Viguerie

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Une viguerie ou vicairie du latin vicaria est une juridiction administrative médiévale bien attestée dès les IXe et Xe siècles dans le Sud de la France, notamment en Aquitaine, mais également en Catalogne, dans laquelle un représentant avait la charge d'une instance dévolue à régler les litiges dans les affaires civiles au nom du comte[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

« Viguerie » tient son nom du mot vicarius qui veut dire « remplaçant » et qui désigne dès le VIIIe siècle un agent administratif qui seconde et remplace pour certaines tâches le comte. Progressivement à partir du début du IXe siècle, le vicarius est assigné à une portion du comté, la vicaria. C'est le cadre d'une juridiction administrée par un personnage qui n'est pas le détenteur légal des droits d'origine publique qu'il exerce, mais le représentant local de ce dernier[2].

Apparue à l'époque carolingienne, la vicairie (vicaria) est au départ le siège local d'une juridiction civile rendue au nom du comte ou d'un autre potens détenant tout ou partie des pouvoirs comtaux sur un territoire donné (comme un vicomte par exemple). Cependant, avec l'accroissement du pouvoir des juridictions royales, la viguerie est devenue tardivement la juridiction locale, seigneuriale, la plus petite, ne traitant plus de la haute justice pour ne s'occuper que des affaires courantes (voierie). Elle est administrée par un viguier, qui est aujourd'hui un nom de famille relativement répandu dans le Sud de la France, c'est-à-dire un juge dont les compétences varient, selon les régions et les époques, du juge de cour d'assises à celui de juge de paix rural.

Les vigueries ont disparu en grande majorité sous Louis XV en 1749, à la suite d'un édit supprimant les petites juridictions. Cependant, dans plusieurs régions comme en Provence ou en Roussillon (viguerie de Conflent), elles ont survécu jusqu'à la Révolution.

Dans le Languedoc, le Rouergue et le Carladez, elles devinrent des tribunaux d'appel (premier degré d'appel).

En Catalogne, les vigueries ont été recréées en tant qu'échelon administratif. Elles se substituent aux provinces et sont entre la communauté autonome et les comarques.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Marc Mègemont, « Chanteuges une fondation issue du renouveau bénédictin », Moyen Âge, no 131,‎ novembre-décembre 2022, janvier 2023, p. 73 (ISSN 1276-4159).
  2. Pierre-Eric Poble, « Les structures territoriales en Auvergne méridionale au temps de Géraud d'Aurillac », Revue de la Haute-Auvergne,‎ janvier-mars 2010, tome 72, p. 47-70 (ISSN 1141-1325).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-François Boyer, « Pouvoirs et territoires en Aquitaine du VIIe au Xe siècle : enquête sur l’administration locale », Hamburger Studien zu Gesellschaften und Kulturen der Vormoderne, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2018, 987 p.
  • Delphine Joubes, « La viguerie, une circonscription judiciaire originale » sur books.openedition.org.
  • Gilbert Larguier, « Les justices royales secondaires en Languedoc et en Roussillon, XVIIe – XVIIIe siècles », Troisièmes Journées d'histoire et histoire du droit et des institutions de l'université de Perpignan Via Domitia, Presses universitaires de Perpignan, 2008, pp. 21-29.

Articles connexes[modifier | modifier le code]