Varažnouni
Les Varažnouni, Varajnouni ou Varazhnouni (en arménien Վարաժնունի) sont les membres d'une famille de la noblesse arménienne. Ces nakharark sont attestés dans les sources de 555 à 1000/1001. Certains d'entre eux s'illustrèrent au service de l'Empire byzantin.
Histoire[modifier | modifier le code]
Tradition[modifier | modifier le code]
Selon la tradition rapportée par l'historien médiéval arménien Moïse de Khorène, les Varažnouni seraient d'origine haïkide et remonteraient au jeune Varaž, habile[Note 1] chasseur distingué par le roi Artašès, qui l'aurait nommé intendant des chasses royales et l'aurait doté de terres dans la vallée de la Hrazdan, à l'ouest du lac Sevan[1],[2].
Dans les sources[modifier | modifier le code]
La première trace écrite de cette famille remonte cependant à 555, avec Hmayeak Varažnouni[3], et voit ces nakharark à la tête de terres effectivement situées dans la vallée de la Hrazdan, formant un canton au nom dérivé du leur, le Varažnounik, dans la province arménienne historique de l'Ayrarat[2]. La famille semble en effet avoir obtenu à une date indéterminée ce canton autrefois rattaché au domaine royal[4], ce qui peut laisser supposer qu'elle est issue de la dynastie royale des Aršakouni ou d'une famille apparentée (peut-être du nord du lac de Van (Vaspourakan) où il existe un autre canton portant le même nom)[5].
Les Varažnouni perdent leurs terres sous les Arabes et se réfugient alors au Vaspourakan, auprès des Arçrouni dont ils deviennent vassaux ; on dispose ainsi chez l'historien arménien des IXe et Xe siècles Thomas Arçrouni d'une mention d'un Mliah Varažnouni, martyr en 853[2]. On les retrouve alors vers 1000 à la tête du canton vasprakanien de Varažnounik[6],[7]. La dernière mention d'un des membres de cette famille est celle de Sahak Varažnouni, mort en 1000/1001[2] :
« En l'année 449 (21 mars 1000-20 mars 1001), il y eut paix et alliance solennelle entre l'empereur Basile et Sénékérim, roi arménien [du Vasbouragan]. Cette même année fut témoin de la mort de Sahag Marzban, seigneur de Varajnounik’ »
— Mathieu d'Édesse, Chronique, I.32.
À Byzance[modifier | modifier le code]
D'autres membres de la famille ont émigré en terres byzantines, où ils se sont mis au service des empereurs, comme peut-être Mleh le Grand (dans ce cas petit-fils du Mliah susmentionné)[8], le premier stratège du thème de Lykandos[9], et le duc d'Antioche Pilardos Varažnouni[10].
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Note
- Il y aurait là jeu de mots entre le nom Varaž et l'adjectif varž, « exercé », « habile » ; cf. Khorène 1993, livre I, ch. 12, note 11, p. 332.
- Références
- Khorène 1993, livre I, ch. 12, p. 126, et livre II, ch. 11, p. 169.
- Toumanoff 1963, p. 222.
- Settipani 2006, p. 253, qui cite Girk T'lt'os (le Livre des lettres), p. 74.
- Hewsen 2001, p. 44.
- Hewsen 2001, p. 78.
- Hewsen 2001, p. 116.
- Hovannisian 2000, p. 26.
- Dédéyan 1993, p. 69.
- Cheynet et Dédéyan 2007, p. 309.
- Hovannisian 2004, p. 175.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Source primaire
- Moïse de Khorène (trad. Annie et Jean-Pierre Mahé), Histoire de l'Arménie, Paris, Gallimard, coll. « L'aube des peuples », , 455 p. (ISBN 2-07-072904-4).
- Sources secondaires
- Jean-Claude Cheynet et Gérard Dédéyan, « Vocation impériale ou fatalité diasporique : les Arméniens à Byzance (IVe – XIe siècle) », dans Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Privat, (1re éd. 1982) (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 297-326.
- Gérard Dédéyan, « Les Arméniens sur la frontière sud-orientale de Byzance, fin IXe - fin XIe siècles », dans Yves Roman (dir.), La Frontière : Séminaire de recherche, Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, (lire en ligne), p. 67-85.
- (en) Robert H. Hewsen, Armenia : A historical Atlas, Chicago et Londres, The University of Chicago Press, (ISBN 0-226-33228-4).
- (en) Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian People from Ancient to Modern Times, vol. I : The Dynastic Periods: From Antiquity to the Fourteenth Century, New York, Palgrave Macmillan, (1re éd. 1997), 372 p. (ISBN 978-1-4039-6421-2).
- (en) Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian Van/Vaspourakan, Costa Mesa, Calif., Mazda Publishers, coll. « Historic Armenian Cities and Provinces », (ISBN 978-1-568-59130-8).
- Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8).
- (en) Cyrille Toumanoff, Studies in Christian Caucasian History, Georgetown, Georgetown University Press, , partie II, « States and Dynasties of Caucasia in the Formative Centuries », p. 147-273.