La Bibliothèque, la nuit

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 21 décembre 2021 à 20:38 et modifiée en dernier par Vlaam (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

La Bibliothèque, la nuit est un essai d'Alberto Manguel paru aux éditions Actes Sud en 2006.

Alberto Manguel écrit cet ouvrage en 2006 en langue anglaise sous le titre The Library at Night. L’ouvrage est traduit en français la même année par Christine Le Bœuf. Dans cet essai, l’auteur nous fait part de ses réflexions et de ses perceptions personnelles autour des bibliothèques. Il utilise de nombreuses références. Son ouvrage est très documenté.

À l'époque de l'écriture de cet ouvrage, Alberto Manguel vit dans la région du Poitou en France, région dans laquelle il installe sa bibliothèque personnelle riche de plus de 30 000 ouvrages. La création de cette bibliothèque est le point de départ d'une réflexion personnelle pour l'auteur. L'ouvrage La bibliothèque, la nuit découle de celle-ci.

Alberto Manguel, passionné des bibliothèques, fait part de ses questionnements et réflexions sur quinze éléments qui définissent selon lui une bibliothèque : un mythe, un ordre, un espace, un pouvoir, une ombre, une forme, un hasard, un cabinet de travail, une intelligence, une île, la survie, l’oubli, l’imagination, une identité et enfin une demeure[1]. Les bibliothèques sont des constructions matérielles et mentales qui amènent une réflexion notamment sur la lecture, le classement, la mémoire et l’architecture. Pour l'essayiste, il n’y a pas une mais bien plusieurs façons de penser les bibliothèques. L'auteur exprime son point de vue sur cette question. Il aborde aussi le fonctionnement de sa bibliothèque privée. Sa réflexion est nourrie d’une grande diversité d’exemples. L'écrivain écrit à propos de l'histoire, de la philosophie, des bibliothèques privées, des bibliothèques publiques, etc.

Nous avons sélectionné une citation de la quatrième de couverture qui explique très bien ce point de vue : « Qu’elle soit constituée de quelques livres ou de volumes par milliers, qu’elle obéisse à une classification rigoureuse ou aléatoire, qu’elle soit « de Montaigne » ou d’Alexandrie, qu’on veuille la détruire (comme si près de nous à Sarajevo, à Kaboul, à Bagdad) ou l’ériger, qu’elle soit mentale, comme chez Jorge Luis Borges, ou institutionnalisée – avec heures d’ouvertures et réglementations –, qu’elle ait pour résidence de vastes bâtiments aux allures de nefs ou de temples ou qu’elle joue les passagères clandestines dans des cartons, entre deux déménagements, que les livres qui la composent soient alignés sur des étagères de bois blanc ou d’acajou massif, qu’est-ce qu’une bibliothèque, sinon l’éternelle compagne de tout lecteur – son rêve le plus cher ? »[2].

L'exposition La bibliothèque, la nuit

À l’aube du dixième anniversaire de la Grande bibliothèque de Montréal[3], Nicole Vallières, directrice du programme culturel de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[4], et ses collègues proposent à l’homme de lettres Alberto Manguel la création d’une exposition autour de son essai La bibliothèque, la nuit[4],[5]. S’il accepte cette invitation, l’écrivain suggère une collaboration avec Robert Lepage, metteur en scène et artiste multidisciplinaire québécois au rayonnement international[4].

Le 27 octobre 2015[6], l’exposition La bibliothèque, la nuit, une création de Robert Lepage et la compagnie Ex Machina en collaboration avec Alberto Manguel[5], voit le jour. Cette exposition offre au public une visite virtuelle immersive de dix bibliothèques à travers le monde et les époques[7]. Alliant les codes du théâtre et ceux des technologies liées à la réalité virtuelle, l’événement La bibliothèque, la nuit propose une découverte de ces lieux culturels par le biais de leur architecture, de leur philosophie et de l’imaginaire qu’ils convoquent[5].

Présentée jusqu’à la fin août 2016 à Montréal[8], l’exposition connaît un vif succès[9]. En 2016, BAnQ et Ex Machina reçoivent d’ailleurs le Prix Audiovisuel et multimédia Télé-Québec en raison de leur contribution au rayonnement de la culture et du savoir pour cette exposition sortant des sentiers battus[10]. Depuis, La bibliothèque, la nuit a été reprise au musée de la Civilisation de Québec en 2016-2017[11], en plus de voyager en France, en Russie et au Brésil[12].

