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Feuille morte

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Sol jonché de feuilles mortes.

Une feuille morte est une feuille dont les cellules sont mortes. Cette expression désigne le plus souvent des feuilles d'arbres et de buissons qui, avec les débris végétaux (tiges, rameaux…) se décomposent pour former la litière.

Saisonnalité ou non

En climat tempéré les feuilles des arbres à feuilles caduques meurent à l'automne, en général avec un changement de couleur vers le jaune, le rouge brun ou le roux avant qu'elles ne tombent de leur branche. Les feuilles mortes des espèces d'arbres marcescents, comme les hêtres, tombent beaucoup plus tardivement, au printemps suivant.

En zone tropico-équatoriale, certaines espèces d'arbres perdent toutes leurs feuilles durant la saison sèche et non durant la saison froide.

En zone équatoriale, les feuilles mortes tombent toute l'année.

Botanique et écologie

Accumulation de feuilles mortes sur l'eau.
  • Sur les terres émergées, dans les zones humides et dans les cours d'eau, les feuilles mortes jouent un rôle très important dans le cycle de croissance de l'arbre, dans le cycle du carbone, celui de l'azote[1] et ceux de divers nutriments, à travers le réseau trophique), ainsi que pour la pédogenèse. En particulier elles alimentent certains vers de terre qui par leurs galeries et leur comportement homogénéisent, aèrent et enrichissent les sols[2],[3]. Ce rôle varie selon l'espèce végétale. Certaines feuilles sont plus facilement biodégradables par des communautés de bactéries, de champignons et d'invertébrés. L'humidité, le pH[4], la teneur de la feuille en certains composés[5], la microfaune de décomposeurs comme les diplopodes[6] et la microflore fongique et bactérienne présente dans l'environnement influent sur la vitesse de décomposition de la nécromasse foliaire qui s'accumule au sol, dans les creux.
  • Quand les feuilles mortes tombent dans une eau courante ou stagnante, elles sont de l'automne au printemps suivant une source d'oligoéléments et de divers composés[7] et parfois de polluants. Elles servent d'habitat et de support et elles alimentent des communautés de décomposeurs, bactéries et microchampignons aquatiques comme Chytridiomycota qui connaissent en eau douce un pic de croissance en hiver[8], puis de nombreux invertébrés[9], etc. et contribuer aux chaines alimentaires subaquatiques, y compris dans les grands fleuves[10], permanentes ou temporaires[11]. La teneur en certains toxiques (métaux lourds, polluants automobiles), mais aussi leur teneur en azote[12] influent sur la vitesse de décomposition des feuilles dans la litière, laquelle a de nombreuses interactions avec d'autres compartiments de l'écosystème[13].

Un cas particulier, de grande importance écologique, est celui des laisses de mer où peuvent s'accumuler des quantités importantes de feuilles de plantes à fleur aquatiques et marines (posidonies, zoostères…) dont la teneur en eau et en mucilages ralentit le phénomène de dessication[14],[15]. Ces litières contribuent à alimenter de nombreux organismes et microorganismes, ainsi qu'à fixer les plages ou certains pieds de dunes[16].

Intérêt pour la télédétection

En télédétection (ou dans l'observation d'un paysage), la couleur de la feuille morte encore présente sur les arbres à l'automne, voire en hiver pour certaines espèces dites marcescentes, peut parfois permettre d'identifier les essences en place, ou alerter sur des anomalies de mortalité ou de stress hydrique dans un massif boisé[17].

Utilisation

En plus de leur utilisation pour l'agriculture et le jardinage — paillis quand elles sont saines, compostage, préservation de la diversité biologique —, les feuilles mortes peuvent servir à des usages domestiques.

En Suisse, jusqu'au XXe siècle, les feuilles et aiguilles sont récoltées très largement dans les régions alpines pour le fourrage et la litière du bétail mais également pour le rembourrage des matelas[18]. Cette pratique est aujourd'hui rare.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Chergui, H., & Pattee, E. (1991). Dégradation des feuilles mortes allochtones dans le réseau de la Basse Moulouya, au Maroc. Acta oecologica:(1990), 12(4), 543-560.

