Sables fauves
La formation des sables fauves (« m4[1] ») est une strate géologique présente dans le bassin aquitain constituée de sables de couleur roux-orangé déposés au cours du Miocène moyen.
Origine
Au Miocène moyen intervient la dernière transgression de l'océan Atlantique dans le bassin Aquitain[2]. Des dépôts détritiques marins interviennent au Langhien (-15,97 à -13,82 millions d'années) et encore plus au Serravallien[2] (-13,82 à -11,63 millions d'années), pour former une strate qui recouvre progressivement une vaste partie de l'actuelle Aquitaine, marquant le début du comblement du bassin[3].
Pierre-Eudoxe Dubalen (1851-1936) assigne aux sables fauves leur place exacte au sommet du Tertiaire, limitant ainsi nettement les formations quaternaires ; et découvre Elephas primigenius dans les argiles bleues de Magescq, au-dessous des sables fauves dont il démontre ainsi l'âge récent[4],[5].
Caractéristiques
Il s'agit de sables assez argileux et très micacés, bien classés (fin à moyen)[3], parfois liés en grès[2]. La présence de fer, oxydé lors du dépôt (« ferruginisation »), leur confère leur couleur roux à orangé[3], avec des différenciations colorées allant du blanc à la base au marron rougeâtre au sommet[1].
La macrofaune est localement abondante, témoignant d'un environnement littoral — par exemple, la présence de restes dentaires attribués au mammutidé Zygolophodon turisensis a permis de dater certains sites du Serravallien[6].
L'épaisseur moyenne de la couche, ou puissance, est de l'ordre de 25 mètres. Des lits de graviers, traces d'anciens chenaux, forment des stratifications obliques au sein de la formation[3] : on peut y trouver de fortes variations granulométriques (graviers et galets), voire des indurations (grès durs à la base ou ferrugineux au sommet)[1].
Sa fine granulométrie générale ne permet pas à l'eau d'y circuler facilement — hormis dans les lits de graviers.
Les sables fauves sont généralement recouverts par une couche de grès ferrugineux (alios), puis par le sable des Landes[3].
Localisation
La formation est présente sur un vaste quadrilatère entre Bayonne, Aire sur Adour, Casteljaloux et Le Porge[3].
Les sables fauves serravalliens (notés m4) trouvent dans le sud des Landes (notamment autour et au somment de l'anticlinal d'Audignon[7],[8]) et dans le nord-ouest du Gers[9]. Les sables fauves langhiens (notés m3) se trouvent eux aussi aux abords de l'anticlinal d'Audignon (au nord près de Saint-Sever), et à Pécorade, au Petit-Capdeboscq dans le nord-est de Donzacq[10], à Trouilh (ouest de Mont-de-Marsan)[11]…
Réputation en viticulture
Une unité géographique « Sables fauves » est depuis 2013 une des composantes de l'indication géographique protégée « Landes ». Le terroir englobe toutes ou certaines communes des cantons landais de Roquefort, Villeneuve-de-Marsan et Gabarret[12], correspondant au Bas-Armagnac[13].
Bien que cette nature de sol soit parfois présentée comme peu propice à la viticulture des vins rouges de Gascogne[14], elle est généralement un argument de vente pour des producteurs d'armagnac[15] et des vignerons des Landes : les vignes plantées sur de tels sols donneraient un vin plus doux[16].
Notes et références
- [Capdeville et al. 1997] Jean-Pierre Capdeville, Marie-Christine Gineste (Préhistoire, archéologie), Alain Turq (Préhistoire, archéologie) et Philippe Vergain (Préhistoire, archéologie), Notice explicative de la carte de géologie au 1/50000e « Hagetmau » no 978, Orléans, BRGM, , 70 p. (lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr), p. 35.
- [Gardère 2002] Philippe Gardère, Les sables fauves : dynamique sédimentaire et évolution morphostructurale du bassin d'Aquitaine au Miocène moyen, Laboratoire de Géologique Sédimentaire et Paléontologie, Univ. Paul Sabatier, , sur books.google.fr (lire en ligne).
- « 2- Formation des Sables fauves - Moulin de Dubern (commune de Salles) », Fiche terrain, 2 p. [PDF], sur sigesaqi.brgm.fr, BRGM (consulté en ).
- [Lummau 1936] Pierre Lummau, « Nécrologie de Pierre Dubalen » (séance du 28 mai 1936, section « Vie de la société »), Bulletin de la Société préhistorique française, t. 33, no 5, , p. 290-291 (lire en ligne [sur persee]).
- [Dubalen 1910] Pierre-Eudoxe Dubalen, « Les Sables fauves de Chalosse à Salles (Gironde) », Procès-verbaux de la Société linnéenne de Bordeaux, t. 64, , p. 66-68 (lire en ligne [sur archive.org], consulté en ).
- [Cahuzac & Tassy 1999] Bruno Cahuzac et Pascal Tassy, « Sur trois nouveaux sites marins à Zygolophodon turicensis (Proboscidea, Mammalia) dans le Miocène moyen d'Aquitaine », Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de Toulouse, no 135, , p. 105–112 (lire en ligne [sur gallica]), p. 105.
- [Cahuzac, Cascio & Orain 2020] Bruno Cahuzac, Marie Lo Cascio et Bénédicte Orain, « Crétacé de l'anticlinal d'Audignon », Fiche AQI0205, sur inpn.mnhn.fr, (consulté en ).
- « Anticlinal d'Audignon, carte géologique interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Géologie » activées.
- Fiche sur geoltheque. Voir la carte géologique du Gers.
- Capdeville et al. 1997, Notice géologique, p. 48.
- [Capdeville et al. 1990] Jean-Pierre Capdeville, Patrick Andreieff (microfaune), Alain Cluzaud (macrofaune), Jean-François Lesport (macrofaune), Geneviève Farjanel (microflore) et Danièle Fauconnier (microflore), Notice explicative de la carte de géologie au 1/50000e « Mont-de-Marsan » no 951, Orléans, BRGM, , 41 p. (lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr), p. 16.
- « Cahier des charges de l'indication géographique protégée "Landes" », homologué par l'arrêté du 28 octobre 2011, publié au JORF du 11 novembre 2011 [PDF], sur agriculture.gouv.fr, Ministère de l'agriculture, (consulté en ), p. 8.
- Bulletin international du vin, éd. F. Alcan, (lire en ligne).
- « Côtes de Gascogne, des rosés séducteurs et des rouges ambitieux », sur eccevino.com (consulté le ).
- Pierre Casamayor, La dégustation, Hachette Pratique, , 128 p. (ISBN 978-2-01-230129-0, lire en ligne).
- Serge Lerat, Les Pays de l'Adour : Structures agraires et économie agricole…, Union française d'impression, (lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
- [Gardère 2005] Philippe Gardère, « La Formation des Sables Fauves : dynamique sédimentaire au Miocène moyen et évolution morpho-structurale de l'Aquitaine (SW France) durant le Néogène », Eclogae Geologicae Helvetiae, vol. 98, no 2, , p. 201–217 (ISSN 1420-9128, DOI 10.1007/s00015-005-1160-y, lire en ligne, consulté le ).
Liens externes
- [Fiche sur geoltheque] Éliane Bares, Laurent Martin et Patrice Morin, « Les sables fauves », fiche de travail niveau lycée / collège, sur geoltheque.obs-mip.fr, Géolthèque Sud-Ouest (consulté en ).