Michiko Kanba

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Michiko Kanba
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 22 ans)
TokyoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
樺美智子Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités

Michiko Kanba (樺 美智子, Kanba Michiko?, 8 novembre 1937 – 15 juin 1960) est une étudiante japonaise, militante de la Zengakuren. Elle meurt lors d'une manifestation à la porte Sud du bâtiment de la Diète nationale à Tokyo lors des manifestations contre le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon[1]. Elle est enterrée au cimetière de Tama à Tokyo[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Michiko Kanba nait à Tokyo. Son père, Toshio Kanba, est sociologue, professeur à l'université Chūō[3].

Kanba grandit dans un foyer de la classe moyenne, chrétien ; elle entre à l'université de Tokyo en 1957 et rejoint le Parti communiste japonais en novembre de la même année. Après cela, elle devient une dirigeante de l'organisation de la nouvelle gauche The Bund et participe aux manifestations massives contre la révision du traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon[4].

Kanba est parmi les 76 militants étudiants arrêtés lors d'un sit-in le 26 janvier 1960 à l'aéroport international de Tokyo-Haneda[5]. Elle participe également à des manifestations autour du bâtiment de la Diète. Elle est tuée juste à l'intérieur de la porte sud du bâtiment de la Diète nationale après qu'un groupe d'étudiants a fait irruption dans le parlement et s'est heurté à la police anti-émeute. Une autopsie détermine plus tard qu'elle est décédée d'une compression thoracique et d'une hémorragie intracrânienne. La police affirme qu'elle a été renversée et piétinée à mort, tandis que les étudiants imputent sa mort à une agressions physique par des policiers.

Après sa mort, ses écrits personnels et ses essais politiques sont rassemblés et publiés sous le titre Le sourire connu de personne (人しれず微笑もん?) [6]. Dans ses écrits, elle évoque sa vie et son activisme.

Réputation et mémoire[modifier | modifier le code]

La mort de Kanba est largement couverte par les media à l'époque et est considérée comme un symbole des manifestations de masse de 1960 contre le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon. Une caricature politique publiée dans le journal populaire Sekai un mois après la mort de Kanba représente un yakuza allumant une cigarette pour un policier alors qu'ils se tiennent tous les deux au-dessus de son cadavre, devant le bâtiment de la Diète nationale[7].

L'historien Nick Kapur soutient que le choc national consécutif à la mort de Kanba contribue à la démission du Premier ministre Nobusuke Kishi et à l'annulation d'une visite prévue au Japon par le président américain Dwight D. Eisenhower[8]. Kapur dit que la mort de Kanba a été considérée comme une « triple tragédie », d'abord parce qu'elle était très jeune, ensuite parce qu'elle était étudiante dans l'université la plus prestigieuse du Japon, et troisièmement, parce qu'elle était une femme, à une époque où c'était encore nouveau pour les femmes à participer aux premières lignes des manifestations de rue. Eiji Oguma soutient que la mort de Kanba évoquait le souvenir récent des nombreux jeunes qui avaient perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale[9]. Hiroko Hirakawa considère que le statut posthume de Kanba de « jeune martyre » reflète les attentes contemporaines concernant la féminité et la maternité au sein de la classe moyenne[10]. Chelsea Szendi Schieder soutient que la mondialisation des années 1960 a commencé au Japon avec la mort de Kanba[11].

Le photographe Hiroshi Hamaya a capturé les événements de la nuit où Kanba a été tuée[12].

Akiko Esashi a écrit une biographie en japonais sur Kanba en 2010, sous le titre Michiko Kanba : Légende d'une fille sacrée (japonais :樺美智子ー聖少女伝説)[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Nick Kapur, Japan at the Crossroads: Conflict and Compromise after Anpo, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, (ISBN 9780674988484, lire en ligne), p. 30
  2. (en) « Find a Grave » (consulté le )
  3. (ja) « 樺俊雄の墓 »
  4. (ja) Yoshiaki Fukuma, "Sensô taiken" no sengoshi sedai, kyôyô, ideorogii「戦争体験」の戦後史 世代・教養・イデオロギー, Chûkô shinsho,‎ , 117 p.
  5. (ja) Ichidô Gôda, Gekidô Showashi genba kenshô: sengo jiken fairu 22 「激動昭和史現場検証 戦後事件ファイル22」, Shinpûsha,‎ , 238 p.
  6. (ja) Michiko Kanba, Hito shirezu hohoemon 「人しれず微笑もん」, Tokyo, San'ichi shinsho,‎
  7. (en) Eiko Maruko Siniawer, « Befitting Bedfellows », The Hidden History of Crime, Corruption, and States, Berghahn Books,‎ , p. 112
  8. (en) Nick Kapur, Japan at the Crossroads: Conflict and Compromise after Anpo, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, (ISBN 9780674988484, lire en ligne), p. 32–33
  9. (ja) Eiji Oguma, Minshu to aikoku: sengo Nihon no nashonarizumu to kōkyōsei, Tokyo, Shinyōsha, , p. 530–539
  10. (en) Hiroko Hirakawa, « Maiden Martyr for "New Japan": The 1960 Ampo and the Rhetoric of the Other Michiko », U.S.-Japan Women's Journal, vol. 51,‎ , p. 12–27 (DOI 10.1353/jwj.2017.0003, S2CID 191528863)
  11. (en) Chelsea Szendi Schieder, « Two, Three, Many 1960s », Monthly Review Online,
  12. (en) Justin Jesty, « Tokyo 1960: Days of Rage and Grief », MIT Visualizing Cultures (consulté le )
  13. (en) Keiji Hirano, « Legacy of 1960 protest movement lives on », The Japan Times,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]