Croissant-Rouge arabe syrien

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Croissant-Rouge arabe syrien
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique Organisation non gouvernementale
But Aide humanitaire, enseignement du secourisme
Zone d’influence Drapeau de la Syrie Syrie
Fondation
Fondation
Identité
Siège Damas
Président Khaled Hboubati
Affiliation internationale Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Site web www.sarc.syVoir et modifier les données sur Wikidata

Le Croissant-Rouge arabe syrien (ou SARC, Syrien Red Arab Crescent) est une association d'aide humanitaire syrienne fondée en . Elle est l'une des 190 sociétés nationales du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Durant la Guerre civile syrienne, elle est très controversée : complètement sous le contrôle du régime syrien et de ses services secrets, elle n'opère que dans les zones tenues par le régime et est accusée de détourner l'aide humanitaire internationale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Croissant-Rouge arabe syrien a pour président d'honneur Bachar el-Assad. L'organisation est supervisée par le ministre d’État aux affaires du Croissant-Rouge[1].

Elle est d'abord présidée par Abd al-Rahman al-Attar, un grand homme d'affaires proche du régime syrien.

Le Croissant-Rouge arabe syrien intervient pendant la guerre civile syrienne, avec l'aide du Comité international. Lorsque des villes sont prises au régime par l'armée syrienne libre, le régime syrien dissout les branches locales et rappelle ses employés. Des médecins et volontaires sont également arrêtés par le régime. Elle est ensuite, de fait, presque exclusivement active dans les zones aux mains du régime syrien. Ce qui amène le développement localement d'autres organisations de secours, notamment les Casques blancs[1].

Lors des trêves entre le régime et une zone aux mains de l'opposition, les ambulances du Croissant-Rouge ont théoriquement le droit d'entrer dans cette zone, mais l'accord n'est en général pas obtenu[1].

En novembre 2017 puis en février 2018, pendant la bataille de la Ghouta orientale, l'organisation est autorisée par le régime à entrer dans l'enclave rebelle assiégée pour y distribuer de l'aide humanitaire et évacuer quelques malades et blessés. Une liste de 500 patients souffrant de maladies graves ou nécessitant des soins urgents ne pouvant être prodigués dans l'enclave assiégée avaient été établies par les médecins plusieurs mois auparavant[2].

Controverses[modifier | modifier le code]

Proximité avec le régime syrien[modifier | modifier le code]

Selon plusieurs observateurs et anciens bénévoles, le Croissant-Rouge Arabe syrien est étroitement affilié au régime syrien, et a de fortes connections avec les services de renseignements syriens[1],[3]. Les responsables sont nommés ou approuvés par le régime[4]. Au début de la révolution, le directeur est Adbel-Rahman al-Attar, rattaché à une branche des services de sécurité[1].

Selon le militant syrien Majd al-Dik, « l'organisation est entièrement placée sous la coupe des services de renseignement »[1]. Sous couvert de neutralité, ses membres se retrouvent alors paralysés, incapables d'agir et ne sont que rarement capables de fournir des secours en dehors des zones gouvernementales ou lors des massacres. Des ambulances sont notamment réquisitionnées par les agents de la sureté d’État, à bord desquelles ils montent pour tirer sur des civils[1].

Selon l'Union des organisations de secours et soins médicaux, 90% voire 95% de l'aide humanitaire envoyée au Croissant-Rouge arabe syrien est confisquée par le régime. Le CICR minimise ces chiffres, mais dit les prendre en compte, les allégations très au sérieux[5],[6].

Distribution d'aide humanitaire en dehors de la supervision de l'ONU[modifier | modifier le code]

Selon le Center for Strategic and International Studies et selon le Syria Justice and Accountability Centre le gouvernement syrien, en contraignant les agences d'aide internationales à œuvre par l'intermédiaire du Croissant-Rouge arabe syrien, a permis à l'organisation, affiliée au régime, de distribuer l'aide humanitaire en dehors de la supervision de l'ONU. Cette situation est unique : selon plusieurs hauts fonctionnaires de l'ONU, la Guerre civile syrienne est le premier conflit où les Nations unies autorisent une unique agence, affiliée à un gouvernement, à acheminer l'aide de l'ONU, qui plus est, sous escorte militaire[4],[7],[8].

Arrestation de bénévoles suspectés de soutenir l'opposition[modifier | modifier le code]

Des membres du Croissant-Rouge arabe syrien, plaidant pour une plus large distribution de l'aide humanitaire, ou suspectés de sympathie pour l'opposition, sont expulsés ou arrêtés. Plusieurs, y compris des bénévoles et des femmes, sont arrêtés, détenus et torturés pendant plusieurs mois, d'autres meurent sous la torture où sont portés disparus ; les membres de l'organisation sont sous la surveillance stricte des services de renseignement[4],[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Collectif, Syrie, le pays brûlé. Le livre noir des Assad (1970-2021), Seuil, , 847 p. (ISBN 978-2-02-150233-6), p. 231, 233, 444, 460, 461, 473
  2. Frédéric Joli, « Syrie : « Le CICR doit être autorisé à se rendre dans la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  3. (en) Sara Kayyali, « Rigging the System », Human Rights Watch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c (en) Natasha Hall, « Rescuing Aid in Syria », CSIS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Réseau de médecins syriens : 90% de l'aide au Croissant-Rouge à Damas confisqués », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  6. (en) « CORRECTED-Syria seizing foreign aid while patients die, medical NGO says », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Inside the Syrian Arab Red Crescent », sur Syria Justice & Accountability Centre, (consulté le )
  8. (ar) « الهلال الأحمر السوري... الواقع والالتزام بالمبادئ السبعة », sur جسور للدراسات (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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