Discours sur les lamas

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Discours sur les lamas
Face sur laquelle est gravée la version en mandchou de l'édit en quatre langues (mandchou, chinois han, mongol et tibétain).
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Le Discours sur les lamas (chinois simplifié : 喇嘛说 ; chinois traditionnel : 喇嘛說 ; pinyin : lǎma shuō) est un édit de l'empereur mandchou Qianlong de 1792, organisant, par le tirage au sort dans l'urne d'or, le choix des pontifes mongols et tibétains[1].

Origines de l'édit[modifier | modifier le code]

L'empereur se méfie des clans et grandes familles (tibétaines comme mongoles). Il se déclare scandalisé par le fait que les grands pontifes soient toujours trouvés dans les mêmes familles et exprime son point de vue sur le sujet, dans un édit, le célèbre « Discours sur les lamas », inscrit sur la stèle quadrilingue du temple lamaïque Yonghe gong à Pékin.

Teneur de l'édit[modifier | modifier le code]

Par cet édit de 1792, l'empereur Qianlong affirme le patronage officiel de la dynastie Qing sur le bouddhisme tibétain de l'école géloug qui jouit d'une grande popularité parmi ses adeptes mongols.

Écrit en quatre langues (chinois, mandchou, mongol et tibétain), l'édit proclame que les Mandchous et de façon ultime Qianlong détiennent la souveraineté universelle et que la Cour reconnaît officiellement à la fois le dalaï-lama et le panchen lama.

Il proclame également que contrairement aux Mongols, les Mandchous n'ont jamais utilisé le terme de dishi (帝师, « précepteur impérial ») pour caractériser la relation entre l'Empereur et le pontife tibétain.

Cependant, le terme de guoshi (国师/國师, « enseignant du royaume ») est réservé à Lcang Skya, confident de l'empereur Qianlong, ainsi que haut lama représentant la cour des Qing dans les affaires tibétaines.

L'édit rejette toute prétention du pontife à une quelconque supériorité spirituelle sur l'Empereur et rétablit la hiérarchie entre pontife et patron.

Il déclare que la sélection des dalaï-lamas ne sera plus concentrée dans les mains de certains lignages mongols ou tibétains.

À la place, les noms des candidats à la réincarnation seront placés dans une urne d'or et le choix se fera lors d'une cérémonie publique par tirage au sort afin d'assurer la plus complète impartialité.

L'inscription proclame que Qianlong, en tant que dévot du bouddhisme tibétain et empereur, non seulement comprend ce bouddhisme mais qu'il a le droit de décider des changements qu'il apporte en tant qu'Empereur[1].

Les urnes d'or[modifier | modifier le code]

Il existe deux urnes d'or. La première, gardée au temple de Jokhang, servait à désigner le dalaï-lama et le panchen-lama, la seconde, gardée dans le temple de Yonghe à Pékin, servait à désigner le Bogdo Gegen[citation nécessaire] mongol, sous la responsabilité du bureau chargé des affaires des dépendances de l'empire (le Lifan yuan)[2],[3].

Conservation[modifier | modifier le code]

Selon Isabelle Charleux, la stèle du « Discours sur les lamas », théoriquement publique, est en fait presque illisible[4].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Qianlong Lama Shuo Pronouncement », sur lamas-and-emperors.wikischolars.columbia.edu, .
  2. (Foster 2008, p. 171)
  3. (Blondeau, Bueffetrille et Chayet 2002, p. 61) : « Mais dans le même temps, se méfiant des clans et des appétits des grandes familles (qu'elles fussent tibétaines ou mongoles), il se prononçait sur un point qui, en principe, aurait dû échapper à sa décision. Il se déclara scandalisé par le fait que les réincarnations des pontifes importants soient toujours trouvées dans les mêmes familles et exprima ses vues dans un long édit (stèle quadrilingue au Yonghe gong de Pékin), le célèbre « Discours sur les lamas » (Lama shuo). », « Au début de 1793, l'empereur décida donc qu'au Tibet les incarnations seraient désormais désignées par tirage au sort en présence du dalaï-lama ou du panchen-lama et des ambans. La même chose serait faite à l'égard de la Mongolie, sous la responsabilité du Bureau chargé des affaires des dépendances de l'empire (le Lifan Yuan). Une urne d'or fut à cet effet envoyée à Lhasa et une autre déposée au Yonghe gong de Pékin ».
  4. Isabelle Charleux, Patricia Berger, Empire of Emptiness: Buddhist Art and Political Authority in Qing China (compte-rendu), Arts Asiatiques, année 2005, 60, p.188-191.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Simon Foster, Adventure Guide China, Hunter, , 631 p. (ISBN 978-1-58843-641-2 et 1-58843-641-1, lire en ligne).
  • Anne-Marie Blondeau (dir.), Katia Buffetrille (dir.) et Anne Chayet, Le Tibet est-il chinois ?, (lire en ligne)
  • (zh) « 喇嘛说 », 中国西藏(中文版), no S1,‎
  • (zh) 周润年, « 北京雍和宫御制《喇嘛说》碑文校录考诠 », 西藏研究, no 3,‎ , p. 87-98 (présentation en ligne)
  • (en) Max Oidtmann, « Translation of the Qianlong Emperor’s Discourse on Lamas », dans Forging the Golden Urn: The Qing Empire and the Politics of Reincarnation in Tibet, Columbia University Press, coll. « Studies of the Weatherhead East Asian Institute, Columbia University », (ISBN 9780231545303, DOI 10.7312/oidt18406)

Articles connexes[modifier | modifier le code]