Une expérience immersive

Le public est d’abord convié, par petits groupes, dans un premier espace scénique représentant la bibliothèque personnelle de Manguel[7], point de départ de son essai et, par le fait même, de cette exposition. Le participant prend connaissance de l’environnement qui l’entoure, observant les ouvrages et les objets présentés dans les rayonnages, tentant de créer des liens entre ceux-ci et d’y trouver un certain ordonnancement[7]. Peu à peu, la lumière faiblit, à l’image de la nuit qui s’annonce[7]. Une certaine obscurité s’installe dans la pièce, accompagnée de jeux d’éclairage qui guident dès lors le regard du participant sur des éléments du décor jusque-là insoupçonnés[7]. Dans cet environnement intimiste, la voix de Manguel se fait entendre. Le narrateur offre alors certains souvenirs de lecture, de même que plusieurs réflexions liées à l’univers des bibliothèques, expliquant, entre autres, qu’une bibliothèque personnelle constitue en quelque sorte le reflet de son propriétaire[7]. Selon l'auteur, une bibliothèque serait également comparable à une forêt dont l’ordre échappe à première vue[7].

Cette comparaison est d’ailleurs exploitée dans le deuxième espace scénique proposé aux visiteurs[3]. Après un moment, le rayonnage de la bibliothèque de Manguel laisse place à une porte dissimulée, donnant accès à une forêt onirique[8]. Dans cet espace, des troncs d’arbre s’élancent vers le plafond. À leur cime, en remplacement des feuilles, d’innombrables livres aux couvertures vertes sont accrochés[3]. Plus bas, des amas de feuilles de papier jonchent le sol rappelant l’automne et ses feuilles mortes. Des tables, des lampes de lecture verte opaline et des chaises pivotantes complètent le décor[3]. Le participant, ayant pris place à une table et désormais coiffé d’un casque de réalité virtuelle, amorce alors, en bougeant sa tête[13], son voyage nocturne au cœur des dix bibliothèques sélectionnées par les créateurs[8].

Dix bibliothèques étonnantes

La sélection des dix bibliothèques à l’honneur dans l’exposition La bibliothèque, la nuit ne s’est pas faite sans peine. Au départ, 58 bibliothèques ont retenu l’attention de Manguel[13]. Cette sélection a ensuite été présentée à Lepage et à son équipe[13]. De ce nombre, les dix bibliothèques suivantes ont été retenues:

En choisissant ces bibliothèques, les créateurs avaient la volonté de créer un ensemble représentatif de l’univers des bibliothèques et de ses possibles[13]. La bibliothèque fictive du capitaine Nemo côtoie ainsi, par exemple, la bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo ayant connu un funeste destin les 25 et 26 août 1992, dévorée par les flammes[14].

Au terme de cette expérience, le public est amené à se questionner sur les possibilités qu'offrent les bibliothèques de même que sur leur rôle et leur importance dans la société.

Notes et références

  1. « La Bibliothèque, la nuit », Bulletin des bibliothèques de France,
  2. « La Bibliothèque, la nuit », sur Actes Sud (consulté le )
  3. a b c et d Marie-Eve Auclair et Yvon-André Lacroix, « La bibliothèque, le théâtre de tous les possibles; Entrevue avec Robert Lepage à propos de l’exposition La bibliothèque, la nuit », ARGUS, vol. 44, no 3,‎ , p. 40 (lire en ligne)
  4. a b et c Alberto Manguel, Je remballe ma bibliothèque: une élégie et quelques disgressions, Arles, Actes Sud, , 156 p., p. 90
  5. a b c d e f et g Lucie Bélanger, « La bibliothèque, la nuit », ETC MEDIA, no 107,‎ , p. 83 (lire en ligne)
  6. Alberto Manguel, Je remballe ma bibliothèque: une élégie et quelques disgressions, Arles, Actes Sud, , 156 p., p. 91
  7. a b c d e f et g Marie-Claire Barbeau-Sylvestre, « Visite de l'exposition La bibliothèque, la nuit », ARGUS, vol. 44, no 3,‎ , p. 43 (lire en ligne)
  8. a b c d e f g et h Marie-Claire Barbeau-Sylvestre, « Visite de l'exposition La bibliothèque, la nuit », ARGUS, vol. 44, no 3,‎ , p. 44 (lire en ligne)
  9. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Rapport annuel de gestion 2015-2016, Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, , 94 p. (lire en ligne), p. 22
  10. Société des musées du Québec, Rapport annuel; société des musées du Québec. 2016-2017, Montréal, Société des musées du Québec, , 26 p. (lire en ligne), p. 21
  11. a b c d e f g h i j et k Musée de la civilisation, « La bibliothèque, la nuit », sur mcq.org,
  12. Ex Machina, « La bibliothèque, la nuit », sur exmachina.ca
  13. a b c d et e Marie-Eve Auclair et Yvon-André Lacroix, « La bibliothèque, le théâtre de tous les possibles; Entrevue avec Robert Lepage à propos de l'exposition La bibliothèque, la nuit », ARGUS, vol. 44, no 3,‎ , p. 41 (lire en ligne)
  14. Marie-Geneviève Guesdon, « 1992-2012 : Sarajevo, Vijećnica et la Bibliothèque nationale et universitaire de Bosnie-Herzégovine », La revue de la BNU, no 5,‎ , p. 46 (lire en ligne)

Sources