Histoire de Laval au XVIIe siècle

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L'histoire de Laval au XVIIe siècle

Corporations

Les fabricants et les tissiers ne sont pas les seuls à recevoir des règlements et des statuts. Chaque corporation[1] possèdent les siens.

L'imprimerie apparait à Laval en 1651.

Le retable lavallois

L'un des retables de la cathédrale de Laval.

Le retable lavallois est une forme particulière de retable à l'origine d'une école de renom. Les retables lavallois du XVIIe siècle sont parmi les plus remarquables et les plus originaux de France.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville de Laval a été un centre de création de retables très important, au point de donner naissance à une véritable école : les retabliers lavallois ont diffusé leur art dans tout l'Ouest de la France. Parmi cette école, on retrouve les noms de sculpteurs et d'architectes. Ils vont aussi participer à la construction du Palais de Parlement de Bretagne, les cathédrale de Rennes et de Nantes.

Pour Jacques Salbert, la prospérité à cette époque de l'industrie du lin et du chanvre dans la région de Laval et Vitré est à l'origine de la construction des retables lavallois. Les produits du commerce favorisent et soutiennent des fondations religieuses.

Troubles

Des troubles ralentissent l'essor économique en fin de XVIe siècle et au début du XVIIe siècle : séquelles des guerres de Religion, sursauts de la noblesse contre un absolutisme de plus en plus pesant.

Les règnes d'Henri IV et de Louis XIII est marqué par les maladies, les disettes et les malheurs qu'amènent les passages de troupes, celles du roi ou celles des rebelles :

  • Une épidémie régne à Laval, paralysant le commerce de 1606 à 1609. En 1608, l'ordre n'est pas encore rétabli autour de Laval malgré la pacification politique[5].
  • Pendant les années 1589, 1591, 1592, 1600, 1605, 1607, 1616 et 1612, la dysentrie sévit avec plus ou moins de violence. Au cours du mois d’, la maladie avait enlevé 109 personnes[6]. C'est en 1614 qu’on construisit pour les pestiférés, dans le cimetière d’Avesnières, la Basilique de Saint-Roch, qui était encore visible au XIXe siècle.

Des pillages sont signalés à Laval en 1616 exerçant tant d'inhumanités et de cruautés que le peuple est entièrement ruiné, et en 1619[7]

Louis XIII

Le [8], Louis XIII passe une nuit à Laval en revenant de Nantes.

Des épidémies s'abattent sur Laval, en 1626 d'abord, puis de 1633 à 1639[9]. La guerre de Trente Ans commença à fermer en partie les débouchés extérieurs de l'industrie du lin à Laval, entraînant sous-emploi et nervosité des habitants des villes soumis à des impôts croissants. Laval est le siège de deux séditions en 1628 et 1629.

Le , le Carrefour aux Toiles, dans lequel se tient alors le marché, est le théâtre d'une violente sédition[10]. Le comte de Laval a voulu faire percevoir une maltoste[11] de 8 sous par pièce de toile exposée. Le peuple se mutina. 4 000 personnes, hurlant et furieuses, vont assiéger la demeure du receveur des tailles[12], puis se portent vers celles de quatre des marqueurs de toilles, s'emparèrent d'eux et les maltraitent de telle sorte que deux des marqueurs succombent peu après de leurs blessures. Les cloches de la ville sonnent le tocsin pour appeler au secours la population des campagnes.

La Fronde

Lors de la Fronde, Laval se déclare d'abord pour le parlement : on monte de temps en temps la garde aux portes, pour en défendre l'entrée aux troupes royales qui ne songent pas à les franchir. Lorsque le roi vient assiéger Angers, on lui envoie comme députés François Marest, juge civil, Cazet de Grampont et Julien Martin, échevins, pour l'assurer de la soumission de la ville (1652).

La Trémoille

La princesse Émilie de Hesse-Cassel entre en ville en . Elle est l'épouse de Henri Charles de La Trémoille, fils de Henri III de La Trémoille. Henri Charles, est prince de Tarente et doit être le futur comte de Laval. On lui rend tous les honneurs d'une entrée solennelle et fastueuse[13]. Le prince et la princesse ne vivent pas à la cour comme les y aurait appelés leur haute naissance, le prince de Tarante et la princesse de Hesse en sont tenus éloignés par l'ardeur de leur protestantisme. Ils font leur demeure tantôt à Vitré, tantôt à Laval, tantôt à Thouars.

Récession de la fin du XVIIe siècle, et du début du XVIIIe siècle

Une émeute éclate en à propos de la gabelle, et met en colère le roi Louis XIV[14]. Elle vise à empêcher le départ d'une chaîne de faux sauniers vers les galères.

L'émeute est réprimée avec tant de rigueur que l'intendant Charles Le Jay est obligé d'implorer des adoucissements. Dans une lettre datée du , on peut voir que Jean-Baptiste Colbert indique à l'intendant de ne se servir qu'à la dernière extrémité des deux compagnies de cavalerie du duc d'Orléans qui sont dans la région. Le Jay indique que pour obtenir le pardon du roi les habitants de Laval doivent remettre aux gens du roi tous les faux-sauniers condamnés aux galères qui sont dans leur prison, ainsi que les deux principaux agitateurs désignés par un Arrêt du conseil.

