Raymond de Mévouillon

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Raimond de Mévouillon
Biographie
Naissance 1235.
près de Sisteron
Ordre religieux Frères prêcheurs
Décès
Buis-les-Baronnies
Évêque de l'Église catholique
Dernier titre ou fonction Archevêque d'Embrun
Archevêque d'Embrun
Évêque de Gap
Prieur du Couvent des Dominicains de La-Baume-lès-Sisteron.

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Raymond de Mévouillon ou Raymond de Mévolhon, en latin Raymondus Medullionis ou Raymondus de Medullione, né en 1235 près de Sisteron et mort le à Buis-les-Baronnies, est un ecclésiastique provençal de la fin du XIIIe siècle, de l'Ordre des Frères Prêcheurs qui est successivement prieur du couvent des Dominicains de La-Beame-lès-Sisteron en 1264, évêque de Gap du au , et archevêque d'Embrun du au .

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Raymond de Mévouillon est le fils du baron Raymond de Mévouillon et de son épouse Sybille. Raymond de Mévouillon est un puissant seigneur qui a hérité de son père non seulement l'une des principales seigneuries de la région des Baronnies, mais aussi de nombreux biens et droits seigneuriaux dans le comté de Gap, notamment à Barret-sur-Méouge et à Châteauneuf-de-Chabre (autrefois nommée « Pomet »).

« Raymond » est à la fois un prénom et un titre porté par l'héritier du lignage dans cette famille[1],[note 1]. Le dominicain Raymond de Mévouillon a un frère que les actes nomment aussi Raymond. Cette habitude fait penser à celle des Dauphins de Viennois qui utilisaient « Dauphin » comme un nom de famille à l'exception du chef de lignage qui l'utilisait comme un titre[2]. Lorsque le père et le fils assistaient à la rédaction d'un même acte, les notaires les désignaient respectivement sous le nom de Raymond (l'ancien) et Raymond (le jeune).

Raymond de Mévouillon (le jeune) a peut-être été brièvement, avant son frère Raymond, baron de Mévouillon ou au moins héritier présomptif du baron Raymond de Mévouillon (l'ancien) qui devient, à son tour, dominicain après le décès de son épouse Sybille.

Frère dominicain[modifier | modifier le code]

Raymond de Mévoullion est membre de l'ordre des dominicains et exerce les fonctions de définiteur de l'ordre des frères Prêcheurs.

Le , Aymar III de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois, dans le testament qu'il dicte, désigne comme experts afin d'assister ses exécuteurs testamentaires, Robert, évêque d'Avignon et frère Raymond de Mévouillon, de l'ordre des frères prêcheurs[3].

Évêque de Gap[modifier | modifier le code]

L'élection de Raymond de Mévouillon par le chapitre de Gap, en 1282, pour succéder à Othon de Grasse, est avant tout un acte politique. L'épiscopat de l'évêque défunt n'a été qu'émeutes et guerres féodales dont les protagonistes ont été les Dauphins Guigues VII et Jean Ier, le comte de Provence Charles d'Anjou- Sicile et son fils Charles le Boiteux, prince de Salerne, héritier du comté de Provence à la mort de sa mère Béatrice de Provence, l'évêque de Gap, la ville de Gap, et plusieurs seigneurs de moindre envergure, comme les Manteyers qui prennent parti pour les uns ou pour les autres en fonction de leurs intérêts du moment.

Les circonstances[modifier | modifier le code]

La situation s'est dégradée au point qu'Othon de Grasse a du, le , se reconnaître vassal du comte de Provence afin de préserver les droits que les bourgeois de Gap ont cédé au Dauphin le . L'hommage devient rapidement un marché de dupe car le Comte de Provence déclare, le , les droits que l'évêque revendique, indivis entre celui-ci, lui-même et le dauphin qui s'empresse d'adhérer à cette interprétation le .

Le , les Gapençais forcent, par la menace, Othon de Grasse, à signer une charte qui reconnait les clauses du traité qu'ils ont passé avec le dauphin, et qui remet à celui-ci la justice municipale, les droits sur les foires et les marchés, et ceux attachés à l'usage des fours à pain. Le , Otton de Grasse excommunie ses sujets qui s'emparent alors de sa personne, le forcent à lever l'excommunication et à confirmer la charte qu'il a signée. Il est désormais interdit de résidence dans la ville[4].

