Pichu Pichu

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Pichu Pichu
Vue du Pichu Pichu depuis Arequipa.
Vue du Pichu Pichu depuis Arequipa.
Géographie
Altitude 5 664 m, Coronado[1]
Massif Cordillère Occidentale (Andes)
Coordonnées 16° 26′ 28″ sud, 71° 14′ 25″ ouest
Administration
Pays Drapeau du Pérou Pérou
Région Arequipa
Province Arequipa
Géologie
Type Volcan de subduction
Morphologie Stratovolcan
Activité Éteint
Dernière éruption 6,7 millions d'années
Code GVP Aucun
Observatoire Aucun
Géolocalisation sur la carte : Pérou
(Voir situation sur carte : Pérou)
Pichu Pichu

Le Pichu Pichu[2],[3],[4] ou Picchu Picchu[5] est un volcan éteint[4] du Pérou. Il est situé dans la région d'Arequipa, dans le Sud du pays à l'est de la ville d'Arequipa, dont il est distant de 32 km.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le nom proviendrait du quechua pikchu qui signifie « pyramide » ou « proéminence avec une large base qui se termine par des pics acérés »[6].

Géographie[modifier | modifier le code]

Le massif du Pichu Pichu se trouve à la frontière des districts de Pocsi et de San Juan de Tarucani[7] et fait partie de la Réserve nationale Salinas y Aguada Blanca[4].

Il est composé de 7 sommets dont le point culminant est le Coronado, « le couronné » (5 664 m), et le plus accessible est à 5 515 m d'altitude.

Cette crête montagneuse de plus de 10 km de long, abrupte sur sa face ouest, fait partie de la cordillère Occidentale des Andes centrales[7]. La forme arquée du massif est le résultat d'un effondrement important du secteur il y a un million d'années, qui a formé le glissement de terrain volcanique d'Arequipa[8].

Avec le Nevado Chachani à 26 km au nord, El Misti à 17 km au nord-est et le Pichu Pichu à 32 km à l'est — les trois volcans étant quasiment alignés nord-ouest / sud-est — la ville d'Arequipa fait face à un mur de volcans vers le nord-est[9].

Le Pichu Pichu comprend quatre différents cratères fortement érodés[10] tous actuellement éteints[11]. La datation au potassium-argon a permis d'estimer qu'il était actif il y a 6,7 millions d'années.

Pichu Pichu a été couvert de glaciers dans le passé et cette glaciation a laissé des traces reconnaissables, notamment des cirques glaciaires, des vallées suspendues et des moraines[9] que l'on trouve à partir de 4 500 m[12].

Le climat de la région est relativement sec, la plupart des précipitations tombant pendant les mois d'été. Les rivières Poroto et Polobaya, qui prennent leur source au pied du Pichu Pichu, sont des affluents du Río Quilca (ou Río Chili) qui traverse Arequipa. Le lac artificiel de Yanaorco – Paltaorco tire également l'eau de ces montagnes[13].

Entre 3 000 et 3 700 m d'altitude, une végétation arbustive pousse sur le Pichu Pichu et les volcans voisins, tandis qu'au-dessus de ce niveau, on trouve en abondance les arbrisseaux, arbustes, herbes annuelles ou vivaces de la famille des Malvaceae[14].

Histoire[modifier | modifier le code]

La montagne était considérée comme sacrée par les anciens habitants de la région. Le Pichu Pichu serait visible depuis le site archéologique Huari de Cerro Baúl, distant de 100 km au sud-est. Certains bâtiments de ce site seraient construits de manière à pointer vers le Pichu Pichu. Les cortèges le long de l'escalier à flanc de colline du Cerro Baúl auraient la montagne en vue.

Des structures en pierre se trouvent également sur le Pichu Pichu lui-même, y compris un escalier de haute altitude qui surmonte une pente raide. Des sacrifices humains, appelés capacochas, ont été effectués sur le Pichu Pichu[15].

Au cours d'expéditions dirigées par les archéologues José Antonio Chávez et Johan Reinhard en 1964, trois momies incas ont été trouvées près du sommet avec divers artéfacts. Cette plateforme cérémonielle était utilisée par les Incas pour faire des offrandes. À l'époque ces découvertes n'ont pas été publiées par peur d'attirer les pillards. Au total, trois momies ont été trouvées sur le Pichu Pichu, celles de deux femmes et d'un homme, tous âgés de 15 ans[16]. L'une d'elles est exposée à Arequipa au musée archéologique José María Morante de l'Université nationale San Agustín, sous le nom de la « momie Pichu Pichu ». Un corps supplémentaire a été découvert en 1996[17].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Une légende inca raconte qu'un guerrier ayant violé la fille du Sapa Inca et l'ayant mise enceinte, ne voulait pas en accepter la responsabilité. Il risquait d'être mis à mort et s'est donc enfui par la route qui mène au Balneario de Jesús (es) à l'est d'Arequipa. En route, très fatigué, il s'est endormi au pied d'une colline au crépuscule. Mais, pendant la nuit, le dieu du soleil Inti lui a infligé une terrible punition. À l'aube, il s'est retrouvé castré pour le punir du viol commis et pour sa rébellion il a été condamné à dormir pour toujours à cet endroit. C'est pour cela que, dit‑on, le massif vu de loin ressemble à un homme endormi privé de ses attributs sexuels.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (es) Instituto Geofísico del Perú (IGP) - Vulcanología
  2. (en) Peru 1 : 100 000, Characato (33-t), IGN (Instituto Geográfico Nacional – Perú).
  3. (en) « Nevado Pichu Pichu : Climbing, Hiking & Mountaineering : SummitPost », sur www.summitpost.org.
  4. a b et c (es) « Nevado Pichu Pichu », sur Inventario Turístico del Perú, MINCETUR.
  5. (es) Borja Cardelús et Timoteo Guijarro, Cápac Ñan. El Gran Camino Inca, Penguin Random House – Grupo Editorial Perú, , 352 p. (ISBN 978-9972-848-71-1, lire en ligne).
  6. (es) Diccionario Quechua – Español – Quechua, Academía Mayor de la Lengua Quechua, Gobierno Regional Cusco, Cusco 2005
  7. a et b (es) escale.minedu.gob.pe – UGEL map of the Arequipa Province (Arequipa Region)
  8. Perrine Paquereau Lebti, Jean-Claude Thouret, Gerhard Wörner et Michel Fornari, « Neogene and Quaternary ignimbrites in the area of Arequipa, Southern Peru: Stratigraphical and petrological correlations », Journal of Volcanology and Geothermal Research, vol. 154, nos 3–4,‎ , p. 254 (DOI 10.1016/j.jvolgeores.2006.02.014)
  9. a et b (en) C. N. Fenner, « Pleistocene Climate and Topography of the Arequipa Region, Peru », Geological Society of America Bulletin, vol. 59, no 9,‎ , p. 895–917 (ISSN 0016-7606, DOI 10.1130/0016-7606(1948)59[895:PCATOT]2.0.CO;2)
  10. (en) Fred M. Bullard, « Volcanoes of Southern Peru », Bulletin Volcanologique, vol. 24, no 1,‎ , p. 446–447 (ISSN 0366-483X, DOI 10.1007/BF02599360)
  11. (en) Jean-Claude Thouret, Anthony Finizola, Michel Fornari, Annick Legeley-Padovani, Jaime Suni et Manfred Frechen, « Geology of El Misti volcano near the city of Arequipa, Peru », Geological Society of America Bulletin, vol. 113, no 12,‎ , p. 1593 (ISSN 0016-7606, DOI 10.1130/0016-7606(2001)113<1593:GOEMVN>2.0.CO;2)
  12. Étienne Juvigné, Jean-Claude Thouret, Étienne Gilot, Alain Gourgaud, Kurt Graf, Louis Leclercq et François Legros, « Étude téphrostratigraphique et bio-climatique du Tardiglaciaire et de l'Holocène de la Laguna Salinas, Pérou méridional », Géographie Physique et Quaternaire, vol. 51, no 2,‎ , p. 222 (ISSN 0705-7199, DOI 10.7202/033120ar).
  13. (en) Theoclea Swiech, Maurits W. Ertsen et Carlos Machicao Pererya, « Estimating the impacts of a reservoir for improved water use in irrigation in the Yarabamba region, Peru », Physics and Chemistry of the Earth, Parts A/B/C, recent Advances in Water Resources Management, vol. 47–48,‎ , p. 64–75 (DOI 10.1016/j.pce.2011.06.008).
  14. (en) Dora Stafford, « On the Flora of Southern Peru », Proceedings of the Linnean Society of London, vol. 151, no 3,‎ , p. 172–181 (ISSN 0370-0461, DOI 10.1111/j.1095-8312.1939.tb00228.x).
  15. (en) Andrew S. Wilson, Emma L. Brown, Chiara Villa, Niels Lynnerup, Andrew Healey, Maria Constanza Ceruti et Johan Reinhard, « Archaeological, radiological, and biological evidence offer insight into Inca child sacrifice », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 110, no 33,‎ , p. 13322–13327 (ISSN 0027-8424, DOI 10.1073/pnas.1305117110).
  16. (en) Aidan Cockburn, Eve Cockburn et Theodore A. Reyman, Mummies, Disease and Ancient Cultures, Cambridge University Press, , 402 p. (ISBN 978-0-521-58954-3, lire en ligne), p. 176.
  17. (en) Chávez Chávez et José Antonio, « Investigaciones Arqueológicas de Alta Montaña en el Sur del Perú », Chungara (journal), vol. 33, no 2,‎ , p. 283–288 (ISSN 0717-7356, DOI 10.4067/S0717-73562001000200014).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) José Antonio Chávez, La Erupción del Volcán Misti, Arequipa,, 1993
  • (en) Johan Reinhard, The Ice Maiden: Inca Mummies, Mountain Gods, and Sacred Sites in the Andes, National Geographic Society, Washington D.C., 2005.
  • (es) José María Arguedas, Francisco Izquierdo Rios, Mitos, Leyendas y Cuentos Peruanos, Santillana, Lima, 2011.

Liens externes[modifier | modifier le code]