Rafè

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Le rafè (hébreu : רָפֵא « faible, » « mou ») est un signe diacritique de l'alphabet hébraïque, représenté graphiquement par une barre courte placée au-dessus de certaines lettres, afin d'indiquer que leur prononciation ne doit pas être accentuée.

Qualité phonétique

D'apparence similaire au macron grec, le rafè exerce une fonction différente.

En hébreu biblique, les lettres du groupe « bega"d kefa"t » (beth, guimel, dalet, kaf, pe et tav) peuvent être prononcées de deux manières : fricative ([v], [ɣ], [ð], [x], [f], [θ]) ou occlusive ([b], [g], [d], [k], [p], [t]).
Le système de ponctuation massorétique de Tibériade indique une prononciation fricative au moyen du rafè, lequel a donc une fonction exactement opposée au daguech doux.

Le rafè peut également être employé en contraste avec le mappiq, pour indiquer que les lettres aleph et sont muettes, et utilisées comme matres lectionis.

Usage du rafè

Le khaf étant précédé par une lettre portant une voyelle, et le vet par une lettre accentuée par un shva mobile, ces deux lettres sont rafè (bien que non marquées par le signe diacritique correspondant au rafè)

En hébreu

Le rafè est tombé en désuétude en hébreu avec l'apparition de l'imprimerie, bien que Gesenius (1813) écrive avoir encore vu quelques Bibles hébraïques qui l'utilisaient en certains endroits du texte pour souligner l'absence de daguech ou de mappiq[1]. Certaines éditions récentes de la Bible hébraïque, dont celle de l'institut Simanim de Jérusalem, en réintroduisent l'usage. Par ailleurs, la dénomination de rafè a été conservée en grammaire hébraïque, afin de désigner une lettre de la série bega"d kefa"t sans daguech.

La règle générale est qu'une lettre bega"d kefa"t est rafè après une voyelle, et marquée d'un daguech doux en l'absence de voyelle. Elles sont donc rafè :

  • après un shva na’ (shva mobile) ou une voyelle (dans וּבְכָל-הָאָרֶץ ouvekhol haaretz, la lettre vet est rafè car précédée d'une voyelle, et khaf l'est également, du fait du shva mobile qui le précède),
  • en tête de mot, si le mot précédent leur est lié et termine par une voyelle (dans וַיְהִי-כֵן vayehi-khen, le khaf est rafè, car en tête de mot et précédé d'un mot qui termine par une voyelle).

Dans d'autres langues juives

L'emploi du rafè a par ailleurs été conservé dans les orthographes yiddish et ladino, particulièrement pour distinguer le /p/ du /f/ ou pour indiquer que les consonnes qui le portent ne doivent pas être systématiquement prononcées.

Nom Symbole IPA Translittération Exemple
Pe פ /p/ p port
Fe פֿ /f/ f fort

Références

  1. Gesenius, T.J. Conant (trad.), Gesenius' Hebrew Grammar, New York: D. Appleton & Co., 14th ed (1853), p.52.