Le , Otton de Grasse recherche à nouveau la protection du sénéchal de Provence, et cède au comte de Provence, avec l'accord du chapitre cathédral, la moitié des droits de juridiction auxquels il prétend, sur la ville de Gap et l'associe à ses prérogatives sur les consulats de Gap et d'Aspres-sur-Buëch. Le chapitre confirme cette transaction le . Le sénéchal de Provence tente dans un premier temps la conciliation avec les Gapençais qui prêtent hommage aux représentants du comte de Provence, Raymond Ruffi, Grand Juge de Provence, et Guillaume de Villaret, Grand prieur de Saint-Gilles, le . Otton de Grasse meurt à la fin de l'année 1281.

Mais ni la situation dans la ville, ni celle de l'évêque n'évolue, et Charles le Boiteux décide, au début de 1282, de la réduire à l'obéissance par la force.

Épiscopat[modifier | modifier le code]

L'épiscopat d'Othon de Grasse, à partir de 1282, est considéré comme une catastrophe pour l'église de Gap.[réf. nécessaire]

Archevêque d'Embrun[modifier | modifier le code]

Raymond de Mévouillon est promu, le [5], archevêque d'Embrun.

Il réunit, le [6] un concile provincial de l'archidiocèse d'Embrun auquel participent l'évêque de Digne Guillaume II de Porcellet[6], l'évêque de Glandèves Bertrand[6][7], l'évêque de Grasse Lantelme de Saint Marcel[6], l'évêque de Senez Bertrand de Séguret[6], l'évêque de Vence Guillaume de Sisteron[6], l'évêque de Nice Hugues[6] et l'abbé de Boscodon Pierre de Corps[6],[8]. Ce concile reprend et valide les 12 principes de disciplines qui avaient été résolus lors du concile, tenu à Seyne, du au , sous la présidence de l'archevêque d'Embrun Henri de Suse[7]. L'évêque de Glandèves Bertrand a peut-être assisté à ces deux conciles[7].

Il unit, le , il réunit le monastère de Sainte-Croix à Châteauroux-les-Alpes[9], qui était fortement endettée et dont les revenus étaient faibles[10] à l'abbaye de Boscodon dont elle devient un simple prieuré[11],[note 2] dont les revenus sont perçus par un moine de Boscodon. La chapelle du hameau de Beauvoir, à Saint-Sauveur qui appartenait à l'abbaye de Sainte-Croix devient aussi la propriété de l'abbaye de Boscodon[12].

Il assiste, le , à Montpellier, à l'ouverture du chapitre de l'ordre des dominicains. Au cours de ce chapitre l'archevêque d'Embrun Raymond de Mévouillon et son neveu le baron Raymond de Mévouillon demandent que deux frères les accompagnent au Buis afin de choisir les locaux du couvent qu'ils désirent y créer. L'archevêque accompagne les frères sur le chemin de son retour et meurt, le au Buis. Son corps est ramené à Sisteron où il est enterré dans la chapelle Sainte Madeleine du couvent des dominicains[13].

