Kallikrátis (La Canée)

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Kallikrátis
Le mémorial des exécutions de Kallikrátis.
Nom officiel
(el) ΚαλλικράτηςVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom local
(el) ΚαλλικράτηςVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Diocèse décentralisé
Périphérie
District régional
Commune
Commune of Patsianos (d)
Dème
Île
Coordonnées
Démographie
Population
46 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
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Kallikrátis, en grec moderne : Καλλικράτης, est un petit village du dème de Sfakiá, dans le district régional de La Canée, en Crète, en Grèce. Il est situé sur le plateau de Kallikrátis, dans les montagnes Blanches, à une altitude de 750 m.

Selon la tradition, le village est nommé d'après le drongaire Manoússo Kallikráti, qui en mène une campagne pour renforcer la défense de Constantinople avec 5 navires et 1 500 volontaires crétois[1],[2]. Comme le rapporte Georges Sphrantzès, dans sa Chronique, ces volontaires occupaient trois tours sur les murailles de Constantinople et ont continué à se battre courageusement même après la chute de la ville. En reconnaissance de leur bravoure, le sultan Mehmed II leur a permis de rentrer en Crète, en toute sécurité, en conservant leurs armes.

Géographie[modifier | modifier le code]

La route de Κapsodásos à Kallikrátis.

Kallikratis est situé en dehors des sentiers touristiques et se compose de quatre quartiers très séparés qui sont dispersés sur un petit plateau dans les montagnes Blanches, avec une altitude moyenne de 750 m. L'accès se fait par Myriokefala, Así Goniá ou Ásfendos, ou par une route récemment goudronnée, avec plus de 25 virages serrés en épingle à cheveux, qui part de Κapsodásos et offre, au loin, une vue imprenable sur la plaine de Frangokastello et la mer de Crète méridionale.

Kallikrátis se trouve également sur le sentier européen E4. La gorge de Kallikratiano (c'est-à-dire celle de Kallikrátis) commence au sud-ouest du village et se termine dans le village de Patsianós, conservant d'importants habitats naturels. La gorge peut être traversée sur un chemin de 4 km. Avant 1900, Kallikrátis était un grand village avec plus de 130 familles. Aujourd'hui, seuls quelques dizaines d'habitants vivent encore dans le village et beaucoup de maisons sont désertes. Kallikrátis est presque inhabité pendant les mois les plus froids de l'année, car à cette époque, les bergers locaux se déplacent avec leurs troupeaux en transhumance vers le climat plus chaud des villages proches du rivage.

Histoire[modifier | modifier le code]

Kallikrátis n'a jamais vécu sous un régime étranger permanent et ses résidents ont une longue tradition de participation aux luttes nationales pour la liberté.

Guerres contre les Turcs ottomans[modifier | modifier le code]

En 1770, Kallikrátis est détruit lors de la révolution d'Orloff conduite par Daskaloyánnis, contre l'Empire ottoman. En 1821, un groupe de Sfakiens, dirigé par le natif de Kallikrátis, Georgios Demonakis (en grec moderne : Γεώργιος Δαιμονάκης), se bat avec Alexandre Ypsilántis, après sa traversée de la rivière Prout, pour déclencher une révolte en Roumanie. En , lors de la révolte de 1821, une partie de Kallikrátis est brûlée alors que beaucoup de ses habitants sont partis combattre les Turcs près de Réthymnon. En 1866, lors de la grande révolte crétoise, Kallikrátis est brûlé pour la troisième fois. L'année suivante (1867), les forces ottomanes, sous le commandement d'Omer Pacha, tentent sans succès d'envahir Sfakiá, à partir de Kallikrátis[3].

Lutte macédonienne[modifier | modifier le code]

Au début du XXe siècle, plusieurs Kallikrátiens prennent volontairement part à la lutte pour la Macédoine, entre 1904 et 1908, sous la direction d'Efthímios Kaoúdis (el), Geórgios Dikónymos, Emmanouíl Benís (el) et Lamprínos Vranás (el)[4],[5].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Pendant les premiers mois de l'occupation de la Crète par l'Axe, l'organisation de résistance AEAK s'est installée dans la maison du colonel Andreas Papadakis, située entre Kallikrátis et Así Goniá. Plus tard, la résistance exploite une station de radio cachée dans une grotte près de Kallikrátis.

En , en représailles pour avoir aidé les partisans opérant dans la région, le Jagdkommando de Friedrich Schubert, accompagné par les forces d'occupation allemandes, soumet le village à une punition collective. Une trentaine de civils sont exécutés[6] et une vingtaine d'autres sont emprisonnés. Les maisons sont pillées puis brûlées et les habitants restants sont expulsés[7].

En mémoire de ces événements, Kallikrátis est déclaré village martyr, le [8],[9].

Divers[modifier | modifier le code]

La famille de Kóstas Mountákis, l'un des plus célèbres artistes de musique crétoise, est originaire de Kallikrátis. Le , une soirée de musique crétoise, dédiée à sa mémoire, s'est tenue à Kallikrátis.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (el) George Panagiotakis, « Από τις παραλειπόμενες άγνωστες επετειακές σελίδες Κρήτης - Κωνσταντινούπολης Οι Κρητικοί και ο ρόλος τους στα γεγονότα » [« Des pages d'anniversaire inconnues omises de Crète - Istanbul Les Crétois et leur rôle dans les événements »], patris.gr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (el) George Panagiotakis, « Οι Κρήτες υπερασπιστές της Κωνσταντινούπολης » [« Les défenseurs crétois de Constantinople »], patris.gr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) A.F. Yule, A Little Light on Cretan Insurrection, Murray, , 146 p. (lire en ligne), p. 72-78.
  4. (el) Andréas Gyparákis, Κρήτες Μακεδονομάχοι 1903-1908 [« Macédoniens crétois 1903-1908 »], Athènes,‎ .
  5. (el) Giánnis Mántakas, Μακεδονικός Αγώνας 1903-1908 [« Lutte macédonienne 1903-1908 »], La Canée,‎ .
  6. (en) Antony Beevor, Crete : The Battle and the Resistance, John Murray Ltd, .
  7. (el) George A. Kalogerakis, « Τον Καλλικράτη καίουνε γερμανικά φουσάτα (8-11 Οκτωβρίου 1943) » [« Kallikrates est brûlé par l'occupation allemande (8-11 octobre 1943) »], PATRIS,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Décret présidentiel 29, ΦΕΚ Α 54/2.4.2019
  9. (el) « Επίσημα μαρτυρικό χωριό ο Καλλικράτης (φωτ.) » [« Kallikratis est un village martyr officiel (photo) »], Chaniotika Néa,‎ (lire en ligne, consulté le ).

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Liens externes[modifier | modifier le code]

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