Wikipédia:Lumière sur/Tillia tepe

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Aphrodite de Bactriane, or et turquoise, 5,0 × 2,6 cm.
Aphrodite de Bactriane, or et turquoise, 5,0 × 2,6 cm.

Tillia tepe, Tilia tepe, Tillya tepe, ou Tillā tapa ou « le tertre d’or », ou « la colline de l’or » est un site archéologique afghan situé dans la province de Djôzdjân à proximité de Chéberghân et fouillé en 1978 par une équipe soviéto-afghane dirigée par l’archéologue russo-grec Viktor Sarianidi, un an avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan de 1979.

Les fouilles du tell de l’âge du bronze ont permis de dégager un trésor de plus de 21 000 pièces diverses dans six sépultures (cinq femmes et un homme), dont des éléments de joaillerie très raffinés et datés des environs du Ier siècle avant J.-C. Parmi les éléments mis au jour des milliers de pièces découvertes sont en or, en turquoise ou en lapis-lazuli. Le tout constitue selon Jean-François Jarrige « un éblouissant ensemble de parures où se mêlent l'art des steppes, l'iconographie gréco-romaine, des objets indiens et des miroirs chinois du tout début du Ier siècle de notre ère ». Les fouilles ont livré une « extraordinaire moisson d'objets, éblouissants par leur matière et leur raffinement, mais plus précieux encore par tout ce qu'ils suggèrent de contacts » selon Pierre Chuvin. Le trésor est un « précieux témoignage d'un monde ouvert depuis longtemps aux échanges commerciaux » et en même temps le « prototype même du trésor archéologique oriental ».

Les découvertes faites alors ne se limitent pas au trésor : le site livra bien d’autres éléments importants pour la connaissance historique. Bien des questions restent cependant en suspens comme l’identité des personnes inhumées ainsi ou les influences diverses qui transparaissent dans les œuvres mises au jour.

L'histoire du pays rattrape la fabuleuse découverte archéologique : « le contexte chaotique des années 1980, qui emporte l'Afghanistan dans la tourmente de vingt années de guerre, allait créer le mythe, celui de l'or de Bactriane sur fond de guerres civiles et de luttes fratricides ».

Après sa découverte le trésor est considéré comme perdu pendant les conflits que subit l’Afghanistan : la guerre et l’occupation soviétique puis la guerre civile qui se poursuit jusqu’à ce que les Talibans soient chassés du pouvoir à Kaboul par l'intervention américaine de l'automne 2001. Cette période a été particulièrement dévastatrice, non seulement pour les populations mais aussi pour le patrimoine culturel du pays dont les sites archéologiques et le musée national qui perd la plus grande partie de ses collections.

Le trésor est redécouvert en 2003, il bénéficie depuis lors d’un éclairage international lors d’expositions organisées à l’étranger dont à Paris, au Musée national des arts asiatiques - Guimet, en 2006-2007. Il est prévu que l’or de Bactriane prendra place dans un nouveau musée à Kaboul non encore à l’ordre du jour du fait de l’instabilité chronique que connaît le pays.

Les découvertes sont essentielles, car il s’agit là selon l’expression de l'archéologue Véronique Schiltz d’un « chaînon manquant entre la fin d’Aï Khanoum, la cité grecque de l’Oxus détruite par les nomades, et la naissance du grand empire kouchan, construit, lui, par les nomades » et d'« un témoin majeur de l'identité afghane et de toute l'Asie centrale ».