Houlette (agriculture)

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Houlette sur un blason.
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La houlette et le crochet (ou crosse) sont les deux outils que l'on peut trouver à l'extrémité d'une longue canne, le fameux bâton symbolique du berger.

Le bâton de berger est un instrument autrefois utilisé par les bergers pour s'occuper de leurs troupeaux. Il est composé d'un long bâton souvent en bois avec un crochet assez serré à son bout. Ce bâton aussi appelé houlette permet au berger de saisir la patte arrière d'un animal méfiant, un mouton ou une chèvre le plus souvent, pour le ramener dans le troupeau ou encore l'amener à lui. Le bâton de berger est quelquefois terminé par une plaque en métal qui permettait aux bergers de creuser la terre, pour, par exemple, détacher des mottes de terre et les lancer aux animaux qui s'éloignaient du troupeau.

Ces deux types de bâtons de berger sont souvent représentés dans la peinture de la fin du Moyen Age jusqu’au XVIIIe siècle.

Fonctions

Osiris, Horus, Isis. Guide Baedeker 1885. Osiris tient le fouet-Nekhekh et la houlette-Heqa.
Lituus « augural » et « royal » sur l'envers d'une médaille romaine.

La houlette est utilisée par le berger qui garde ses moutons au pâturage. Pour ramener les bêtes qui s'écartent du troupeau, il peut jeter des pierres vers celles-ci, qui, apeurées, reviennent vers le groupe. La partie houlette (petit houe[1], plaque métallique fixée à l'extrémité du bâton et creusée en forme de gouttière, peut servir à ramasser, sans avoir à se baisser, une pierre ou une petite motte de terre arrachée au sol et à la lancer très loin et avec précision. La partie en crochet sert à saisir aisément le petit bétail, sans l'effrayer par son approche. La courbe du crochet et son écartement sont conçus pour permettre au berger de saisir une bête (brebis, bélier, agneau, chèvre, bouc, cabri) par la patte arrière, afin de lui administrer par exemple des soins.

Ce bâton facilite la marche du pastre et le soulage de sa station debout par appui du corps en avant, comme un trépied.

Le crochet permet au berger de se tenir à une plus grande distance de l'animal que s'il devait s'en saisir à la main. Cet outil est d'autant plus utile que les ovins et les caprins, même familiers, restent méfiants et ressentent la tension qui apparaît lorsque le berger forme le projet d'attraper un animal du troupeau. Les ovins sont des animaux peureux, sensibles au stress et n'ayant que la fuite comme défense. Ils fuient le danger immédiatement et sans retenue dans un premier temps, puis leur instinct grégaire les pousse à se regrouper aussitôt même si la cause du danger est toujours présente. Il s'ensuit un vrai mouvement de panique dans le troupeau, qu'un berger avisé évite par des gestes mesurés et une attitude calme lors de ses interventions.

Polysémie

Le Petit Robert donne pour définition de la houlette : « Bâton de berger, muni à son extrémité d'une plaque de fer en forme de gouttière servant à jeter des mottes de terre ou des pierres aux moutons qui s'éloignent du troupeau. »

Cette définition est parfois reprise. Il semble que la définition présentant la houlette comme le « bâton à crochet » est celle qui correspond au mieux à la réalité actuelle. Le gardiennage des troupeaux étant de moins en moins pratiqué en France, l'usage de la houlette disparait, même si l'appellation demeure.

Elle prend aussi racine dans une réalité très lointaine, puisque déjà le Pharaon, le jour de son sacre, recevait une houlette et un fléau, houlette dont l'image, retrouvée dans les écrits et l'iconographie de l'Égypte ancienne, correspond à celle du « bâton à crochet[2] ».

Les deux outils ont vraisemblablement traversé l'histoire.

Symbolique

Dalle de chevet de la Table des Marchand : un paradigme dans l'interprétation des crosses gravées sur ce mégalithe, qui voit celles-ci comme des bâtons de berger, est désormais remis en cause : elles seraient plutôt des bâtons de jet[3].

Iconographie néolithique

Le signe « crosse » dans le corpus européen de la Préhistoire récente peut avoir un sens ésotérique (insigne de pouvoir) ou un sens exotérique (bâton de berger, faucille, arme de jet par des chasseurs-cueilleurs) sans que l'iconographie soit explicite sur cette symbolique[3].

Iconographie royale

La crosse (héqa).

L’image métaphorique du roi menant son peuple se serait très vite substituée à celle du berger conduisant son troupeau, comme le montre le sceptre héqa, un des attributs du pharaon[4].

Iconographie pastorale

Astrée et Céladon tenant la houlette, dans le roman pastoral L'Astrée d'Honoré d'Urfé. Frontispice de l'édition de 1612.

La récupération du mot houlette et de l'objet par l'Église ne s'opère qu'au XIIIe siècle[5].

Dans l'iconographie pastorale, la houlette tient une place de choix, non seulement parce qu'elle fait partie de l'image emblématique du berger, mais aussi parce qu'elle se retrouve dans les représentations bibliques sous la forme de la crosse de l'évêque.

« Le Seigneur est mon berger » (Jn 10,1-18 & 27-30)

« Le bon pasteur connaît ses brebis, et ses brebis le connaissent » (Ez 34)

« Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ta houlette et ton bâton me rassurent. » (Livre 19. Psaume 23:4)

Chez les peuples du Moyen-Orient biblique, les rois étaient communément représentés comme pasteurs et leurs sceptres étaient des houlettes[6].

Calendrier républicain

Notes et références

  1. De l’ancien verbe houler (« jeter ») selon https://fr.wiktionary.org/w/index.php?title=houlette&oldid=23970670
  2. Fouet et houlette de Pharaon
  3. a et b Serge Cassen, « La crosse, point d’interrogation ? Poursuite de l’analyse d’un signe néolithique, notamment à Locmariaquer », L'Anthropologie, vol. 116, no 2,‎ , p. 171 (DOI 10.1016/j.anthro.2012.03.006)
  4. Serge Cassen, « La crosse, point d’interrogation ? Poursuite de l’analyse d’un signe néolithique, notamment à Locmariaquer », L'Anthropologie, vol. 116, no 2,‎ , p. 184 (DOI 10.1016/j.anthro.2012.03.006)
  5. (en) L.F. Salzman, « Some notes on shepherds’ staves », The Agricultural History review, no 5,‎ , p. 92
  6. Marie-Noëlle Thabut, « L'intelligence des écritures », Jérémie 23, 1 - 6, http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html consulté le 22 juillet 2012.
  7. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 26.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe