Cheval au Turkménistan

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Cheval au Turkménistan
Image illustrative de l’article Cheval au Turkménistan
Parade équestre au Turkménistan célébrant le jour de l'indépendance

Espèce Cheval
Races élevées Akhal-Téké, Jomud

Le cheval au Turkménistan est le symbole du pays. Interdit sous le régime communiste, l'élevage de chevaux est désormais élevé au rang de fierté nationale. Le Turkménistan a adopté sa race de chevaux patrimoniale, l'Akhal-Teke, comme emblème sur ses armoiries.

Histoire[modifier | modifier le code]

Longtemps, les Turkmènes ont vécu du pillage des caravanes marchandes parcourant la route de la soie[1]. Dans les années 1930, la collectivisation des terres décidée par le régime communiste russe interdit l'élevage privé et donc la possession de chevaux. Il s'agit vraisemblablement d'une vengeance contre les turkmènes, car avant la révolution russe, un régiment de cavalerie turkmène avait écrasé plusieurs révoltes révolutionnaires pour le Tsar[2]. La race Akhal-Téké est mal considérée par les autorités russes, qui la jugent dégingandée et indisciplinée, et en découragent l'élevage[3]. La dissolution des régiments de cavalerie dans les années 1970 manque être fatale à l'élevage turkmène, car les chevaux sont envoyés massivement à l'abattoir[4].

En 1993, Saparmyrat Nyýazow, alors président du Turkménistan, offre un cheval de race Akhal-Teke à François Mitterrand, président de la France[5]. La dissimulation de l'animal donne lieu à l'« affaire Gend Jim », du nom de ce cheval. Jean-Louis Gouraud a alerté la presse quotidienne pour retrouver l'animal. Cette affaire a beaucoup contribué à la notoriété de la race Akhal-Téké en France[6]

En , le président du Turkménistan Gourbangouly Berdymouhamedov participe à une course quand son cheval Berkarar s'écroule sous lui, à quelques mètres de l'arrivée, sans le blesser[7]. La mésaventure est passée sous silence par les médias turkmènes, qui pratiquent la censure[7]. Les téléphones portables des spectateurs de l'hippodrome sont contrôlés à l'aéroport d'Achgabat, ce qui n'empêche pas une vidéo de la chute d'être diffusée sur internet, où elle devient virale[7]. Comme son prédécesseur, Gourbangouly Berdymouhamedov a mis en place un très important culte de la personnalité[8]. Passionné par les chevaux turkmènes, il a écrit un livre sur le sujet[8]. Il a aussi fait réaliser une statue équestre de lui en or et en marbre, et s'est octroyé en 2015 le titre honorifique d'« éleveur national »[8].

Élevage[modifier | modifier le code]

Cheval turkmène dans un haras

Le Turkménistan est surtout connu pour l'élevage de la race Akhal-Teke, le plus célèbre cheval local, sacralisé par les habitants. Jean-Louis Gouraud cite Marie Danilovna Tcherkezova, qui a sauvé cette race de la disparition et en disait que « c'est un cheval qu'on a envie de vouvoyer »[9]. L'autre race chevaline turkmène, le Jomud, est moins élégante et moins connue[10].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Les Turkmènes vouent un véritable culte à leur race de chevaux nationale, l'Akhal-Téké[9]. Ils ont érigé cette race de chevaux au statut de symbole de la république, et d'ancêtre de tous les chevaux de sang[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gouraud 2005, p. 107.
  2. Gouraud 2005, p. 104.
  3. Gouraud 2005, p. 105.
  4. Gouraud 2005, p. 106.
  5. Gouraud 2005, p. 129.
  6. Gouraud 2005, p. 128.
  7. a b et c « Turkménistan : le président tombe de cheval, la vidéo galope », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c Benoît Vitkine, « Le dictateur turkmène très à cheval sur le culte de la personnalité », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b Gouraud 2005, p. 102-103.
  10. André Kamev, Le Turkménistan, Paris, Karthala Éditions, coll. « Méridiens », , 196 p. (ISBN 2-84586-632-1 et 9782845866324, lire en ligne), p. 18-19.
  11. Ferret 2009, p. 63.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Ânborisov 1987] (ru) V. R. Ânborisov, « Perspektivy razvitiâ turkmenskogo konevodstva [Les perspectives de développement de l’élevage turkmène du cheval] », Kul’tura ètnosa i ètničeskaâ istoriâ: kratkoe soderžanie dokladov naučnyh sessii « Sovetskaâ Ètnografiâ za 70 let: itogi, napravleniâ, perspektivy », Leningrad, Nauka,‎ , p. 35-36
  • [Annanepesov 1985] (ru) A. M. Annanepesov, « Konevodstvo u Turkmen i vyzov porodistyh skakunov v XIX v. [L’élevage du cheval chez les Turkmènes et l’exportation de coursiers de race au XIXe s.] », Izvestiâ AN TSSR, seriâ obŝestvennyh nauk n° 6, Achkhabad,‎ , p. 36-40.
  • [Ferret 2009] Carole Ferret (préf. Jean-Pierre Digard, postface Jean-Louis Gouraud), Une civilisation du cheval : Les usages de l'équidé de la steppe à la taïga, Paris, Belin, , 350 p. (ISBN 978-2-7011-4819-9)
  • [Gouraud 2005] Jean-Louis Gouraud, L'Asie centrale, centre du monde (du cheval), Paris, Belin, , 207 p. (ISBN 2-7011-4185-0)
  • [Karaev 1979] (ru) P. Karaev, Turkmenskie koni [Les chevaux turkmènes], Achkhabad, Turkmenistan,
  • [Meserve 1990] (en) Ruth I. Meserve, « Some remarks on the Turkmen horse », dans Aspects of Altaic Civilization III. Proceedings of the Thirtieth Meeting of the Permanent International Altaistic Conference, Bloomington, Indiana University, Research Institute for Inner Asian Studies, , p. 127-141.
  • [Szuppe 1996] Maria Szuppe, « En quête de chevaux turkmènes. Le journal de voyage de Mîr ‘Izzatullâh de Delhi à Boukhara en 1812-1813 », Cahiers d’Asie centrale, nos 1-2,‎ , p. 91-111.