Le , une pétition des maire, échevins et syndic de Laval, est envoyé à Colbert où ils exposent la triste situation de la ville grevée de dettes et accablée d'impôts de toute sorte.

La situation économique à la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle est particulièrement grave. Les conséquences sociales sont importantes. Leclerc du Flécheray dans son Mémoire en donne un témoignage.

Abjuration

Le prince Henri Charles de La Trémoille abjure le à Angers. Cette abjuration donne lieu à des festivités à Laval, pour le futur comte[16]. Le fils du prince de Tarente que son père souhaitent aussi voir abjurer, est ramené à Laval et confié aux soins du sieur de Villebourg, chanoine de Saint-Tugal. Le jeune duc de Thouars fait son abjuration le . Henri Charles en 1672, et c'est Louis Maurice de La Trémoille qui devient comte de Laval. Après Louis Maurice, le comté de Laval passe aux mains de Charles Belgique Hollande de La Trémoille.

Le premier acte de Charles Belgique Hollande de La Trémoille, duc de Thouars et comte de Laval, est l'avis favorable qu'il donna à une fondation projetée par les habitants de l’hôpital Saint-Louis de Laval.

Bibliographie

Notes et références

  1. La Beauluère, Corporations.
  2. À cette époque, les maîtres tanneurs de Laval et du Bourg-Hersent s'étaient plaints de ce que la confusion s'établissait entre les états divers des maîtres corroyeurs de cuirs, des maîtres cordonniers, des savetiers, des carreleurs de souliers. Le règlement de Tartroux avait rétabli l'ordre et remis chacun à sa place; mais on craignait qu'il ne tombât en désuétude, et pour le raviver on le faisait revêtir de la sanction royale. Un office de contrôleur et marqueur de cuirs, créé en 1596, fut rendu héréditaire en 1644. L'année précédente, en vertu d'un édit ordonnant la création de deux maîtrises jurées de chaque métier dans les villes, une seconde maîtrise de tannerie avait été ajoutée à celle qui existait précédemment.
  3. Ils devaient au prévôt de la ville la teste du plus gros saulmon qui estoit apporté après Noël et la plus belle alose ou lamproye après une pour la peine qu'il avait de venir percevoir la taxe. Le prévôt, son sergent et ses officiers se voyaient servir par les vendeurs de poissons secs pour l'eslalaige de Caresme, un dîner bon et honneste.. Aucun poisson ne pouvait être vendu qu'on n'eût appelé par trois fois le seigneur de Laval et celui de la Coconnière qui avaient droit d'acheter leur poisson les premiers.
  4. L'avocat ne devait se présenter à l'audience qu'en robe et en bonnet carré; l'entrée lui en était interdite quand il n'était pas revêtu des insignes de sa profession. En portant la parole, il devait s'abstenir envers la partie adverse de toute offense en paroles. Il paraît que dès ce temps-là certains orateurs trouvaient plus commode de répondre par des injures que par de bonnes raisons. Chacun des membres de l'association donnait vingt sous par an pour la messe que la communauté se faisait dire tous les dimanches à l'issue de la grand'messe. Les nouveaux reçus donnaient dix livres dans l'année de leur admission, pour le même objet et pour subvenir aux autres dépenses de la communauté.
  5. Une lettre de Duchemin de la Vauzelle, homme d'affaires des seigneurs de Laval, adressée à Madame de la Trémoille indique Et la licence de mal est tellement accrue, voire effrénée que du jour d'huy, il n'y a aucune s^reté de sortir de ville, car on ne voit et n'oit parler que de meurtres et voleries. in Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1886-1887, p. 125.
  6. On transportait à la Phelipotière, en Avesnières, les malades atteints de la contagion. Le champ qui servit de cimetière à cette époque a retenu le nom de Champ des morts
  7. « Histoire de Laval au XVIIe siècle », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), tome II, p. 570. L'abbé Angot indique que ce fut pis encore quand la reine se fut séparée complètement de la cour en 1619.
  8. Folio 98 recto du registre paroissiale de Saint-Vénérand : Le lundi premier de septembre et an que dessus arriva le tres honorable et tres chrestien Louis treizieme roy de France en la ville de Laval et y coucha seulement une nuit et alla vers laville du Mans revenant des états tenus en la ville de Nantes. Signé H. Lebreton prestre avec Monsieur son frère unique.
  9. « Histoire de Laval au XVIIe siècle », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), t. II, p. 570.
  10. Extrait du registre de René Duchemin, curé de l'église Saint-Vénérand
  11. Taxe extraordinaire.
  12. Nommé Gondry.
  13. Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval (818-1855), Imp. Godbert, , 608 p. [détail des éditions] (lire en ligne), p. 418-422.
  14. [1]
  15. L'essor démographique s'explique par un exode rural qui donnait aux paysans des chances plus grandes d'échapper à l'impôt sur les bas revenus.
  16. Le prince de Tarente devait hériter du comté. Les boutiques se fermèrent, des feux de joie sont allumés dans toutes les rues; toutes les fenêtres sont illuminées jusqu'à minuit. Le dimanche suivant, tous les corps ecclésiastiques, réunis à Saint-Tugal, chantent un Te Deum solennel, et une Charibaude est allumée sur la place publique par M. de Lucé, lieutenant pour le roi et capitaine du château. Le soir, les feux de joie brillent de nouveau dans tous les quartiers; les illuminations se répétent le 5, le 6 et le 7.