Trésor de Saint-Germain-lès-Arpajon
Le trésor de Saint-Germain-lès-Arpajon est la découverte fortuite en 2008 d'une cache de monnaies romaines de billion du IIIe siècle à Saint-Germain-lès-Arpajon dans l'Essonne. Ce trésor est remarquable par son volume exceptionnel, presque trente-quatre mille monnaies, et par la possibilité qu'il a eu d'être conservé et étudié en détail.
Historique de la découverte
Peu après avoir acheté une maison à Saint-Germain-lès-Arpajon, les nouveaux propriétaires procèdent à des terrassements dans le jardin en septembre ou . À seulement 40 cm de profondeur ils découvrent un amas de monnaies contenu dans une céramique brisée. Environ quinze milles petites monnaies romains. La déclaration de la découverte ayant été faite, le site est sécurisé et une seconde céramique[1] est trouvée juste à coté de la première et est prélevée cette fois intacte. Elle contient la seconde moitié du trésor. La nouvelle apparaît dans la presse le [2].
Composition du trésor
L'ensemble des monnaies a été étudié par les services de la Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. La seconde poterie qui avait été prélevée sur le site avec sa motte de terre a été fouillée en laboratoire avec une étude complète de la stratigraphie des monnaies qui ont été ensuite restaurées par le département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France.
Au total, ce sont 33 858 monnaies qui constituaient le trésor, pour un poids total d'environ 100 kg. La presque totalité des monnaies sont des antoniniens de Gallien (empereur de Rome de 253 à 268) et de Claude II le Gothique (empereur de Rome de 268 à 270) pour un quart, et des usurpateurs empereurs des Gaules, Victorin (260 à 274) et Tetricus Ier (271 à 274) pour les trois autres quarts[3], lors de la période troublée appelée Les Trente Tyrans et quelques autres émissions de la même période en moins grand nombre. Les monnaies les plus récentes étant celles de Probus régnant en 281. Ce qui permet de dater le dépôt des dernières années du IIIe siècle[4]
Interprétation historique
L'antoninien est une monnaie de faible valeur, originellement en argent bas-titre (billion), qui n'a cessé de se dévaluer depuis sa création en 215. À la fin du IIIe siècle, il ne contenait presque plus d'argent remplacé par le cuivre et était parfois simplement argentée en surface. La période des empereur gaulois est très troublée et sous la menace des raids de pillage germaniques. La confiance en la monnaie devient très faible ce qui incite à constituer des amas de pièces pour lutter contre l'inflation et les émissions de plus en plus frelatées. De nombreux trésors d'un nombre important d'antoniniens de cette époque ont été retrouvés en Gaule :
- le trésor d'Évreux, découvert en 1885, 340 kg de monnaies romaines, il comporte environ 110 000 antoniniens, dont environ 15 500 antoniniens à l'effigie de l'empereur Gallien[5].
- le trésor d'Eauze, découvert en 1985, 28 003 monnaies romaines d’argent ou de billon réparties en 4 706 deniers et 23 297 antoniniens
- le trésor des Authieux, comporte 1084 antoniniens, 6 deniers, 1 aureus et 3 bagues en argent de la fin du IIIe siècle[6]. Exposé à la Monnaie de Paris.
- le trésor de Pannecé (Loire-Atlantique), découvert en 2002[7] et composé de 41 000 antoniniens en majorité de Tetricus Ier[8]. Le trésor est visible au musée Dobré à Nantes[9].
Le trésor de Saint-Germain-lès-Arpajon s'inscrit donc dans la liste des plus importants trésors découverts en France et a pu bénéficier d'une étude complète publiée en 2020. Peu de trésors enfouis ont pu être étudiés avec cette minutie, à l'instar du trésor de Saint-Germain-de-Varreville, découvert en 2011, qui illustre cette méthode archéologique.
Bibliographie
- Vincent Drost (dir), Le Trésor de Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), un dépôt géant du IIIe siècle après J.-C, Bnf éditions, 2020.[10]
- Vincent Drost, Parution de Trésors monétaires XXIX : Le trésor monétaire romain de Saint-Germain-lès-Arpajon, un dépôt géant du IIIe siècle après J.-C., article in L’Antiquité à la BnF, . [lire en ligne].
Notes et références
- Les deux céramiques d'un diamètre d'environ 50 cm probablement du type d'un petit dolium
- « Un trésor gallo-romain découvert dans un jardin », sur Leparisien.fr, (consulté le ).
- Un des plus gros trésors retrouvé en France découvert dans l'Essone sur le site 7sur7.be.
- Informations et photos sur le site Culture.gouv.fr
- Gérard Aubin, Xavier Loriot et Simone Scheers : Corpus des Trésors monétaires antiques de la France, tome IV, Haute Normandie, Revue archéologique de l'ouest, tome 3, 1986. pp. 160-161, [1].
- La trouvaille des Authieux, un trésor contemporain de la réforme de Dioclécien sur le site bnf.fr.
- En 1841, sur le même site, un premier trésor de 30 000 monnaies avait déjà été découvert.
- Le trésor de Pannecé sur le site Journal-la-mee.fr
- Le fabuleux trésor de Pannecé enfin visible sur le site 20minutes.fr.
- Vincent Drost, « Trésors monétaires XXIX, Le Trésor de Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), un dépôt géant du IIIe siècle après J.-C. », sur bnf.fr, (consulté le ).