La tentative de création du couvent du Buis ne réussit pas, et le Baron Raymond de Mévouillon obtient seulement le , à l'abbaye Notre-Dame du Groseau, près de Malaucène, l'autorisation de créer le couvent qu'il appelle de ses vœux. Les frères Bertrand d'Autane et Guillaume Relhon, natifs du Buis, en posent la première pierre le . Le premier prieur est raymond Michaelis qui a été formé au couvent d'Orange et son premier lecteur Antoine de Sisteron. Dix-huit frères résident alors au couvent[14].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Antoine Albert, Histoire géographique, naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d'Embrun., t. Premier, Embrun, Pierre-François Moyse, , 562 p. (lire en ligne).
  • Antoine Albert, Histoire ecclésiastique du diocèse d'Embrun pour servir de continuation à l'Histoire générale du Diocèse., t. Second, Embrun, Pierre-François Moyse, , 501 p. (lire en ligne).
  • Jules Chevalier (auteur), « Mémoires pour servir à l'histoire des comtés de valentinois et de Diois », Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, Valence, Société d'archéologie, d'histoire et de géographie de la Drôme, Imprimerie de Jules Céas et fils, t. 28, no 108,‎ , p. 137 - 151 (lire en ligne).
  • Marie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle. Nouvelle édition en ligne., Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (ISBN 978-2-8218-2761-5, lire en ligne).
  • Honoré Fisquet, La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 18 provinces ecclésiastiques. : Métropole d'Aix : Gap, Paris, Étienne Repos, 1864-1873 (lire en ligne), pp. 65-76,[note 3].
  • Honoré Fisquet, La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 18 provinces ecclésiastiques. : Métropole d'Aix : Aix, Arles, Embrun (seconde partie), Paris, Étienne Repos, 1864-1873 (lire en ligne), pp. 885-896,[note 3].
  • Honoré Fisquet, La France pontificale (Gallia christiana), histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l'établissement du christianisme jusqu'à nos jours, divisée en 18 provinces ecclésiastiques. : Métropole d'Aix : Digne (IIe partie) contenant Sisteron, Senez et Glandeves, Paris, Étienne Repos, 1864-1873 (lire en ligne), pp. 885-896
  • Paul Guillaume, Pouillés de 1516, ou Rôles des décimes des diocèses de Gap et d'Embrun : publiés d'après le ms. latin 12730 de la Bibliothèque nationale, Gap, Imprimerie de Jouglard père et fils, , 94 p. (lire en ligne).
  • André Lacroix, L'arrondissement de Nyons : histoire, topographie, statistique. D'Arpajon à Mirabel., t. Premier, Valence, imprimerie de Jules Céas et fils, , 467 p. (lire en ligne).
  • Gaston Letonnelier (contributeur) et Joseph Molmerret (secrétaire de séance), « Compte rendu de la séance », Bulletins de la Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie, t. 30,‎ , p. 140 -147 (lire en ligne).
  • Auguste Prudhomme, De l'origine et du sens des mots Dauphin et Dauphiné, et de leur rapport avec l'emblême du dauphin en Dauphiné, en Auvergne et en Forez., Nogent-le-Rotrou, Imprimerie de Daupeley-Gouverneur, , 28 p. (lire en ligne).
  • Joseph Roman, Tableau historique du département des Hautes-Alpes. État ecclésiastique, administratif et féodal antérieur à 1789, histoire, biographie, bibliographie de chacune des communes qui le composent., Paris, A. Picard, 1887-1890, 402 p. (lire en ligne).
  • Joseph Roman, Tableau historique du département des Hautes-Alpes. Inventaire et analyse des documents du Moyen âge relatifs au Haut-Dauphiné, 561-1500, t. 1, Paris et Grenoble, Alphonse Picard et F. Allier et Fils, , 204 p. (lire en ligne)
  • Joseph Roman, Tableau historique du département des Hautes-Alpes. Inventaire et analyse des documents du Moyen âge relatifs au Haut-Dauphiné, 561-1500, t. 2, Paris et Grenoble, Alphonse Picard et F. Allier et Fils, , 390 p. (lire en ligne)
  • Joseph Roman, Histoire de la ville de Gap, Gap, J.-C. Richaud, , 374 p. (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références et notes[modifier | modifier le code]

  • Références :
  • Notes :
  1. « M Letonnelier... cite l'extrait d'un testament de juin 1263, par lequel Raymond de Mévouillon voulut que son héritier universel, comme ceux de ses successeurs, s'appelât toujours Raymond. Peut-être en a-t-il été ainsi pour les Guigues, dont chacun d'eux prenait le nom de Dauphin en succédant à son prédécesseur »
  2. La réalité a sans doute été un peu plus complexe que les conjonctures des divers historiens. Dans le rôle des décimes du diocèse d'Embrun, en 1516, Sainte Croix reste un bénéfice taxé indépendamment d'une quelconque prébende de l'abbaye de Boscodon. La taxe à laquelle elle est soumise est le double de celle que doit le prieur claustral de Boscodon.
  3. a et b Les notices dédiées à Raymond de Mévouillon dans les volumes du "Gallia" de Fisquet consacrés au diocèse de Gap et d'Embrun, sont une simple copie l'une de l'autre