Articles connexes

Notes et références

  1. Henry, E. (1902), Fixation de l'azote atmosphérique par les feuilles mortes en forêt. Ann. Sci. Agron, 3, 313-317.
  2. Zajonc, I. (1971). Participation des Lombrics (Lumbricidae) dans la libération des éléments minéraux des feuilles mortes d'une forêt de hêtres et de chênes. Organismes du Sol et Production Primaire Proc. 4th Int. Coll. Soil Zool., Ann. Zool.—Ecol. anim, 71(7), 387-395.
  3. Bouché, M. B. (1977). Stratégies lombriciennes. Ecological Bulletins, 122-132.
  4. Dangles, O., Gessner, M. O., Guerold, F., & Chauvet, E. (2004). Impacts of stream acidification on litter breakdown: implications for assessing ecosystem functioning. Journal of Applied Ecology, 41(2), 365-378.
  5. Chergui, H., Haddy, L., Markaoui, M., & Pattee, E. (1997). Impact des produits de lessivage de feuilles mortes sur la teneur en oxygène de l'eau et sur la survie d'un gastéropode. Acta Oecologica, 18(5), 531-542.
  6. DAVID, J. F. (1986). Influence de la durée du séjour dans la litière des feuilles mortes de chêne (Quercus petraea, Liebl.) sur leur consommation par le Diplopode Cylindroiulus nitidus (Verhoeff, 1891). Comptes rendus de l'Académie des sciences. Série 3, Sciences de la vie, 302(10), 379-381.
  7. Chergui, H., Haddy, L., Markaoui, M., & Pattee, E. (1997). Impact des produits de lessivage de feuilles mortes sur la teneur en oxygène de l'eau et sur la survie d'un gastéropode. Acta Oecologica, 18(5), 531-542.
  8. Nikolcheva, L. G., & Bärlocher, F. (2004). Taxon-specific fungal primers reveal unexpectedly high diversity during leaf decomposition in a stream. Mycological Progress, 3(1), 41-49
  9. Oertli, B. (1992). L'influence de trois substrats (Typha, Chara, feuilles mortes) d'un étang forestier sur la densité, la biomasse et la production des macroinvertébrés aquatiques (Doctoral dissertation).
  10. Pattee, E., Bornard, C., & Mourelatos, S. (1986). La décomposition des feuilles mortes dans le réseau fluvial du Rhône : influence du milieu et principaux agents responsables. Revue française des sciences de l'eau, 5(1), 45-74.
  11. Maamri, A., Chauvet, E., Chergui, H., Gourbiere, F., & Pattee, E. (1998). Microbial dynamics on decaying leaves in a temporary Moroccan river. I-Fungi. Archiv für Hydrobiologie, 144(1), 41-59.
  12. Aerts, R., Van Logtestlin, R., Van Staalduinen, M., & Toet, S.(1995). Nitrogen supply effects on productivity andpotential leaf litter decay ofCarexspecies from peatlandsdiffering limitation.Oecologia, 104, 447e453.
  13. Trémolières, M., & Carbiener, R. (1985). Quelques aspects des interactions entre litières forestières et écosystèmes aquatiques ou terrestres. Revue d'écologie, 40(4), 435-449.
  14. Augier, H., & Boudouresque, C. F. (1976). Végétation marine de l’île de Port-Cros (parc national). XIII documents pour la carte des peuplements benthiques. Trav Sci Parc Nation, Port-Cros, 2, 9-22.
  15. Jeudy de Grissac, A., & Audoly, G. (1985). Étude préliminaire des banquettes de feuilles mortes de Posidonia oceanica de la région de Marseille (France). Rapp. Comm. Int. Mer. Medit, 29(5).
  16. Diviacco, G., Tunesi, L., & Boudouresque, C. F. (2006). Feuilles mortes de Posidonia oceanica, plages et réensablement. Préservation et conservation des herbiers aPosidonia oceanica. Ramoge Publication, Paris, 61-69.
  17. Andrieu, B., Baret, F., Schellberg, J., & Rinderle, U. (1988, April). Estimation de spectres de feuilles à partir de mesures dans des bandes spectrales larges. In Spectral Signatures of Objects in Remote Sensing (Vol. 287, p. 351).
  18. « Histoire de l'utilisation de la forêt - WSL », sur www.wsl.ch (consulté le )