, Éva Thomas souligne des facteurs qui contribuent à l'impunité des coupables d'inceste, et qui retardent ou empêchent la reconstruction des victimes. Elle estime que la théorie du complexe d'Œdipe, qu'elle qualifie de « mythologie freudienne », conduit à un harcèlement des victimes d'inceste, qui sont systématiquement soupçonnées d'avoir été complices de l'inceste paternel[11]. Elle souligne l'importance des travaux de Sándor Ferenczi en la matière, et le fait que Sigmund Freud ait au contraire renoncé à toute perspective de soin des victimes d'inceste[12] :

« Tandis qu'on s'extasie encore sur le courage de Freud, qui a osé théoriser sur la sexualité infantile à cette époque, je pense que le vrai courage était celui de Ferenczi qui, en 1932, à un congrès de psychanalyse, osa dénoncer les viols incestueux dans les bons milieux et l'hypocrisie professionnelle de ses collègues »

— Le sang des mots[13]

Notes et références

  1. « Eva Thomas, ou l'engagement permanent - Lemagazine‧info », sur lemagazine.info, Le magazine, (consulté le )
  2. a et b Emilie Brouze, « Eva Thomas : celle qui en 1986 a brisé le silence sur l'inceste », Nouvel Obs,‎ (lire en ligne)
  3. Eva Thomas : Notice de personne (lire en ligne)
  4. « Les pères incestueux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « L'échec d'une procédure judiciaire intentée par une victime Patricia à armes inégales contre son père », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « 1977-2017 : comment notre morale sexuelle a basculé sur la pédophilie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Christophe Abramowitz, « Portrait d'isère Eva Thomas », sur France Bleu, (consulté le )
  8. « Témoignage. A Grenoble, Eva Thomas et son association SOS Inceste mènent le combat contre les viols sur mineurs », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
  9. Dominique Perrin, « La femme qui brisa l'omerta de l'inceste », M, le magazine du Monde, no 487,‎ , p. 13 (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  10. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044806286
  11. Éva Thomas, Le sang des mots : Les victimes, l'inceste et la loi, Éditions Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-09764-0), p. 296Voir et modifier les données sur Wikidata.
  12. Éva Thomas, Le sang des mots : Les victimes, l'inceste et la loi, Éditions Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-09764-0), p. 315-321Voir et modifier les données sur Wikidata.
  13. Éva Thomas, Le sang des mots : Les victimes, l'inceste et la loi, Éditions Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-09764-0), p. 292Voir et modifier les données sur Wikidata.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes