Monument naturel

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Le cône d'Arita, dans le salar d'Arizaro, un monument naturel d'Argentine.

Un monument naturel est un élément issu de la nature qui possède une valeur sociale et singulière du fait de sa rareté, de ses qualités esthétiques ou de sa signification culturelle[1]. Cette expression désigne donc une entité vivante ou minérale, individuelle ou composite, que certaines propriétés remarquables rapprochent des monuments humains, ce qui justifie généralement leur protection.

Histoire du concept

L'idée de monument naturel paraît ancienne : dès l'aube de l'humanité, des éléments naturels spectaculaires ont inspiré le respect à des groupes humains, ce qui donna souvent lieu à leur intégration dans la religion ou la cosmogonie locale. Des exemples sont les montagnes comme le Mont Olympe en Grèce, le volcan Vulcano en Sicile ou l'Ayers Rock en Australie, mais aussi le Nil en Égypte. Le caractère sacré prêté aux très vieux arbres est attesté chez la plupart des peuples sylvicoles, et des animaux sacrés exempts de chasse sont présents dans quasiment toutes les cultures.

L'idée de monument naturel a cependant pris un sens plus concret à la fin du XIXe siècle aux États-Unis. Le premier moteur en était d'ordre nationaliste : il s'agissait pour les Américains de se constituer une histoire, et de rivaliser avec les ruines antiques de l'Europe[2]. Les quelques sites archéologiques (comme le Navajo National Monument) étant trop rares et trop coupés de la civilisation occidentale, des sites naturels furent choisis pour être les nouveaux « monuments » américains, étant souvent aussi vieux (voire plus) que les sites antiques de l'Europe, et non moins spectaculaires (l'analogie fut par exemple souvent faite entre les colonnes antiques et les séquoias géants). C'est dans cet ordre d'idée que des sites comme la bien nommée Monument Valley, mais aussi le Grand Canyon, le Parc national de Sequoia ou encore Yellowstone firent l'objet d'une part d'un processus de conservation, mais aussi d'autre part d'un appareil touristique important destiné à rivaliser avec le tourisme culturel européen. Tous ces sites furent ensuite classés sous l'appellation « Monument national » par la loi de 1906, qui regroupe aussi bien des sites naturels comme le Devils Tower National Monument que la statue de la Liberté. 110 monuments nationaux existent actuellement aux USA.

Ce concept fut par la suite repris dans d'autres pays comme l'Australie, avec des adaptations locales.

Particularités sur le plan de la conservation

Les monuments nationaux sont décrétés aux États-Unis et ailleurs principalement sur la base de leur caractère spectaculaire ou unique d'un point de vue paysager. En conséquence, ils ne sont pas tenus d'abriter une grande biodiversité, et certains sont même de parfaits déserts, comme le Monument national de Grand Staircase-Escalante (dont l'intérêt est géologique). En conséquence, tous ne constituent pas d'importantes réserves de biodiversité, et la faune et la flore des monuments nationaux sont moins protégées que celle des parcs nationaux.

En France

Le chêne de Bogusław, un monument naturel de la forêt de Puszcza Wkrzańska près de Leśno Górne, en Pologne.

Une loi protège les « monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque ». Elle date de 1930 et a depuis été intégrée au Code de l'Environnement (Art. L341-1 à L341-22). Elle permet un classement en :

  • site classé ; protection forte correspondant à la volonté de maintenir en l’état du site en question, avec une possible gestion quand elle est nécessaire pour ce maintien, et une valorisation culturelle ou touristique également possible. Un label Grand Site de France ®, a été créé par l’État pour mettre en valeur la qualité de la préservation et de la gestion d’un site notoirement apprécié et fréquenté (à condition qu'il y ait un projet de préservation, de gestion et de mise en valeur du site, répondant aux principes du développement durable).
  • Site inscrit ; protection un peu moins forte, mais tout changement d’aspect du site est soumis à déclaration préalable.
Chaque site classé ou inscrit bénéficie d’une protection contre la destruction, la mutilation et la dégradation volontaires (qui sont punies dans les conditions prévues par le Code pénal avec des amendes voire l'emprisonnement). Cette protection s’applique dès l'a période d'instance de classement ou d'inscription (plus précisément : durant 12 mois dès la notification aux propriétaires de l'intention de procéder à un classement).
Les effets du classement ou de l’inscription suivent le monument naturel ou le site, en quelques mains qu'il passe. (Art. L341-9)

Notes et références

  1. (en) « Natural monument », Environmental Terminology and Discovery Service, Agence européenne de l'environnement
  2. Roderick Nash, Wilderness and the American Mind, 1967.

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