Gamma Sagittarii

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La désignation de Bayer Gamma Sagittarii (γ Sgr / γ Sagittarii) est partagée par deux systèmes d'étoiles de la constellation du Sagittaire :

Ils sont distants de 0,86° sur le fond du ciel et peuvent être séparés à l'œil nu.

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Alnasl est le nom propre de Gamma2 Sagittarii / γ2Sgr aujourd’hui approuvé par l’Union astronomique internationale (UAI)[1]. C’est l’arabe النصل al-Naṣl, « la Pointe [de la Flèche], qui figure dans le traité de al-Tīzīnī (1533)[2]. Thomas Hyde ne le transcrit pas mais Richard Allen (1899) le fait sous la forme Al Naṣl[3], probablement par le truchement Ludwig Ideler (1806) qui le signale sous al forme El-nasl[4].

Autres noms empruntés à l’astronomie arabe :

Zujj al Nushshaba. C’est l’arabe النشّابة زجّ Zuğğ al-Nuššāba, « le Fer de la Flèche », plus précisément la flèche de bois utilisée par les Persans. par Thomas Hyde (1665) le transcrit Zugj AlNushâba dans sa traduction du یجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437) par Thomas Hyde (1665)[5]. Puis Johann Elert Bode (1801) l’introduit dans les catalogues sous la forme Zudsch el-nûschaba[6], qui reprend exactement la transcription donnée par le philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796)[7]. C’est ensuite Richard Allen (1899) qui, en citant Thomas Hyde, mais en modifiant sa transcription sous la forme Zujj al Nushshabah[8], permet à ce nom de se répandre dans les catalogues des XXe et XXIe siècles.

Al Wazl. C’est l’arabe الوصل al-Waṣl, « la Liaison », signalée par Richard Allen (1899) [9], à partir de Simone Assemeni qui donne Alvassl[10], et c’est à partir de là que le nom circule dans les catalogues.

Alwarida Prima. Ce nom est l’arabe الواردة. Pour le saisir il faut voir que l’espace gréco-arabe de Sagittarius est occupé, dans le ciel arabe traditionnel, par une grande scène animalière nommée النعايم al-Naᶜā’im, « les Autruches », qui correspond à la XXe des manāzil al-qamar ou « stations lunaires »[11], et qui se répartit en deux groupes. L'un est الواردة النعايم al-Naᶜā’im al-Wārida, « les Autruches qui descendent boire » au Fleuve, en arabe النهر al-Nahar, qui est un des noms de la Voie lactée, tandis que l'autre est النعايم الصادرة al-Naᶜā’im al-Ṣādira, « les Autruches qui reviennent [de boire] ». Ces deux groupes sont articulés de part et d’autre de راحي النعايم Rāᶜī al-Naᶜā’im, « le Berger des Autruches ». Voir l’image intitulée « النعايم al-Naᶜā’im, la figure arabe des Autruches près de la voie lactée » dans la page consacrée à la constellation du Sagittaire.

On a donc الواردة النعايم al-Naᶜā’im al-Wārida, « les Autruches qui descendent [boire] » pour le groupe γηδε Sgr dans l’ordre normal des ascensions droites. Les étoiles de ce groupe sont individualisées dans des catalogues tardifs, notamment dans le traité de al-Tīzīnī (1533)[12]. L'étoile γ Sgr, a ainsi pour second nom اوّل الواردة Awwal al-Wārida, soit « la Première des [Autruches] qui reviennent [de boire] ». Le nom est transcrit Prima τῶν AlWârida par Thomas Hyde (1665)[13]. Puis Johann Elert Bode (1801) introduit ce nom dans les catalogues sous la forme El Waridah[14], exactement reprise de la transcription modifiée par le philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796)[15]. Richard Allen (1899) donne les noms que pour les deux groupes d’étoiles sans les individuliser [16]. C’est à partir de Bode que le nom apparaît sous la forme Waridah chez Harley Barlow Rumrill (1930)[17]. Mais le nom passe dans les catalogues contemporains à partir de la transcription Aoul al Waridah |i.e.] Prima τῶν al Warida’ Prima donnée par la présentation du traité de l’Égyptien Muḥammad al-Aḫsāsī l-Muwaqqit, Durrāt 'al-muḍiyya fī l-ᶜamal al-šamsiyya ou « Perles de brillance de l’activité solaire » par Edward Ball Knobel[18].


Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) IAU, « « Star Names », site « IAU », List of January 1st, 2021. »
  2. (fr) Muḥammad al-Tīzīnī l-Muwaqqit, « al-kawākib al-ṯābita ou Table des étoiles fixes », dans Roland Laffitte, Des noms arabes pour les étoiles. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 179.
  3. (en) Richard Hinkley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 357.
  4. (de) Ludwig Ideler, Historische Untersuchungen über die astronomischen Beobachtungen der Alten, Berlin : C. Quien, 1806, p. 185.
  5. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Commentarii, p. 41. »
  6. (la) Johann Elert Bode, 'Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissim astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. XV.
  7. (de) Friedrich Wilhelm Lach, « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 583. »
  8. Richard Hinkley Allen, Star-names..., op. cit., p. 357.
  9. Ibid., p. 358.
  10. (la) Simone Assemani, Globus coelestis arabico-cuficus Veliterni musei Borgiani, illustratus, praemissa de Arabum astronomia dissertatione, Patavii : typis semnarii, 1790, p. 155.
  11. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 198-203.
  12. (fr) Muḥammad al-Tīzīnī l-Muwaqqit, op. cit., p. 179.
  13. (la) Thomas Hyde, op. cit., p. 73.
  14. Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissim astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. XV.
  15. Friedrich Wilhelm Lach, op. cit., p. 583.
  16. Richard Hinkley Allen, op. cit., p. 355.
  17. Harley Barlow Rumrill, « Star Name Pronunciation », in Publications of the Astronomical Society of the Pacific, vol. 48, n° 283 (1936), p. 146.
  18. (en) Edward Ball Knobel, « On a Catalogue of Stars in the Calendarium of Mohammed Al Achsasi Al Mouakket », in Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. LV.8, June 1895, p. 435 »