Créolisation (concept)

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La créolisation désigne le processus qui en présence de plusieurs cultures en crée une nouvelle. Ce processus s'applique à la formation culturelle des Amériques. Édouard Glissant la généralise à toutes les rencontres de cultures. La créolisation est un processus irréversible.

Origine[modifier | modifier le code]

Le terme provient du mot criollo, du portugais crioulo. Ce terme désigne ce qui est né dans la colonie par opposition à ce qui vient d'Europe[1]. Le mot créole désigne aussi bien les noirs que les blancs né aux Caraïbes. Par la suite, le mot désigne la langue issue du contact des langues de colonisation avec des langues indigènes. Le créole est la langue parlée par les colons et les personnes esclavagisées[1].

La créolisation décrit ces phénomènes de métissage et de création linguistiques. Les esclaves ont-il reproduit leurs pratiques culturelles ? Les esclaves ont-ils pu créer d'autres pratiques indépendante de l'oppression et de l'esclavage ? La créolisation propose une troisième possibilité. La formation culturelle des Amériques s'est faite selon un processus de métissage des cultures en présence, pour en créer une nouvelle. Kamau Brathwaite de La Barbade, Rex Nettleford de la Jamaïque, les Américains Sidney Mintz, Richard Price et Édouard Glissant de la Martinique sont les principaux défenseurs de ce concept.

Pour Édouard Glissant, le processus est irréversible. Il n'y a pas de possibilité de retour en arrière. Il développe ce concept à travers trois œuvres Soleil de la conscience (1956), Poétique de la relation (1990) et Agi de Tout-Monde (1997)[2].

Utilisation en politique[modifier | modifier le code]

Le terme de créolisation a été utilisé par Jean-Luc Mélenchon pour répondre aux affirmations d' Éric Zemmour sur le manque d'assimilation des immigrés en France[3] durant l'émission Face à Baba de la campagne présidentielle de 2022.

Jean-Luc Mélenchon oppose ce qu'il appelle la créolisation à ce qu'Éric Zemmour appelle Grand Remplacement et Islamisation[4].

Selon l'extrême droite, la créolisation et le grand remplacement seraient deux noms données au même phénomène, celui du remplacement de la population française de souche par une population immigrée[5],[6].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant, Éloge de la Créolité, Paris, Gallimard, , 69 p. (ISBN 2-07-071613-9)
  • Robert Chaudenson, La créolisation  : théorie, applications, implications /, Paris, L'Harmattan, , 479 p. (ISBN 2-7475-5608-5)
  • Alain Ménil, Les voies de la créolisation : essai sur Édouard Glissant, Paris, L'Incidence, , 680 p. (ISBN 978-2-918193-11-1)
  • Baba Abraham Jatoe Kaleo, La différence conceptuelle entre la Négritude, l’Antillanité et la Créolité, European Scientific Journal, février de 2013, vol. 9, n.º 5, pp. 244-257.
  • Aliocha Wald Lasowski, Imaginaire et politique de la créolisation : Edouard Glissant et nous : conversation avec Valerio Adami...[et al.], La Tour-d'Aigue, Edition de l'Aube, , 369 p. (ISBN 978-2-8159-5558-4)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « La « créolisation » ou la créativité du métissage culturel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Jacques Coursil, “Le détour par la Négritude”, International Colloquium, New York University, Winter 2004.
  3. Vincent Bresson, « Qu'est-ce que la créolisation, nouvel étendard de Jean-Luc Mélenchon? », sur Slate.fr, (consulté le )
  4. « «Créolisation» ou «grand remplacement»: Mélenchon et Zemmour s'affrontent », sur Le Figaro, (consulté le )
  5. Gabriel Robin et Causeur.fr, « «Créolisation» ou «grand remplacement»? », sur Causeur, (consulté le )
  6. « Du grand remplacement à la créolisation », sur Génération Z (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]